Chronique de Benjamin Décosterd
Heureusement, Paléo c’est fini!

Sixième et dernière chronique Paléo de Benjamin Décosterd. À force de parler de lui à la troisième personne en préambule, il est devenu impuissant à l’endroit de ses textes: il n’arrive plus à les introduire.
Publié: 24.07.2023 à 09:32 heures
|
Dernière mise à jour: 24.07.2023 à 12:38 heures
Benjamin Décosterd

Dernier jour, je vous préviens, je suis en roue libre. Malgré un samedi soir relativement sage, j’ai la tête de plus en plus lourde au réveil: je ne savais pas que le vide pesait autant.

En parlant de vide, je suis allé à la conférence de presse de clôture du festival. Pas grand chose à se mettre sous la dent (juste quelques chips). D’ailleurs, vous êtes plutôt nature ou paprika? Et le thé froid de la Migros, vous êtes pêche ou citron? #Meme!

Oups, désolé, quelques restes de mon passage de chroniqueur chez «Watson».

Heureusement, Paléo c’est fini!

Journalistiquement parlant, je crois que cette conférence de presse consistait à reprendre le communiqué de presse d’ouverture de festival, mettre les verbes au passé et ajouter des «réussi» ou «satisfait» toutes les deux lignes.

Ah… Cette capacité à s’auto-sucer sans transpirer: on se serait cru devant des contorsionnistes au Cirque du soleil. Et en même temps, l’équipe du festival a raison, c’est un succès.

Heureusement pour moi d’ailleurs, parce qu’une chronique méchante sur Paléo, c’est quand même plus sexy qu’une chronique méchante sur le FestiZik de Lussy-sur-Morges.

Contrairement aux humains, avec les événements, on peut rire des gros. C’est pour cette raison qu’on a taxé cette chronique d’être plein de choses, mais pas d’être grossophobe.

Là, j’aurais bien aimé enchaîner avec une pique grossophobe, mais subtile, pour provoquer un peu. Mais j’ai la flemme. (Et puis c’est pas une pique qu’il aurait fallu, mais une broche.)

Daniel Rossellat, fondateur du festival, a embrayé sur une des raisons de cette réussite: un public transgénérationnel. Et oui, j’ai choisi un mot qui commence par trans, histoire de compenser le paragraphe précédent et sauver mon âme #Karma 🔮 #Mindfullness ✨ #SoulHealing 🙏🏽.

Certes, j’irai en enfer, mais je suis préparé: j’ai pris le train de 2h43 pour rentrer du festival l’autre jour. Pour ce dimanche, va falloir innover parce que j’ai plus la patience.

C’est fou tous ces gens qui ont envie de parler à des inconnus. Et si ce n’est pas votre cas, il faut surtout ne rien dire. Parce que si tu parles à des inconnus dans le train, ceux qui te répondent, c’est le genre de bienheureux qui parlent à des inconnus dans le train.

Ma stratégie: tronche d’enterrement-écouteurs. À cet égard, je tiens à remercier les inventeurs du mode anti-bruit, qui permet aux gens d’être moins agressifs.

Si les AirPods Pro avaient existé en 39, on se serait peut-être évité une guerre mondiale et quelques cours d’Histoire à l’école.

Bref, aujourd’hui ils sont indispensables parce que les gens qui rentrent dans le même train, c’est aussi ceux qui étaient juste devant vous au concert, à vous cacher la vue en filmant mal la scène. C’est aussi ceux qui criaient «BAAAAMBOUUUULÉÉÉ», mais en marchant hyper lentement juste devant vous, quand vous êtes pressés d’aller aux toilettes.

Comme si on était à Paléo pour flâner…

À part à la Ruche. Là, on flâne. Pour celles et ceux d’entre vous qui n’y sont jamais allés, d’après le site du festival, c'est «un jardin secret où fleurissent les plus belles fantaisies des Arts du Cirque et de la Rue». En gros, les hippies à sarouel. Désolé, c’est un cliché: les hippies à sarouel et à pieds nus.

Mais la Ruche a eu le mérite d’accueillir le (chouette et drôle) spectacle de Marc Prépus, qui impressionne les enfants, tout en faisant rire les parents. Bon, j’ai pas fait long après le spectacle, donc impossible de vous en dire plus sur la Ruche. Mais je crois que c’est comme le reste du festival: on peut payer avec le sans contact, mais je ne sais pas si on utilise de l’argent ou de l’empathie.

Au niveau programmation musicale, j’ai eu le temps d’aller entrécouter (c’est entrapercevoir, mais avec les oreilles) le concert d’Aliose. Pas de regret parce que je les ai vus toute la semaine dans l’espace presse et les médias (plus de 15 interviews). Cela dit, c’est normal de profiter de la présence d’Aliose puisqu’ils ne devraient pas revenir avant trois ans, le temps de faire passer Stephan Eicher et Phanee de Pool.

Et puis rien d’autre. Plus la patience! Je vous l’ai écrit il y a environ 2158 caractères. Bref, je croyais que c’était seulement les bonnes choses qui avaient une fin. Mais cette chronique aussi doit s’arrêter (les choses excellentes ont donc également une fin).

Il y a du rab’ de plein de textes et chroniques radio/télé par ici, si ça vous intéresse: j’allais quand même pas partir sans glisser une carte de visite.

Merci d’avoir lu. Merci de vous être énervés et d’avoir excité les algorithmes. Merci de m’avoir écrit pour me dire merci (par contre, arrêtez de suggérer des vannes, c’est gênant). Merci à Blick pour la confiance. J’ai bossé avec une super équipe de professionnels (ainsi qu’Antoine Hürlimann et Michel Jeanneret).

Merci aux autres médias et à leurs vrais journalistes de ne pas faire de vrai journalisme pendant Paléo: je me sens plus intégré.

Merci à deux personnes qui m’ont particulièrement soutenu et toléré cette semaine, même à distance: ma femme et ma mère. Merci à ma psy de ne pas s’arrêter sur ce remerciement groupé à ma mère et ma femme lors de notre prochaine séance.

Le mandat était d’être méchant, j’aurais presque réussi à tenir jusqu’au bout. Dans la vie, je suis pas comme ça: je bosse moins et je me plains encore plus.

Finalement, merci à Paléo de me forcer à mettre un point final à mon article maintenant: les feux d’artifice commencent. Et ils commencent déjà à me casser les oreilles.

(Ça aurait été dommage de finir sur le mot couilles.)

Moi qui porte un bob mais au deuxième degré, alors ça va.
Photo: Benjamin Décosterd
1/10
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la