Effet «nocebo»
Les effets secondaires du vaccin Covid sont-ils en partie imaginaires?

Selon une étude, une grande partie des réactions ressenties lors des vaccinations contre le Covid pourrait être due à ce que l'on appelle l'effet «nocebo».
Publié: 21.01.2022 à 06:09 heures
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Dernière mise à jour: 21.01.2022 à 07:26 heures
Sermîn Faki et Sarah Frattaroli

Maux de tête, frissons, fatigue - voici quelques-uns des effets secondaires typiques après l'administration du vaccin contre le coronavirus. Dans une nouvelle étude, des chercheurs américains de l'université de Harvard avancent désormais que deux tiers de ces effets secondaires ne seraient pas dus au vaccin!

En médecine, l'effet placebo et l'effet nocebo sont bien connus. Lorsqu'un patient a des attentes positives, l'efficacité d'une substance peut sembler renforcée, et ce alors même qu'il n'y a pas d'effets physiologiques. C'est ce que l'on appelle l'effet placebo.

Inversement, dans le cas de l'effet nocebo, l'attente de conséquences négatives provoque une impression d'effets indésirables. Lire la notice d'un médicament, par exemple, conduit certaines personnes a ressentir les douleurs ou troubles mentionnés.

Maux de tête ou fatigue: des volontaires ont rapporté ces effets secondaires après avoir été vaccinés par le vaccin contre le Covid.
Photo: Getty Images/iStockphoto
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Des effets secondaires malgré une vaccination fictive

Pour l'étude parue dans la revue spécialisée «Jama Network Open«, des chercheurs ont analysé douze études cliniques traitant de différents vaccins contre le Covid-19. Selon eux, plus de 45'000 participants ont rapporté des effets secondaires liés au vaccin. Cependant, 22'802 d'entre-eux avaient reçu une préparation factice, une solution saline inoffensive. Seuls 22'578 patients avaient reçu une dose de vaccin.

Cela signifie que 76% des participants qui ont rapporté des réactions après la première dose de vaccin et 52% après la deuxième dose n'ont pas réellement été affecté par des effets secondaires. Ces chiffres sont dus à l'effet nocebo.

Après la première dose, 35% des personnes ayant reçu le vaccin factice ont signalé des réactions tels que maux de tête ou fatigue, contre 46% des vaccinés. Après la deuxième dose, 32% des non-vaccinés signalaient des effets indésirable, contre 61% des personnes ayant reçu le vrai vaccin.

Les chercheurs demandent une meilleure information

Les scientifiques estiment que ces chiffres pourraient s'expliquer par la quantité d'informations sur les effets secondaires du vaccin. «Il existe des preuves que ce type d'information peut amener les gens à attribuer, à tort, des sensations causées par la vaccination, ou déclencher des inquiétudes et de la nervosité qui rendent les gens hypersensibles à d'éventuels effets secondaires», a déclaré Ted Kaptchuk de la Harvard Medical School.

Les chercheurs recommandent de mieux informer la population sur ce point. Ils espèrent ainsi que davantage de personnes se feront vacciner, car la peur des effets secondaires disparaîtra. Les scientifiques estiment que le nombre relativement faible d'études analysées et leur grande hétérogénéité constituent des limites à leurs résultats.

Même le prix joue un rôle

Les chercheurs ont étudié à de nombreuses reprises les conséquences de l'effet nocebo. Il y a quelques années, des scientifiques de la clinique universitaire allemande de Hambourg-Eppendorf ont rapporté que le prix des médicaments a également un impact.

Les experts ont expliqué aux volontaires que les effets secondaires d'une préparation administrée comprenaient une augmentation de la sensation de douleur. Ceux qui pensaient avoir pris un médicament cher ont ressenti plus de douleur que les autres après avoir pris le faux médicament.

Les chercheurs avancent l'hypothèse que la présence d'attentes, créées dans le cortex pré-frontal, influence le traitement des stimuli douloureux dans des régions plus profondes du système nerveux, ainsi que ceux de moelle épinière.

Un effet puissant

Aux Etats-Unis, un cas célèbre a montré la puissance de l'effet nocebo: en 2007, des scientifiques réunis autour du psychiatre Roy Reeves de l'université du Mississippi ont publié dans la revue spécialisée «General Hospital Psychiatry» un rapport sur un jeune homme qui participait à une étude sur des antidépresseurs et qui voulait se suicider avec les psychotropes qui lui avaient été remis.

Sa tension artérielle est tombée si bas que le jeune homme de 26 ans s'est rendu aux urgences. Mais les médecins ont alors constaté que l'homme faisait partie de la moitié des participants à l'étude qui avaient reçu un faux médicament. Lorsque l'homme en a été informé, les symptômes ont rapidement disparu.

(Adaptation par Jessica Chautems et Alexandre Cudré)

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