Fact-checking Covid
10 questions légitimes sur les vaccins (et leurs réponses)

Pour beaucoup d’entre nous, il devient difficile de démêler le vrai du faux: c’est normal, un brouhaha entoure la campagne de vaccination contre le Covid en Suisse. Blick a rassemblé les interrogations qui reviennent le plus et y apporte des réponses.
Publié: 02.08.2021 à 16:34 heures
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Dernière mise à jour: 03.08.2021 à 10:28 heures
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Amit JuillardJournaliste Blick

La campagne de vaccination piétine en Suisse, où un peu moins de 48% de la population est entièrement vaccinée. Une troisième vague menace. Dans le brouhaha ambiant des réseaux sociaux autour des vaccins, les infos et les intox s’entrechoquent. A tel point qu’il devient difficile de démêler le vrai du faux. Des questions légitimes et des craintes surgissent.

Dix reviennent encore et encore dans les discussions. Comment ces vaccins ont-ils pu être développés si rapidement? Les vaccins sont-ils vraiment encore en phase de test? Quels sont leurs effets à long terme? Sont-ils vraiment efficaces? Pourquoi y a-t-il toujours davantage de vaccinés parmi les nouveaux cas Covid? Les vaccins à ARN messager modifient-ils le génome humain? Les vaccins créent-ils de nouveaux variants plus dangereux? Contiennent-ils des nanoparticules qui se désintègrent mal dans le corps? Peuvent-ils me rendre infertile? Ou magnétique? Et puis, la question bonus: pourquoi se faire vacciner alors que les personnes à risque sont déjà protégées?

Pour y répondre, Blick s’est appuyé sur le travail sérieux de nombreux autres médias et sur les analyses de multiples scientifiques, avant de soumettre son analyse au virologue Didier Trono. Fin juin, ce professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) avait déjà dialogué avec un jeune migrant lausannois méfiant face au vaccin dans nos colonnes. 1,2,3: scrollez!

1. «C’est impossible de développer un vaccin aussi vite»

Pour comprendre comment les vaccins anti-Covid à ARN messager (ARNm) – comme ceux de Moderna et Pfizer/BioNTech, les deux seuls utilisés en Suisse – ont pu être développés rapidement, il faut s’intéresser à l’histoire de cette technologie, comme l’a fait le quotidien français «Le Dauphiné libéré».

Le premier vaccin à ARNm a été injecté à l’être humain pour la première fois il y a 18 ans. Mais la saga dure depuis… 50 ans. 1961: trois chercheurs de l’Institut Pasteur mettent en évidence l’existence dans le corps humain de l’ARNm (l’acide ribonucléique messager). C’est lui qui indique à nos cellules de produire les protéines dont notre organisme a besoin pour fonctionner, explique «Le Courrier international» (article traduit de «The Atlantic»). Jacques Monod, François Jacob et André Lwoff recevront le prix Nobel de médecine pour leur découverte en 1965.

Saut dans le temps. 1989: une société basée à San Diego, en Californie, réussit à insérer de l’ARN messager dans des nanoparticules de graisse comparables à celles de nos cellules, raconte «Le Dauphiné libéré». Objectif: le protéger pour qu’il ne se détruise pas lors de l’injection. Les années qui suivent sont semées d’embûches. L’ARNm n’est pas si facile à protéger et son administration provoque de violentes réactions inflammatoires.

C’est finalement en 2003 que l’ARNm est injecté pour la première fois à un être humain à Tübingen, en Allemagne. Résultat du travail d’un groupe de chercheurs, qui collaborait avec la clinique de dermatologie locale et CureVac, société biopharmaceutique. Steve Pascolo, immunologue français, aujourd’hui à l’Hôpital universitaire de Zurich, en faisait partie.

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Le principe révolutionnaire de ce type vaccin: il ne consiste pas à administrer de la matière virale, mais de petits acides ribonucléiques (appelés ARN) contenant une copie du code génétique d’une protéine du virus. Ces ARN ne proviennent donc pas du virus, mais sont synthétiques. Ils ordonnent ensuite à nos cellules de produire une protéine ressemblant à celle présente à la surface du virus. Résultat, le système immunitaire va reconnaître ladite protéine et produire des anticorps.

Prochaine étape en 2005. La biochimiste hongroise Katalin Karikò, qui a consacré sa vie à la recherche sur l’ARNm dans son pays d’origine et aux Etats-Unis, et l’immunologue Drew Weissmann trouvent la solution au problème des réactions inflammatoires.

Mobilisation mondiale des chercheurs

Et puis, les financements manquent, les recherches balbutient mais se poursuivent. Deux PME s’accrochent: Moderna aux Etats-Unis et BioNTech en Allemagne. Viennent les premiers cas de coronavirus en Chine, fin 2019. En Allemagne, le couple à la tête de la PME BioNTech voit la pandémie arriver et met tous ses moyens sur l’ARNm, trouvant en Pfizer un partenaire capable de produire et distribuer un vaccin.

Le 11 janvier 2020, les autorités chinoises diffusent la séquence génétique du coronavirus. En deux jours — oui, en 48 heures — Moderna tient la recette son vaccin. «Le vaccin a été fait en deux jours, sur ordinateur, sans jamais avoir le virus, détaille Stéphane Bancel, directeur de Moderna, dans «Libération». C’est ça qui est extraordinaire: avec notre technologie, nous n’avons pas besoin des cellules du virus pour travailler, ni de passer des mois en usine avant de démarrer des essais cliniques.»

Outre cette technologie connue depuis 30 ans, d’autres raisons expliquent aussi la rapidité avec laquelle les vaccins ont pu être produits et mis sur le marché, selon Philippe Amouyel, du Centre hospitalier universitaire de Lille, en France, interrogé par «La Voix du Nord». Premièrement, développe le spécialiste en santé publique, il y a eu une mobilisation mondiale des chercheurs et les Etats ont injecté de l’argent dans les laboratoires. Deuxièmement, les phases administratives pour la mise sur le marché ont été accélérées, passant de deux à trois ans au minimum à quelques semaines.

Autour de 4 milliards de doses ont été administrées dans le monde depuis: du jamais-vu qu’importe le produit selon «Le Dauphiné libéré». Les effets secondaires graves sont extrêmement rares et les vaccins de Moderna et Pfizer/BioNTech sont efficaces et protégeraient même du variant Delta, plus contagieux que la source originale du virus. En Suisse, au 23 juillet 2021, il y avait 1’537 déclarations d’effets secondaires graves pour 8,5 millions de doses injectées, selon un rapport de Swissmedic, autorité fédérale d’autorisation et de surveillance des produits thérapeutiques.

2. «Ces vaccins expérimentaux sont encore en phase de test»

L’argument est a priori massue et légitime: «Les vaccins contre le Covid sont encore en phase 3 de test, je vais attendre avant de tendre l’épaule pour me faire piquer». C’est vrai, techniquement, les essais cliniques des vaccins autorisés en Suisse sont toujours en phase 3. Les laboratoires pharmaceutiques ne s’en cachent pas. Selon le site clinicaltrials.gov, qui répertorie les études cliniques dans le monde, cette phase devrait se terminer le 27 octobre 2022 pour le Moderna et le 2 mai 2023 pour le Pfizer/BioNTech.

Mais il y a un «mais»: en réalité, les tests de sécurité — menés sur des dizaines de milliers de volontaires — et la phase 3 traditionnelle des essais cliniques sont bel et bien terminés, comme le relèvent de nombreux médias sérieux, dont «LCI», «Franceinfo» et la «RTBF». C’est à la fin de ces essais que Moderna et Pfizer ont pu communiquer l’efficacité de leur produit – plus de 90% – et que les autorités les ont autorisés.

Si les laboratoires pharmaceutiques continuent de suivre les volontaires de la phase 3, c’est notamment pour mesurer la durée de la protection offerte par les vaccins et s’il faudra une troisième ou une quatrième dose, comme l’explique Hélène Rossinot, médiatique médecin française de santé publique sur son compte Twitter. «Pas d’inquiétude, nous ne sommes pas des cobayes», conclut-elle. Dans le même temps, les autorités surveillent et répertorient tous les effets secondaires, comme pour n’importe quel médicament.

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3. «On manque de recul sur les vaccins, on ne connaît pas leurs effets à long terme»

Comme le souligne «Le Temps», tous les experts s’accordent: les effets secondaires apparaissent dans les trois à quatre mois après le vaccin. Avec autour de quatre milliards de doses injectées dans le monde depuis un an, d’éventuels effets secondaires à long terme seraient donc déjà connus. Nous avons donc suffisamment de recul: «On ne va plus apprendre grand-chose sur la sécurité des vaccins à ARNm chez les adultes», confirme Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de vaccinologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), interrogée par le quotidien romand.

Et, en réalité, le recul sur les vaccins à ARNm est bien plus grand qu’on ne pourrait le croire. Dans le cadre de la recherche sur le cancer, «la vaccination à ARN messager est testée chez l’humain depuis le début des années 2000», explique la virologue française Anne Goffard dans «La Voix du Nord», quotidien hexagonal. A l’époque, l’idée était de tester la vaccination à titre thérapeutique: injecter l’ARNm à des malades du cancer pour stimuler leur système immunitaire.

«Pas de raison de penser qu’il y aura des effets à long terme»

«On a […] fait des essais in vitro, sur différentes familles d’animaux et chez les humains avec différents groupes de populations, suivis pendant plusieurs années après les essais, développe celle qui enseigne aussi à l’Université de Lille. Cela nous a permis de voir qu’il n’y avait pas d’effets sur la fertilité, ni n’entraînait de maladies auto-immunes à long terme, ni de cancer.»

Sur la chaîne française «LCI» le 25 juillet, le Professeur Rémi Salomon, président de la Commission médicale d’établissement de l’APHP, centre universitaire parisien, se voulait également rassurant: «Il n’y a pas de raison de penser qu’il y aura des effets à long terme. La seule trace qui reste (de l'ARN messager, ndlr.), ce sont vos globules blancs qui ont été éduqués».

4. «Les personnes immunisées transmettent le virus comme les non vaccinées»

Le vaccin contre le Covid-19 diminue drastiquement le risque de transmission, mais ne permet pas de l’écarter complètement. Selon une étude récente de l’Institut Pasteur, une personne non vaccinée a cependant douze fois plus de chances de contaminer son entourage qu’une personne vaccinée. Comme le relate «Le Temps», d’autres études cliniques ont montré que les vaccins sont également efficaces à 90% contre les infections asymptomatiques.

Cependant, le variant Delta pourrait entraîner une charge virale 1’000 fois plus élevée que la souche originale du virus. Conséquence, les autorités américaines recommandent à nouveau le port du masque pour les personnes vaccinées en lieu clos. «La charge virale des personnes infectées par le variant Delta est comparable à celles des vaccinés, dans les rares cas où ils tombent eux aussi malades», a déclaré Rochelle Walensky, directrice de l’agence de santé publique américaine (Centers for Disease Control and Prevention), en conférence de presse.

Mais cela ne veut pas dire que le vaccin ne freine pas la transmission, insiste le «HuffPost» français. Le site d’information image avec un exemple: un soir, quinze personnes font la noce sans gestes barrières. Le lendemain, cinq d’entre elles sont malades du Covid-19. Mais si les quinze avaient été vaccinées, en moyenne il n’y aurait qu’un seul malade.

5. «Le vaccin ne protège pas: il y a toujours davantage de vaccinés parmi les nouveaux cas de Covid»

Fin juin, l’ancien directeur général du ministère de la Santé israélien Gabi Barbash lâchait: «40% des nouveaux cas sont des personnes vaccinées». Mais les vaccins ne sont pas inutiles ou dangereux pour autant. Explication. En Israël, 85% des adultes sont vaccinés. C’était donc à prévoir, selon les épidémiologistes: logiquement et statistiquement, plus une population est vaccinée, plus le nombre de vaccinés parmi les nouveaux cas augmente.

Le schéma ci-après décrit clairement le phénomène statistique: les chances de mourir sont moins grandes parmi la population vaccinée, mais le nombre de morts pourrait logiquement être plus élevé chez les vaccinés que chez les non-vaccinés dans une population où 95% des gens sont vaccinés.

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D’autre part, comme le soulignait la bioéthicienne Samia Hurst, professeure à l’Université de Genève, sur Twitter fin juin, presque tous les cas graves israéliens concernent des personnes non vaccinées. Ce qui semble prouver que le vaccin protège des formes graves de la maladie même face au variant Delta.

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En Suisse, entre le 1er janvier et le 22 juillet 2021, 300 personnes vaccinées ont été testées positives selon «20 Minuten», qui a pu consulter des documents de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Depuis le début de l’année, au total, environ 190’000 cas ont été recensés. Parmi les 300, 78 ont dû être hospitalisées et 18 sont décédées.

Sur la même période 1’100 personnes au total sont décédées du Covid en Suisse, rapporte «Watson». Les non-vaccinés représentent ainsi 98,5% des morts de la maladie dans notre pays, calcule le pureplayer. En France, 85% des personnes hospitalisées après avoir contracté le Covid-19 ne sont pas vaccinées.

Interrogé par la «RTS» dans le 12h45 du 22 juillet, le président de la Commission fédérale pour les vaccinations estime qu’il y a «lieu de se réjouir de ces chiffres parce qu’ils montrent combien les vaccins protègent efficacement». La protection pourrait même être plus élevée que prévu. «On part du principe que les vaccins à ARN messager protègent à 90-95% et ce qu’on voit dans ces chiffres c’est qu’on serait ici autour de 99%, remarque Christoph Berger. Il y a peut-être certains cas qui n’ont pas été répertoriés, mais de toute façon c’est encore moins que ce qui était attendu.»

Le nombre de vaccinés testés positif a augmenté de 25% au cours des dernières semaines, possiblement à cause de la plus forte contagiosité du variant Delta, note toutefois la «RTS». «La vaccination protège un peu moins contre ce variant mais elle protège toujours», atteste Christoph Berger. C’est aussi la position de l’OFSP.

Le vaccin protège contre les formes graves

Courant juillet, une nouvelle étude britannique a montré que le vaccin Pfizer/BioNTech protégerait à 88% contre le développement de symptômes face au variant Delta. Toutefois, Israël, où plus de 80% de la population adulte a reçu deux doses, parle d’une protection tombant à 64%, voire à 39% à fin juillet. Dans le même temps, l’Etat hébreu a cependant aussi dit que le vaccin protégeait à 91% contre les cas graves, même face au variant Delta, rappelle «Le Matin». Le 29 juillet, Pfizer communique: la protection est encore de 84% six mois après l’injection, mais une troisième dose sera peut-être nécessaire face au variant Delta. Dans la foulée, Israël appelle les plus de 60 ans à recevoir une troisième dose. En Suisse, ce n’est pas prévu pour l’instant.

Le vaccin protège essentiellement contre les formes graves de la maladie du Covid-19, à entendre de nombreux experts. Dans les colonnes de «Watson», l’infectiologue de l’Université de Genève Alessandro Diana estime que la piqûre protège à 88% contre l’infection, mais à 96% contre l’hospitalisation. En clair, sur 100 personnes immunisées, douze peuvent contracter la maladie et quatre faire des complications.

Selon «Le Temps», les chiffres en provenance d’Israël ou du Royaume-Uni sont d’ailleurs plutôt rassurants. Leur population est majoritairement vaccinée et la hausse des cas de contamination au variant Delta n’a pas provoqué une hausse des cas graves.

Dans les pays où la couverture vaccinale est faible, les cas et la mortalité augmentent. En revanche, dans les régions où le taux de vaccination est élevé, l’augmentation des cas est faible et la mortalité minime, décrypte le chercheur américain Eric Topol.

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6. «Les vaccins à ARN messager modifient le génome humain»

C’est une des fausses informations les plus partagées sur les réseaux sociaux: une fois injecté, l’ARN messager irait modifier l’ADN des êtres humains dans les cellules. Cette théorie ne vient pas de nulle part: des propos tenus par la prix Nobel de chimie Emmanuelle Charpentier en 2016 ont été détournés, selon l’enquête détaillée de «Franceinfo».

La confusion provient également d’une mauvaise compréhension du fonctionnement des vaccins à ARN messager. Pour rappel, l’ARN messager est une copie synthétique d’un morceau du code génétique d’une protéine du virus. Celui-ci est injecté dans le corps et va intégrer les cellules humaines pour leur donner l’ordre de produire une protéine ressemblant à celle présente en surface du virus. C’est ainsi que notre système immunitaire pourra reconnaître la protéine et produire des anticorps. Mais l’ARN messager ne pénètre jamais dans le noyau de nos cellules – où se trouve notre ADN – et ne peut donc pas le modifier, affirment de nombreux experts. Le 30 juillet 2021, une étude australienne le confirme.

L’ARN messager se désintègre ensuite dans les 48 heures et disparaît. «Heidi. news» schématise très bien le processus dans un dossier fouillé sur la question. D’autre part, l’ARN du coronavirus s’introduit également dans notre organisme lors d’une infection, glisse l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

7. «Ce sont les vaccins qui créent des variants»

«C’est très simple, les variants viennent des vaccinations»: c’est ce que soutient Luc Montagnier, idole des antivax et des coronasceptiques qui a reçu le Prix Nobel de médecine en 2008 pour avoir co-découvert le VIH en 1983, dans une vidéo partagée sur Facebook datant de mai 2021. Comme le note «Heidi. news», l’octogénaire a depuis été mis au ban par la communauté scientifique pour avoir tenu des théories farfelues sur la mémoire de l’eau, la guérison de la maladie de Parkinson avec des extraits de papaye fermentée ou encore de l’autisme avec des antibiotiques.

Mais a-t-il raison sur le fond? Non, les variants sont apparus avant le début des campagnes de vaccination et c’est bien la circulation du virus – qui peut être ralentie par la vaccination – qui est «susceptible de faire apparaître des souches du virus plus résistantes ou plus contagieuses», martèlent unanimement les virologues et épidémiologistes contactés par le service de vérification de l’AFP. Exemple: le variant Delta a été repéré pour la première fois en octobre 2020 en Inde, pays qui n’a commencé sa campagne de vaccination qu’en janvier 2021.

Une campagne de vaccination trop lente – et donc une circulation du virus trop élevée – peut en revanche laisser la place à des variants résistants aux vaccins, comme l’ont expliqué plusieurs virologues et épidémiologistes à l’AFP. Par un processus de sélection naturelle, seules les mutations les plus à même de survivre dans la nature ne subsistent. C’est cela que veulent dire les spécialistes quand ils disent que le vaccin peut «faire pression» sur les variants.

8. «Si je me fais vacciner, je ne pourrai jamais avoir d’enfants»

Aucune étude scientifique ne permet d’affirmer que les vaccins à ARN messager mettent en danger la fertilité humaine. «Il n’y a aucune donnée qui irait en ce sens, ni aucune plausibilité biologique», assure Alessandro Diana, expert chez Infovac, plateforme publique d’informations sur la vaccination, dans «24 heures».

Plusieurs recherches scientifiques le confirment, appuie le quotidien vaudois. Publiée en mai 2021, l’une de ces études s’est penchée sur 36 couples. Ces derniers avaient repris un processus de fécondation in vitro entre sept et 85 jours après avoir été vaccinés. Résultat: pas de différence dans l’activité ovarienne ou de modification des caractéristiques des embryons.

Dans une autre étude, le sperme 45 hommes a été analysé avant et après vaccin par l’Université de Miami, aux Etats-Unis. Aucune différence n’a été constatée. Selon l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale basé en France), «les données sont peu nombreuses mais tout à fait rassurantes».

Mais d’où vient cette rumeur infondée très largement partagée sur les réseaux sociaux? Selon de nombreux médias, dont «LCI», elle prend sa source dans une pétition adressée à l’Agence européenne des médicaments en décembre 2020. Auteurs du texte: deux médecins connus pour leurs positions contre les vaccins. Mike Yeadon, l’un des responsables de Pfizer jusqu’en 2011 et Wolfgang Wodarg, ancien parlementaire allemand, y émettaient une hypothèse: «Les anticorps produits par le vaccin Covid pourraient rendre les femmes infertiles en attaquant une protéine nécessaire à la formation d’un placenta».

Pour comprendre, petite piqûre de rappel: les vaccins à ARN messager contre le Covid donnent l’ordre à nos cellules de combattre la protéine Spike, située à la surface du virus. Cette protéine ressemble légèrement à syncytine 1, indispensable à la formation du placenta, décode l’Office fédéral de la santé public (OFSP). Leur «similarité est cependant bien trop faible pour tromper le corps».

9. «Il y a dans les vaccins des nanoparticules qui se désintègrent mal»

C’est faux. Les vaccins à ARN messager – tels que ceux de Moderna et Pfizer/BioNTech, les seuls utilisés en Suisse – contiennent bien des nanoparticules lipidiques (de la graisse), selon la plateforme Infovac, créée par la Chaire de vaccinologie de la Faculté de médecine de l’Université de Genève. Celles-ci se désintègrent sans peine dans le corps. L’ARN messager est quant à lui détruit dans les 48 heures qui suivent l’injection, selon de nombreux spécialistes. Ces nanoparticules ne sont par ailleurs pas dangereuses, selon Camille Locht, microbiologiste et directeur de recherche à l’Institut Pasteur de Lille, en France, interrogé par «Le Monde». Pas de traces de micropuces, donc.

Ces nanoparticules de graisse sont en fait l’enveloppe qui transporte l’ARN messager contenu dans les vaccins vers les cellules du corps humain, comme l’explique l’Etat de Genève. Sans cette enveloppe, l’ARN messager, très fragile, se désintégrerait trop vite.

Pour mémoire, ce type de vaccin fonctionne ainsi: une copie synthétique d’un morceau du code génétique d’une protéine du virus – appelé ARN messager – intégré à de très petites gouttes de graisse est injectée dans le corps. Cet ARN messager va ensuite ordonner à nos cellules de produire une protéine ressemblant à celle présente à la surface du coronavirus. Résultat, le système immunitaire va reconnaître ladite protéine, appelée «Spike», et produire des anticorps contre le virus.

10. «Des objets métalliques collent au bras des vaccinés»

Des millions de vidéos circulent sur les réseaux sociaux, dont TikTok, sous le #MagnetChallenge. Sur ces images, des internautes font soi-disant tenir un téléphone portable ou d’autres objets en métal sur leur bras juste après avoir été vaccinés. Responsables de ce phénomène selon leurs dires: des particules aimantées contenues dans la dose injectée. Or, c’est physiquement impossible: «Il n’existe aucun principe physique qui permettrait d’aimanter la partie du corps où l’on injecte un vaccin», affirme au «Parisien» Vincent Maréchal, professeur de virologie à l’Université de la Sorbonne à Paris.

Pour lui, cette «fake news» s’appuie sur une réalité: certains vaccins, dont celui contre le tétanos, contiennent des sels d’aluminium, un adjuvant, mais en si faible quantité qu’une magnétisation du corps serait impossible. Quoi qu’il en soit, les vaccins anti-Covid de Pfizer/BioNtech, AstraZeneca, Johnson & Johnson, Sputnik et Curevac n’en contiennent pas.

Julien Pain, journaliste à Franceinfo, a fait le test sur le bras de sa compagne juste après son injection. Surprise: l’aimant s’est bel et bien collé sur son membre vacciné. Pour en avoir le cœur net, Julien Pain a posé l’aimant sur l’autre bras de sa partenaire. Pour le même résultat.

Comment est-ce possible? La réponse est à chercher du côté du sébum que sécrète notre peau: «Nous avons un film gras à la surface de la peau, qui est plus ou moins important. Si ça accroche, c’est juste lié à ça», clarifie Christine Lafforgue, chercheuse en dermato-pharmacologie à l’université de Paris-Saclay, dans «Le Monde».

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Il est aussi possible que ces vidéos soient truquées. Comme l’écrit «Le Parisien», une Anglaise a avoué avoir léché son téléphone pour le faire tenir sur son épaule. Son objectif, justifie-t-elle dans une autre vidéo sur son compte TikTok, était de démontrer à quelle vitesse les rumeurs infondées se diffusent sur Internet. Elle a depuis retiré la vidéo initiale.

11. (BONUS) «Je suis en bonne santé et les personnes à risque sont vaccinées, je ne vois pas pourquoi je devrais me faire injecter»

Cette incompréhension revient souvent dans les discussions, pendant la pause-café, les soupers de famille ou en soirée. Sur WhatsApp, un message, sous forme de chaîne, voyage beaucoup. Sur TikTok, le même message s’est transformé en vidéo. En substance, cette question: si les personnes à risque sont protégées – environ 80% des plus de 60 ans ont reçu deux doses en Suisse – pourquoi le reste de la population devrait-il se faire vacciner? Contacté par Blick, le virologue Didier Trono, professeur à l’EPFL, répond à la question, en cinq points.

  • «Plus les non-vaccinés sont nombreux, plus le virus a l’opportunité de se propager et dès lors de générer de nouveaux variants (possiblement résistants aux vaccins, ndlr.), comme il l’a fait avec le variant Delta en Inde. L’automne, qui nous renverra à l’intérieur et donnera au virus des conditions favorisant sa propagation, est particulièrement à redouter.»

  • «Le variant Delta, responsable aujourd’hui de la majorité des infections dans notre pays comme dans beaucoup d’autres, est l’un des virus les plus infectieux jamais identifiés. Il infecte avant tout des personnes non vaccinées, et peut provoquer des symptômes sévères, y compris la mort, même chez les individus considérés a priori comme n’étant pas à risque».

  • «Certaines personnes à risque ne peuvent pas être vaccinées avec succès parce que leur système immunitaire est défectueux, en raison de maladies immunitaires, inflammatoires ou oncologiques, voire de leur traitement, ou encore en raison de l’affaiblissement de la réponse immune liée à l’âge. Ces personnes n’ont pour l’instant d’autre recours que de compter sur l’immunité collective pour faire barrière au virus qui sinon les infecterait, avec des conséquences graves chez une grande proportion d’entre elles.»

  • «Jusqu’à un quart des personnes infectées par le coronavirus développent des symptômes de longue durée, allant de la fatigue chronique à la dépression avec occasionnellement de la fièvre, des maux de tête ou autres, qui peuvent persister plusieurs mois après l’infection. Ce syndrome, le «Covid long», touche des individus de tous les âges, y compris les jeunes, même si l’infection primaire n’a pas été particulièrement spectaculaire.»

  • «Si les infections repartent à la hausse, avec surcharge de nos hôpitaux, nous risquons d’avoir à faire aux mêmes types de restrictions que lors des vagues précédentes. Sauf qu’elles pourraient cibler de manière préférentielle les personnes non immunisées.»
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