A quoi s'attendre en tant que client?
Migros licencie pour offrir des meilleurs prix: un pari réaliste?

Démantèlement des entreprises industrielles, ventes de marchés spécialisés, concentration sur l'activité principale... Blick vous dit tout des projets de restructuration du détaillant Migros – et comment ces changements vont impacter les consommateurs. Analyse.
Publié: 19.06.2024 à 12:03 heures
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Dernière mise à jour: 19.06.2024 à 12:08 heures
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Ulrich Rotzinger

L'heure de vérité a sonné pour des milliers de collaborateurs Migros: mardi, le géant orange a annoncé la suppression de 415 emplois pour se réorganiser et devenir plus efficace.

La M-Industrie, groupe industriel de Migros, est le gros poisson de l'empire du détaillant suisse. Des groupes comme Micarna, Elsa et Mibelle – au total plus de 200 sites de production en Suisse – assurent l'approvisionnement des supermarchés Migros en marques propres classiques. Viande, produits laitiers, produits de boulangerie et nettoyage... jusqu'au téléphone portable. Les produits doivent être à la hauteur des fabricants d'articles de marque en termes de prix et de qualité. Mais ces derniers temps, ces derniers n'ont pas toujours réussi à remplir cette exigence.

La guerre des prix est déclarée

Au fil des années, Migros semble s'être dispersée. «Nous devons aussi nous séparer des activités qui se sont développées de manière sauvage», déclarait le chef de Migros Mario Irminger dans une interview accordée à Blick en novembre dernier. «Notre industrie doit redevenir rentable et retrouver sa compétitivité.» Et c'est désormais Matthias Wunderlin, anciennement à bord du cabinet de conseil McKinsey & Company, qui se chargera des coupes nécessaires à la place du patron.

Migros veut se réorganiser: le géant orange procède à des transformations importantes. (Image symbolique)
Photo: KEYSTONE
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Ce cabinet, connu pour ses mesures impitoyables, participe à la restructuration de Migros. Jusqu'à récemment, Matthias Wunderlin était responsable de la transformation de l'activité supermarchés dans l'organisation de la nouvelle Migros Supermarché SA pour début 2024. Il y a un peu plus de six mois, Mario Irminger lui a confié le poste de chef de M-Industrie.

L'industrie du café et du chocolat en première ligne

La nouvelle recrue est ainsi responsable d'un chiffre d'affaires de 6 milliards de francs et de 13'225 collaborateurs (ndlr: chiffres datant de fin 2023) et chargé de la réorganisation des entreprises industrielles. Ses tâches comprennent également la vente actuelle du groupe Mibelle, qui compte 1615 employés et 9 entreprises de production.

La réorientation de l'industrie touche un secteur en particulier: la filiale de café et de chocolat Delica et ses marques Royal, CoffeeB et Frey prennent tarif: 119 licenciements y sont prononcés. Une équipe d'innovation du secteur café a été dissoute. L'entreprise de transformation du lait Elsa se voit privée de 45 emplois à la suite des fermetures d'usines à Rothenthurm (SZ) et Brunnen (SZ). La centrale de Migros Industrie SA à Zurich quant à elle biffe 65 emplois.

La plus grande transformation de l'histoire de Migros

Le géant du commerce de détail est en train de procéder à la plus grande transformation de son histoire centenaire. Pas moins de 1500 collaborateurs à l'échelle du groupe devraient perdre leur emploi dans le cadre de cette réorganisation, a confirmé Migros mardi. Les 150 premiers licenciements de Supermarché SA, prononcés il y a quelques semaines, en font partie.

L'objectif de cette saignée? Mettre fin aux doublons et à l'inefficacité entre l'industrie, les marchés spécialisés, les dix coopératives régionales et la centrale Migros. Focus, focus, focus, bâchait alors Mario Irminger à propos de l'activité principale avec les supermarchés. Et en prime, reprendre les parts de marché perdues au profit des discounters Aldi et Lidl, mais aussi de son rival Coop.

Il s'agit avant tout pour Migros de redevenir plus attractif en termes de prix, même si les mesures nécessaires pour y arriver provoquent un tollé dans la population. Mario Irminger suit ici une ligne claire – sans se laisser déconcentrer.

Le développement durable n'est plus la priorité absolue... car trop cher

Migros ne veut plus être considérée à tout prix comme le «détaillant le plus durable du monde». Car pour beaucoup, le développement durable signifie aussi des prix plus élevés: «Le développement durable aura moins de place dans le marketing classique, nous y mettrons plutôt davantage en avant nos avantages en termes de prix», déclarait Christopher Rohrer dans le Sonntagsblick.

Le directeur du développement durable du groupe Migros estime que Migros s'est «dispersée» par le passé en matière de développement durable. Désormais, «tout doit venir d'une seule source». Le détaillant n'abandonne toutefois pas ses objectifs de développement durable, «mais nous n'investissons plus inutilement des millions pour obtenir des applaudissements pour des mesures populaires mais peu efficaces», précise Christopher Rohrer.

Il n'en demeure pas moins que les coupes de Migros dérangent – notamment l'abandon de sa filiale de voyage Hotelplan. Les marchés spécialisés comme SportX, Bike World, Micasa et Do it + Garden devront également passer en de nouvelles mains. L'avenir des magasins de bricolage Obi n'est pas encore clair.

Media Markt prend les rennes de Melectronics

Autre changement: Melectronics n'a plus sa place dans la nouvelle Migros. Mais le groupe a trouvé un acheteur pour la chaîne d'électronique grand public: Media Markt reprend 20 des 37 sites isolés et continuera à les gérer. Les magasins qui ne seront pas repris fermeront au plus tard d'ici novembre 2024.

La vente de Melectronics fera perdre à 100 collaborateurs de magasins leur emploi. Par ailleurs, 50 autres employés de la société Migros-Fachmarkt AG, à laquelle appartient Melectronics, seront également licenciés. Un plan social a été mis en place, lequel a été salué par les syndicats.

Quant à la nouvelle série de suppressions d'emplois annoncée mardi par Migros, soit 515 au total, elle suscite de vives critiques de la part d'Unia: «Migros devrait investir davantage dans ses employés plutôt que de gaspiller des millions pour McKinsey.» Il est grand temps de mettre un terme à l'ambiance déplorable qui règne entre les murs du géant orange.

À quoi doit s'attendre la clientèle?

Que reste-t-il au bout du compte? Une fois que tous les licenciements et les ventes des filiales et des magasins spécialisés auront été effectués, l'effectif du plus grand employeur privé de Suisse baissera de 9230 personnes pour passer sous la barre des 90'000 collaborateurs.

La transformation de Migros avance – et avec, les promesses faites aux clients: une activité principale plus attrayante, des prix plus attractifs et un assortiment varié pour tous les budgets. Il faudra toutefois attendre quelques années pour voir si Migros aura réussi son pari de manière durable.

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