Elle dévoile le budget serré de son ménage
A l'image de la classe moyenne, cette famille bernoise doit se serrer la ceinture

Assurance maladie, électricité, loyer: la vie en Suisse est de plus en plus chère. Qu'est-ce que cela signifie pour la classe moyenne? Une famille bernoise donne un aperçu du budget serré de son ménage.
Publié: 01.10.2023 à 06:00 heures
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Dernière mise à jour: 01.10.2023 à 10:33 heures
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Pascal Tischhauser

«Nous sommes des enfants Migros, balance ironiquement Paul Z.*. Des enfants d'action Migros, pour être précis». Son foyer doit faire très attention aux dépenses. Et cela n'ira pas en s'améliorant étant donné l'augmentation constante des primes d'assurance maladie, des frais d'électricité et de nombreux autres frais courants. Paul Z* a accepté de donner à Blick un aperçu du budget de son ménage dans l'anonymat. Un témoignage de la situation tendue dans laquelle la classe moyenne tombe progressivement. 

Paul Z. a la quarantaine et est marié. Il habite dans les environs de la ville de Berne et travaille à la Poste. Sa femme, elle aussi quarantenaire, travaille à 50% aux CFF. Le couple a deux enfants: une fille de 17 ans en formation et un fils de 14 ans, encore à l'école.

Moins de 100 francs de réserve à la fin du mois

Ensemble, les deux touchent un salaire total de 7850 francs nets. S'y ajoutent des allocations familiales d'un montant total de 580 francs (plus quelques suppléments suivant le service). Seul bémol: les allocations familiales ne sont pas régulières. Et sans elles, il reste au couple à peine 65 francs à la fin du mois! «Nous sommes extrêmement économes – enfin surtout ma femme», explique Paul Z. Mais si par chance il reste une fois 400 francs à la fin du mois grâce aux suppléments, «c'est beaucoup», dit le Bernois. «Et c'est très rarement le cas».

Il reste moins de 100 francs à la famille Z. à la fin du mois. Et, ce, sans compter les imprévus.
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Le seul petit luxe que la famille Z. s'est offert est son appartement. L'opportunité d'y emménager s'est présentée quand les enfants étaient encore petits. Il coûtait certes 150 francs de plus que leur ancien appartement, mais les 80 mètres carrés de pelouse qu'il incluait ont séduit le couple. «C'était bien sûr génial pour les deux enfants. Et oui, depuis peu, j'ai un barbecue!» Les amis et la famille se sont cotisés pour réaliser le rêve de Paul Z. à l'occasion de son anniversaire.

L'employé de la Poste part du principe que son loyer ne sera pas plus cher l'année prochaine. Après tout, malgré la baisse du taux d'intérêt de référence, il n'a jamais insisté sur une réduction de loyer ces dernières années. Mais il n'est pas certain qu'il n'y aura pas d'augmentation.

1000 francs dédiés à l'assurance maladie

Dans tous les cas, le kilowattheure d'électricité augmentera de près de 2 centimes dans la ville de Paul Z. Pour la famille, cela représente des frais annuels supplémentaires de 75 francs. La famille Z. avait déjà dû faire face à une augmentation de 12 centimes du prix de l'électricité pour l'année en cours.

Et les primes d'assurance maladie augmentent également. Celle-ci coûte à la famille de quatre personnes actuellement près de 1000 francs par mois, assurances complémentaires comprises. Rien que les assurances de base coûtent 805 francs. Désormais, les primes de base coûteront 873 francs auprès de la même caisse maladie. L'augmentation correspond donc à l'augmentation moyenne de 8,3% dans le canton de Berne. Rien que les 68 francs mensuels supplémentaires pour l'assurance de base représentent plus que ce qui reste normalement à la famille de classe moyenne de Paul à la fin du mois.

La famille Z. est mieux lotie que bien d'autres familles, avec son revenu brut du ménage de plus de 100'000 francs. Pourtant, elle devra quand même limiter ses dépenses l'année prochaine.

Une année sur deux à l'étranger seulement

Mais où le couple Z. parvient-il à économiser? Sur le budget dédié aux vacances? Alors que d'autres familles partent chaque été pour deux semaines à la mer et peut-être même pour des vacances de ski en hiver, la famille bernoise doit se contenter d'une seule semaine de vacances par an. En outre, elle ne part à l'étranger que tous les deux ans. «C'est tout simplement impossible de faire plus», explique Paul Z., qui se rendra bientôt dans les Grisons. «Grâce à nos relations, nous pouvons y profiter d'un appartement de vacances à un prix très avantageux. Et, j'ai presque honte car ces quelques jours de vacances sont possibles pour nous grâce à un coup de pouce financier de notre belle-mère.»

La famille Z. espère qu'il y aura pleine compensation du renchérissement de la vie et éventuellement encore une petite augmentation réelle des salaires. Avec un peu de chance, leur bailleur sera indulgent et n'augmentera pas le loyer. Dans le cas contraire, les Z. devront probablement faire des coupes dans le budget dédié aux imprévus et aux cadeaux. Un témoignage peu réjouissant pour la classe moyenne.

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