Ils réclament une hausse pour 2025
Les syndicats montent au créneau contre la baisse des salaires réels

Malgré la reprise économique et une productivité en hausse, les salaires réels des travailleurs suisses ne cessent de baisser, tandis que le coût de la vie suit une tendance inverse. De quoi ulcérer les syndicats, qui réclament désormais une hausse des salaires.
Publié: 19.08.2024 à 15:12 heures
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Tobias Ochsenbein

Pour les syndicats, le constat est clair: la Suisse traverse une crise du pouvoir d'achat sans précédent. Les salaires réels ont continuellement baissé ces trois dernières années au point de se retrouver au niveau de 2014, ce malgré un redressement de l'économie et une hausse de la productivité.

L'organisation faîtière des travailleurs Travail.Suisse et ses fédérations exigent donc de toute urgence des augmentations de salaire allant jusqu'à quatre pour cent. Car la situation est devenue trop grave pour les travailleurs et travailleuses du pays, ont-ils argumenté lundi lors d'une conférence de presse à Berne.

Outre le renchérissement général, l'augmentation constante du coût de la vie, en particulier des primes d'assurance maladie, pèse de plus en plus sur le budget des ménages. «Alors que l'économie a connu une croissance réelle de plus de sept pour cent depuis 2021, les salaires réels ont chuté de plus de trois pour cent», a notamment déclaré Thomas Bauer, responsable de la politique économique chez Travail.Suisse. «Il est urgent de rattraper le retard en matière de salaires.»

Les syndicats exigent une augmentation des salaires pour 2025.
Photo: Keystone
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«Les travailleurs ont besoin de salaires réels plus élevés»

Selon lui, le moment est venu pour les travailleurs et travailleuses de pouvoir enfin profiter des gains en productivité réalisés ces dernières années. Et il l'assure: ces hausses de salaire peuvent se faire maintenant, grâce à un contexte idéal, marqué par la reprise économique et une diminution de la pression sur les prix du côté des entreprises.

«Il n'est pas acceptable que les entreprises gardent pour elles les gains de productivité. Les travailleurs et travailleuses ont besoin de salaires réels plus élevés pour faire face à l'augmentation constante du coût de la vie», a appuyé Yvonne Feri, présidente du syndicat Syna, lequel demande en conséquence des augmentations de salaire comprises entre deux et quatre pour cent.

La situation semble particulièrement tendue dans la fonction publique, notamment dans l'administration fédérale et à la Poste. Car dans ces branches, le renchérissement n'a pu être compensé par les salaires. Conséquence selon les syndicats: les pertes de salaire réelles seraient considérables et elles mettraient en danger le pouvoir d'achat des collaborateurs. «Ces pertes de salaire réel sont tout simplement inacceptables. Nous exigeons pour 2025 la pleine compensation du renchérissement et, avec effet rétroactif, la compensation du renchérissement accumulé des années précédentes. Cela donne des revendications salariales entre 2,5 et 4 pour cent», explique Greta Gysin, présidente du syndicat transfair et conseillère nationale des Vert-e-s.

Pour le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, le tableau est encore plus sombre. Malgré une année 2023 excellente sur le plan économique et des perspectives positives pour 2024, les associations patronales rechigneraient à verser aux employés des salaires suffisants pour vivre. «Les négociations sur les salaires minimaux dans l'hôtellerie et la restauration ont échoué. En raison de l'attitude intransigeante des employeurs, nous avons maintenant fait appel au tribunal arbitral», explique Roger Lang, responsable de la politique sociale chez Hotel & Gastro Union.

Pratiquement tous ont vu leur revenu baisser

Pour illustrer la réalité du problème, Travail.Suisse y est allé de ses calculs et de ses exemples, notamment celui de la famille Schmid qui est passée d'un revenu de 4'900 francs en 2014 à un revenu de... 4907 francs en 2024. Dans le même temps, les primes d'assurance maladie de cette famille de quatre personnes ont pris l'ascenseur, passant de 9'372 à 12'924 francs par an. Résultat: malgré une augmentation minime du salaire réel, le revenu disponible de cette famille a baissé de 3'460 francs par an.

La famille Meier, également composée elle de quatre personnes, a connu une trajectoire similaire, alors qu'elle percevait un revenu de 8'000 francs en 2014. Le revenu de ce ménage n'a donc augmenté que de 12 francs par mois jusqu'en 2024, tandis que ses primes d'assurance maladie ont augmenté de 3'552 francs par an. Résultat des courses: le revenu disponible de cette famille a diminué de 3'402 francs par an.

Enfin, il y a l'exemple de Daniel Müller, un particulier lui aussi durement touché. Son salaire n'est passé que de 4'900 à 4'907 francs entre 2014 et 2024, mais dans le même temps, ses primes d'assurance maladie ont grimpé de 3'732 à 4'704 francs par an. Son revenu disponible a ainsi diminué de 880 francs par an.

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