La présidente du PLR Vaud
«La propagande à l'école concernant cette grève doit cesser!»

Les partis vaudois de centre-droit dénoncent le tractage politique d'enseignants devant un gymnase, en marge de la grève des fonctionnaires de ce lundi. Florence Bettschart-Narbel, présidente du PLR Vaud, tape du poing sur la table et tance les syndicats. Interview.
Publié: 25.01.2023 à 16:58 heures
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Dernière mise à jour: 25.01.2023 à 17:47 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

L'Alliance vaudoise — qui réunit l'Union démocratique du centre (UDC), le Parti libéral-radical (PLR) et le Centre — s'étrangle. Mardi, au lendemain de la grève des fonctionnaires pour une pleine indexation de leur salaire, ces partis de centre-droit dénoncent dans un communiqué «une politisation inacceptable de l’école et des élèves».

La raison? Des enseignantes et enseignants grévistes auraient distribué des tracts politiques à l’entrée du Gymnase lausannois de la Cité. Par conséquent, l’Alliance vaudoise déposera une résolution mardi prochain, au Grand Conseil, pour que l’article 11 de la loi sur l’enseignement obligatoire, «qui doit s’appliquer par analogie au postobligatoire», soit respecté. Celui-ci stipule clairement que toute forme de propagande politique est interdite auprès des élèves.

Pour Florence Bettschart-Narbel, présidente du PLR Vaud, les faits rapportés sont «inadmissibles», lance-t-elle à Blick. Questionnée plus largement sur la grève qui a touché une école vaudoise sur cinq, la députée avoue ne pas comprendre le pourquoi de cette mobilisation et soutient que le Conseil d'État a pris des mesures fortes pour compenser l'augmentation du coût de la vie. Elle estime en outre que la parole des syndicats, dans ce dossier, «est malhonnête». Interview.

Florence Bettschart-Narbel, présidente du Parti libéral-radical vaudois, ne comprend pas pourquoi les fonctionnaires font la grève.
Photo: Keystone

Vous dénoncez le fait que des enseignantes et enseignants auraient distribué des tracts en faveur de leur grève à des élèves devant le Gymnase de la Cité, à Lausanne. Vous avez été témoin de la scène?
Quelqu’un m’a envoyé le tract en question. Apparemment, ce texte a été déposé aux entrées du gymnase.

C’est la première fois, dans le cadre de cette grève, que vous êtes alertée concernant des enseignantes ou enseignants qui enfreindraient la loi?
Oui. Mais il y a eu des précédents, notamment durant la grève du climat. Des enseignantes et enseignants avaient déjà tenu des propos militants dans le cadre scolaire. Mon collègue Yann Glayre (ndlr: député UDC) était intervenu sur cette problématique. Le Conseil d’État avait été très clair: c’est inadmissible et des sanctions peuvent découler de ce genre d’agissements. La grève pour demander une revalorisation salariale sera reconduite le 31 janvier. De tels agissements ne doivent pas se reproduire.

Ce modus operandi, qui consiste à donner du matériel politique à des élèves, vous choque?
Tout à fait, c’est de la propagande. Et cette propagande, dans le cadre scolaire, doit cesser! Je ne suis, par contre, absolument pas opposée à ce que des débats contradictoires soient organisés à l’école, y compris sur l’inflation et l’indexation des salaires. Mais les enseignantes et enseignants n’ont pas le droit de transmettre des prises de position militantes univoques qui concernent, qui plus est, leur propre situation.

Sur le fond, vous comprenez pourquoi bon nombre d’enseignantes et enseignants se mobilisent actuellement et font grève?
Parlons franchement: non. Il y a aujourd'hui un devoir d’explication sur le système trouvé par le Conseil d’État. Il y a eu quelques articles dans la presse qui expliquaient mieux ces faits et je m’en réjouis. La parole des syndicats, dans ce dossier, est malhonnête.

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En quoi leurs arguments sont erronés?
Voilà, d'abord, la réalité: les petits salaires — pour qui l’augmentation des prix est difficile à vivre — sont pleinement aidés, grâce à l’augmentation de tous les salaires des fonctionnaires de 1,4% et à une prime unique de 0,8% du salaire annuel versée aux employés des classes salariales 1 à 10 (ndlr: jusqu'à 116'000 francs par an). Cela représente 60% des employées et employés de l’État et 75% du CHUV. Cela ne me choque pas que les plus hauts salaires, qui peuvent monter, par exemple, à 120’000 francs par an, ne reçoivent pas cette prime.

Mais l’Office fédéral de la statistique calcule le taux d’inflation à 2,8%. Pour celles et ceux qui seront augmentés de 1,4% sans toucher de prime, cela ne revient-il pas à une baisse de salaire? Sans parler du fait que, pour les autres, le susucre de 0,8% est un coup sans lendemain…
Non! Vous occultez les annuités, donc la progression salariale annuelle d’un employé de la fonction publique. Progression qui se fait de toute manière, indépendamment de la performance ou des résultats, contrairement à la pratique dans le secteur privé. On doit en tenir compte dans le calcul final.

Mais ces annuités sont des acquis sociaux qui n’ont pas pour mission d'être utilisés pour payer les pots cassés en temps de crise, non?
On ne peut pas faire comme si ce système, qui n'est d’ailleurs pas en place dans certains autres cantons, n’existait pas et donc ne pas le mettre dans la balance au moment de faire les comptes. Il y a aussi autre chose, dont les syndicats ne veulent pas du tout entendre parler, mais qui est pourtant bel et bien réel: la Caisse de pensions de l’État de Vaud est plutôt généreuse envers les fonctionnaires quand ils arrivent à la retraite. Cela a aussi de l'importance! On ne peut pas simplement se focaliser sur le taux d’inflation et demander une indexation sans regarder l'action du Conseil d'État dans son ensemble. Le faire, c’est soit partial et erroné, soit de la manipulation.

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