Hommage de Daniel Rossellat
Gianadda «était un entrepreneur d'une dimension inhabituelle pour notre pays»

Léonard Gianadda est décédé dimanche 3 décembre à l'âge de 88 ans. Daniel Rossellat, fondateur et président du Paléo, rend hommage à celui qui a «placé Martigny sur la carte du monde».
Publié: 03.12.2023 à 20:10 heures
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Dernière mise à jour: 03.12.2023 à 20:14 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Léonard Gianadda a «placé Martigny sur la carte du monde», estime Daniel Rossellat, président du Paléo Festival et syndic de Nyon (VD). L'entrepreneur et mécène valaisan est décédé dimanche 3 décembre, à l'âge de 88 ans. Il était soigné depuis six mois pour un cancer des os.

Le fondateur et président du Paléo se sent «assez proche» du mécène, né le 23 août 1935 à Martigny. «En Suisse, on n'ose pas tellement parler d'entreprise culturelle, il y a une méfiance, confie le fondateur d'un des événements musicaux majeurs en Europe à Blick. Alors que pour réussir, il faut prendre en compte que cela nécessite souvent des budgets pour y arriver.»

«Il a dépassé la fréquentation des autres musées»

Une attitude qui a pu être snobée par «le milieu», lors des premières expositions de la Fondation Pierre Gianadda. Inaugurée en 1978, Léonard l'a dédiée à son frère, tragiquement décédé dans un accident en 1976. «Il est parti sur un chemin différent des musées institutionnels qui, à de rares exceptions près, sont financés par les pouvoirs publics. Ses expositions thématiques ressemblaient plus aux expositions temporaires des autres musées. Mais il a fini par dépasser les chiffres de fréquentation des autres institutions», salue le patron du Paléo.

Daniel Rossellat, président de Paléo, rend hommage au mécène Léonard Gianadda, décédé dimanche 3 décembre.
Photo: Keystone

Pour Daniel Rossellat, Léonard Gianadda a été vraiment innovant en choisissant une voie mêlée d'art, de démarche commerciale et d'entrepreneuriat. «Les milieux de la culture subventionnée ont regardé ça avec une certaine méfiance, mais il n'a pas eu peur. Il a lancé tout ça avec des moyens qu'il avait, certes, grâce à quelques affaires à succès. Mais il a été guidé par la passion. L'argent était un moyen et non un but. Ça me parle beaucoup.»

Heureux de partager sa passion

Le fondateur de Paléo n'avait, lui, «pas un franc» au lancement de son événement musical. Autre différence: «Il était plus solitaire que moi dans un certain nombre de choix qu'il a fait et assumé. J'ai beaucoup plus travaillé en équipe. Il était un entrepreneur d'une dimension inhabituelle pour notre pays.»

Reste que le syndic de Nyon se souvient d'un homme généreux en temps, heureux de partager sa passion. «Nous avions été invités dans son antre avec la Municipalité de Nyon. Il nous a accueillis d'une manière assez géniale, il a pris beaucoup de temps, touché que Nyon lui rende visite et lui fasse part de commentaires très positifs.» À l'idée d'un Léonard Gianadda timide à l'heure des louanges, Daniel Rossellat sourit: «Il les entendait volontiers».

Amoureux de musique classique

Les deux hommes de culture partageaient un même amour de la musique. Léonard Gianadda a d'ailleurs fréquenté Paléo. «Il avait un penchant marqué pour la musique classique, glisse le fondateur du festival. Il a invité de nombreux artistes pour des concerts, comme la chanteuse d'opéra Cecilia Bartoli. Il aimait la musique, c'est sûr.»

Cet «entrepreneur culturel à l'influence immense» a fait énormément pour la notorité de Martigny, conclut Daniel Rossellat. Léonard Gianadda laisse à Martigny une fondation à la renommée internationale qui a exposé les oeuvres d'illustres artistes comme Picasso, Van Gogh ou Rodin.

Fin octobre dernier, en plus de son cancer, il avait dû être hospitalisé pour une blessure à la jambe. Un incident impliquant son ami Christian Constantin, qui l'avait malencontreusement renversé au volant de sa voiture. Début novembre, le mécène s'était rendu à une cérémonie de la ville de Sion, lui rendant hommage.

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