Ilias Panchard, élu communal, s'insurge
La Ville autorise une campagne d'évangélisation sur la voie publique

Une campagne d'évangélisation, organisée par le Centre évangélique pour le salut, s'est déroulée à Lausanne les 16 et 17 août derniers, suscitant l'indignation de nombreux habitants et du conseiller communal Vert Ilias Panchard. Il va interpeller la Municipalité.
Publié: 22.08.2024 à 17:27 heures
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Dernière mise à jour: 22.08.2024 à 17:38 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

«On les appelle les enfants de Dieu! Alléluia!» Le sermon continue comme ça, hurlé à pleins poumons, pendant plusieurs minutes. Une immersion dans une église? Non, un évènement religieux qui s’est déroulé sur la place Chaudron, à Lausanne, les 16 et 17 août derniers.

Par n’importe quel évènement d’ailleurs. Il s’agissait d’une «Campagne d’évangélisation», organisée par le Centre évangélique pour le salut. Pour l’occasion, les organisateurs avaient installé des chaises, une sono et une batterie au beau milieu de la voie publique. Le prophète Chris, l’apôtre Chantal et l’évêque Franck se sont relayés pour donner de la voix.

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«C’est quoi ces conneries?»

Sur le groupe Facebook «J’aime Lausanne», un commentaire résume bien celui de tous les autres: «Mais qu’est-ce que c’est que ces conneries?» De son côté, Ilias Panchard, conseiller communal (législatif) Vert à Lausanne, a décidé d’interpeller la Municipalité.

Une campagne d'évangélisation au milieu de la ville de Lausanne fait polémique. Des élus s'indignent et souhaitent interpeller la Municipalité.
Photo: Facebook

«Il y a un problème global avec certains mouvements évangéliques qui, sous couvert de concerts ou de culture, prêchent dans des salles parfois subventionnées par la Ville ou par des associations alors qu’il existe de nombreux lieux de cultes», développe l’élu. Il s’inquiète de l’impact du prosélytisme sur les jeunes et sur les personnes précaires.

Comment ce show a-t-il pu être accepté?

Inscrite à la prochaine séance du 27 août, son interpellation démarre par «On croit rêver». Ilias Panchard aimerait comprendre comment le show «Préparons-nous pour le retour du Christ», d’une durée de quatre heures, deux jours de suite, a pu passer aux yeux de la Municipalité.

Il questionne: «La Municipalité considère-t-elle qu’il soit possible d’organiser une manifestation religieuse de propagande sonorisée dans l’espace public? La Municipalité peut-elle enfin nous garantir qu’à l’avenir les demandes de manifestation à caractère purement religieux dans l’espace public seront systématiquement refusées?»

Pas de raison légale

L’élu Vert imagine un refus de principe. «Imaginez, si la Mosquée de Lausanne était pleine lors de l’Aïd et que les gens étaient forcés de prier dans la rue. Ça ferait un tollé politique et la Municipalité aurait réagi, estime-t-il. C’est aussi le rôle des pouvoirs publics de contrôler le prosélytisme dans l’espace public, issu de n’importe quelle religion.»

Cependant, la Municipalité n’a pas de raison légale pour interdire de tels évènements. Comme l’explique David Rodriguez, conseiller en communication à la direction de la sécurité et de l’économie, la manifestation a demandé et reçu une autorisation.

«La Ville de Lausanne respecte la Constitution suisse, qui protège les libertés d’expression, de réunion et de manifestation, également la liberté d’expression religieuse», précise-t-il. Le Service de l’économie «n’entre pas dans le contenu»: il pose un cadre et sévit si ce dernier n’est pas respecté.

Interdit à Genève

En l’occurrence, les 16 et 17 août derniers, la musique était autorisée par tranche de 20 minutes, suivies impérativement de pauses de 20 minutes. Les sermons devaient être déclamés sans micro, ce qui a été respecté. Par ailleurs, le Service de l’économie n’a pas connaissance de plainte.

À Genève, la loi sur la laïcité, votée en mars 2019, pose un cadre strict. Les rites cultuels, comme une messe, une prière, et de manière générale tout ce qui inciterait un passant à joindre un rite religieux, sont examinés au cas par cas, mais généralement interdits.

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