La loi CO₂ vacille
Des conseillers fédéraux sur les dents

Les électeurs libéraux et conservateurs boudent la loi sur le CO₂. Leurs conseillers fédéraux tentent la campagne de la dernière chance, à une semaine des votations.
Publié: 06.06.2021 à 11:41 heures
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Dernière mise à jour: 08.06.2021 à 07:04 heures
Fabienne Kinzelmann

Les conseillers fédéraux de droite libérale et conservatrice sont nerveux: car contrairement à eux, la base électorale de leurs partis respectifs n'est pas «chaude pour le climat», ou du moins pas pour le texte de loi censé le préserver du réchauffement. C'est du moins ce qui ressort de la deuxième enquête SSR de mercredi dernier. Depuis, les sages ont redoublé d'ardeur dans la campagne pour la loi CO2, à l'avenir désormais incertain.

En effet, moins de la moitié des électeurs libéraux-radicaux assurent soutenir projet de loi climatique. L'UDC, quant à elle, qualifie systématiquement le projet de «loi de gauche», ce qui permet aux électeurs de droite de s'en distancier plus facilement.

La ministre de la Défense Viola Amherd (Le Centre), le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis (PLR) et la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter (PLR) se sont adressés cette semaine à leurs partisans respectifs sur les canaux de communication internes de leurs partis.

Amherd s'est ainsi exprimée dans une interview sur le compte Facebook du Centre. Ce faisant, elle s'est adressée explicitement à la population rurale en tant que montagnarde haute-valaisanne. «Le groupe de travail pour les zones de montagne, l'Union suisse des paysans, la conférence gouvernementale des cantons alpins et l'association des communes soutiennent le texte», a rappelé Amherd. Car si les zones de montagne sont d'ores et déjà massivement touchées par la crise climatique, plus elles sont hautes en altitude, moins elles soutiennent la loi CO2.

Viola Amherd devant le Cervin. La Haute-Valaisanne joue sa proximité avec la montagne pour convaincre les zones rurales de voter oui à la loi CO2.

Le PLR est pour - ses électeurs se tâtent

«Comme nos deux conseillers fédéraux, dites OUI à la loi CO₂ maintenant», exhortait jeudi un tweet avec une photo de Karin Keller-Sutter et d'Ignazio Cassis, rayonnants et joyeux. Dans la publication du PLR tessinois «Opinione Liberale», le ministre des affaires étrangères souligne également les avantages économiques: «La loi génère plus d'investissements en Suisse et profite ainsi à notre économie et à notre prospérité.» Tout le monde en profiterait, s'enthousiasme Cassis : les fournisseurs d'électricité, les entreprises sanitaires, les sociétés d'ingénierie, le secteur de la construction, les hôtels, les restaurants ou les boulangeries.

Mais bien que le PLR s'affiche en tête du camp du oui et que l'organisation faîtière des entreprises economiesuisse soutienne le projet de loi, il semble que la base du PLR ait de la peine à être convaincue. Cassis et Keller-Sutter ont encore exactement sept jours pour changer cela.


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