Aide humanitaire à Gaza
Des anciennes conseillères fédérales font pression sur Cassis

La décision du Conseil fédéral de ne pas débloquer la contribution suisse à l'organisation d'aide aux Palestiniens de l'ONU pour le moment suscite de nombreuses critiques. D'anciennes conseillères fédérales lancent un appel.
Publié: 30.04.2024 à 11:14 heures
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Dernière mise à jour: 30.04.2024 à 11:18 heures
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Lea Hartmann

Ils ne peuvent pas rester les bras croisés pendant que Berne tergiverse. Plus de 250 personnes se sont adressées ce lundi au ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis et à l'ensemble du Conseil fédéral par une missive d'une page. Elles y demandent aux sept sages d'agir immédiatement dans le conflit israélo-palestinien et de verser la contribution suisse à l'UNRWA, l'agence d'aide aux Palestiniens de l'ONU.

Parmi ceux qui font pression, on trouve des noms connus. L'ancienne ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a signé l'appel, tout comme l'ancienne conseillère fédérale et collègue de parti, Ruth Dreifuss, l'ancienne procureure en chef suisse Carla Del Ponte ou encore Jean Ziegler, expert de longue date des droits de l'homme à l'ONU.

La Suisse doit agir de toute urgence

La semaine dernière, le Conseil fédéral a décidé de retenir encore les quelque 20 millions de francs qui doivent être versés à l'UNRWA. Il prendra une décision finale sur le sujet ultérieurement. La raison? Israël reproche à l'UNRWA de collaborer avec l'organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza. Selon une enquête indépendante mandatée par l'ONU, il n'existe aucune preuve à ce sujet. Mais le Conseil fédéral a justifié sa décision par le fait qu'il souhaitait d'abord étudier un rapport d'experts avant de décider de la procédure à suivre.

L'ancienne ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a signé un appel demandant au Conseil fédéral de reconsidérer sa position sur sa contribution à l'UNRWA.
Photo: Keystone
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En attendant, la population palestinienne a urgemment besoin du soutien de la Suisse, peut-on lire dans l'appel au gouvernement. «La situation humanitaire à Gaza est dramatique.» Seule l'UNRWA serait actuellement en mesure d'apporter une aide substantielle en raison de son expérience sur place et de ses structures existantes.

Qui est derrière l'appel?

Une douzaine de personnes privées sont à l'origine de cette lettre, dont Alain Bittar, directeur d'une association de promotion des cultures arabes et méditerranéennes en Suisse, Riccardo Bocco, professeur émérite au Graduate Institute de Genève, et Stephan Stadler, ancien expert en blanchiment d'argent à l'Autorité des marchés financiers. «Nous sommes des citoyens qui s'inquiètent du fait que la Suisse se distancie depuis un certain temps de ses obligations humanitaires», explique Alain Bittar à Blick.

L'annonce a été publiée dans cinq quotidiens. Les presque 100'000 francs de frais que cela a engendré ont été réunis uniquement grâce aux dons de particuliers, précise Alain Bittar.

Des voix s'élèvent contre l'UNRWA

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International Suisse demande également au Conseil fédéral et au Parlement de reconsidérer la décision de l'UNRWA. Lundi, elle a remis à Berne une pétition de plus de 45'000 signatures. Elle y appelle en outre la Suisse à s'engager en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Amnesty reproche aux parlementaires de droite de se laisser instrumentaliser par des groupes d'intérêts pro-israéliens qui veulent déstabiliser l'UNRWA. Selon la «NZZ», les politiciennes et politiciennes du Conseil national en charge des Affaires étrangères recevront lundi le directeur de l'organisation UN Watch, Hillel Neuer.

Ceci après que la Commission de politique extérieure du Conseil national a auditionné le directeur de l'UNRWA: le Suisse Philippe Lazzarini. Hillel Neuer est considéré comme l'un des critiques les plus virulents de l'organisation d'aide aux Palestiniens, son objectif étant sa dissolution. Des organisations comme Amnesty mettent également en garde contre cette éventualité, compte tenu du sort réservé à la population civile.

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