Enfants au privé ou au public?
La ministre de l'Éducation au cœur de la première crise du gouvernement français

La toute nouvelle ministre de l'Éducation française est déjà sous le coup d'une polémique. Chargée de l'école publique par Gabriel Attal, elle a pourtant placé ses enfants dans le privé. Devant les médias, elle aurait aussi menti sur la raison de ce fait.
Publié: 15.01.2024 à 16:37 heures
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Léo MichoudJournaliste Blick

Elle vient d'être chargée de l'organisation des Jeux olympiques de Paris. Pourtant, c'est sur son ministère de l'Éducation et dans une dimension très personnelle qu'Amélie Oudéa-Castera est attaquée, pour ce qui constitue la première crise du tout nouveau gouvernement d'Emmanuel Macron.

Quatre jours seulement après sa nomination par Gabriel Attal, les oppositions demandent déjà sa démission. La ministre de l'Éducation et des Sports est accusée de «mensonges» sur la scolarisation de ses enfants, à la suite d'un article de «Libération».

Oudéa-Castera en a eu marre

Tout juste arrivée à son poste, l'ancienne tenniswoman, chargée de l'École publique, avait dû se justifier de l'inscription de ses fils dans une prestigieuse école privée parisienne. L'école Stanislas, pour ne pas la nommer. La faute à «des paquets d'heures pas sérieusement remplacées» dans l'enseignement public, avait-elle expliqué, en exprimant sa «frustration» et en affirmant en avoir «eu marre, comme des centaines de milliers de familles».

Chargée des Jeux Olympiques, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra vient d'ajouter l'Éducation à ses tâches, pour un résultat déjà critiqué.
Photo: Keystone/Michel Euler
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Ses propos ont été mal reçus par les syndicats d'enseignants, certains les qualifiant de «lunaires». Leur critique? La ministre est là pour résoudre les problèmes d'effectifs du système éducatif public, pas s'en prévaloir.

Démission demandée pour ce «mensonge»

De plus, son explication apparait inexacte, a-t-on appris dimanche dans les colonnes de «Libération». Le quotidien de gauche a donné la parole à l'ancienne institutrice d'un des enfants de la ministre. La pédagogue a expliqué ce choix du privé par une volonté de faire sauter une classe, sans lien avec le non-remplacement d'enseignants. «Un mensonge qui la disqualifie», a estimé sur la radio franceinfo Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise (LFI).

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«Les jours passent et les mensonges s'accumulent», a aussi réagi le patron du Parti communiste Fabien Roussel dans un message sur X. «Il est temps de démissionner», concluait-il. Pareil pour la députée écologiste Sandrine Rousseau: «Il faut partir maintenant Madame», a-t-elle écrit sur le même réseau social.

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À l'extrême droite de l'échiquier politique, le député Rassemblement national (RN) Julien Odoul s'est également élevé contre ces «ministres qui mentent allègrement comme Amélie Oudéa-Castéra», jugeant qu'elle est déjà «discréditée» et «qu'elle devrait partir». Interrogée, la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot a botté en touche sur France inter: «Je ne sais pas si elle a menti, je dis simplement qu'elle a expliqué pourquoi son fils a été scolarisé dans le privé.»

La fin des «attaques personnelles»

La nouvelle ministre de l'Éducation avait déjà tenté samedi de rassurer les enseignants du secteur public, en affirmant qu'elle serait «toujours à leur côté» et disant «regretter» d'avoir «pu blesser» certains d'entre eux. Lundi, elle a demandé de «clore ce chapitre des attaques personnelles» à son encontre, dans l'espoir d'éteindre la polémique.

La nomination de cette ministre des Sports à un ministère élargi comprenant l'Éducation, la Jeunesse, les Sports et les JO de Paris 2024 avait déjà fait craindre à certains syndicalistes qu'elle soit une «ministre à mi-temps» pour s'occuper de l'enseignement.

C'est dans ce contexte que la ministre, surnommée «AOC», devait commencer à rencontrer les syndicats de l'enseignement lundi pour évoquer les priorités de son ministère. L'absentéisme et les remplacements seront sans doute en tête de liste. Cette prise de contact est déjà sous la menace de grèves annoncées pour le 25 janvier et le 1er février.

Nouveau souffle ou essoufflement rapide?

Cette polémique contrarie les plans de l'exécutif, moins d'une semaine après un remaniement censé lui donner un nouveau souffle incarné par Gabriel Attal, 34 ans et plus jeune premier ministre de la Vème république. D'autant plus qu'Attal, ancien titulaire de l'Éducation, a assuré qu'il serait le «garant» de la «priorité absolue» accordée à l'école.

L'affaire est aussi un caillou dans la chaussure du chef de l'État Emmanuel Macron, qui considère que l'éducation «fait partie du domaine réservé du président». Le président français doit préciser mardi soir lors d'une conférence de presse comment il entend mener à bien le «réarmement» du pays, qui pourrait passer par des annonces dans ce domaine.

(Avec AFP)

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