Augmentation de 3% par an jusqu'en 2026
Amherd et Keller-Sutter s'opposent sur la question des dépenses militaires

Le bras de fer concernant les dépenses de l'armée se poursuit. Et il oppose en première ligne les ministres des Finances, Karin Keller-Sutter, et de la Défense, Viola Amherd.
Publié: 10.05.2023 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 10.05.2023 à 06:46 heures
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Ruedi Studer

Le conflit en Ukraine a provoqué un changement de stratégie en matière de politique de sécurité en Suisse. Si l'on en croit le Parlement, les dépenses de l'armée devraient augmenter progressivement jusqu'à atteindre 1% du produit intérieur brut d'ici à 2030. Mais le Conseil fédéral ne le voit pas de cet œil: selon lui, tout cela peut encore attendre 2035.

Les dépenses de l'armée sont l'objet de nombreux désaccords à Berne. Le conflit le plus rude oppose la ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, et la ministre de la Défense, Viola Amherd. Les positions de chacune sont claires: Keller-Sutter pose un regard de trésorière sur le sujet et compte les sous de la caisse fédérale. Amherd, en revanche, veut fournir rapidement à l'armée suffisamment de matériel.

Un question de timing pour Keller-Sutter

Selon Karin Keller-Sutter, l'heure n'est pas aux dépenses, d'où sa volonté de mettre la pédale douce. C'est ce que montrent les documents que Blick a pu consulter en vertu de la loi sur la transparence.

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Photo: Keystone
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À l'origine, le budget de l'armée devait augmenter de 7% par an jusqu'en 2028 afin d'atteindre l'objectif fixé par le Parlement. Mais pour réduire le trou financier dans la caisse fédérale, le Département des finances a freiné les dépenses et a exigé une concertation préalable. Initialement estimés à 5,9 milliards de francs, le budget 2024 ne serait plus que de 5,6 milliards de francs. Et il devrait augmenter plus lentement les années suivantes. «Pour les dépenses de l'armée 2025-2028, on part sur une croissance annuelle de 3%», a proposé Karin Keller-Sutter.

Amherd a marqué sa résistance

Au lieu d'environ 8 milliards, l'armée ne disposerait plus que de 6,6 milliards de francs en 2028. Au total, le manque pour l'armée se chiffrerait à 4,2 milliards de francs pour les cinq prochaines années. Une somme énorme.

La réaction de la centriste Viola Amherd ne s'est pas fait attendre. Le chef des finances du Département fédéral de la défense (DDPS), Urs Marti, s'est également montré réticent quant au ralentissement des dépenses militaires. Il précise que «le DDPS propose une croissance annuelle de 6,4% à partir de 2027 au lieu de 3%».

Le Conseil fédéral a finalement tranché. Certes, les dépenses de l'armée n'augmenteront que de 3% par an jusqu'en 2026. Mais ensuite, on appuiera à nouveau sur l'accélérateur.

Plus de 6% par an à partir de 2027

L'administration des finances le confirme également à Blick: «Les dépenses de l'armée augmenteront nettement plus à partir de 2027, avec plus de 6% par an.» C'est ce qui serait nécessaire, du point de vue actuel, pour que les dépenses de l'armée atteignent 1% du PIB en 2035. Pour les années 2025 à 2028, le gouvernement a en outre fixé un plafond de 26 milliards de francs au maximum.

Le fait que le rythme soit à nouveau plus soutenu à partir de 2027 réjouit le conseiller aux États UDC Werner Salzmann. «C'est un signal positif», déclare le président de la Commission de la politique de sécurité. Il préférerait toutefois que l'armée reçoive nettement plus d'argent avant cette date.

«L'armée a besoin de 50 milliards de francs»

Selon Werner Salzmann, l'armée suisse doit rattraper son retard. «D'ici à 2040, l'armée a besoin de 50 milliards de francs pour l'armement – 40 milliards pour les systèmes des troupes au sol et 10 milliards pour les munitions.»

Le conseiller aux États plaide pour un changement plus rapide. «Sans investissements suffisants, nous ne pourrons pas combler les lacunes qui existent déjà aujourd'hui», affirme-t-il.

Le plan d'austérité du Conseil fédéral est fragile. Werner Salzmann s'attend à ce que les dépenses de l'armée fassent à nouveau l'objet de discussions controversées lors du débat sur le budget au Parlement à la fin de l'année. «Il est tout à fait envisageable qu'une augmentation plus importante devienne un sujet de discussion», anticipe le Bernois.

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