La rédaction veut «travailler en interne» sur la procédure
Un journaliste de la SRF a-t-il payé du crack pour filmer des toxicomanes?

Un reporter de la SRF aurait donné de l'argent à une personne pour pouvoir la filmer en train de fumer du crack. La SRF réfute cette affirmation, mais veut enquêter sur le procédé.
Publié: 14.09.2023 à 16:37 heures
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Dernière mise à jour: 14.09.2023 à 16:50 heures

Une nouvelle scène ouverte de la drogue est en train d'émerger le jour dans le quartier de la Bäckeranlage à Zurich. Le journal télévisé de la SRF «10 vor 10» a notamment fait un reportage à ce sujet. Le reportage montre plusieurs hommes qui consomment du crack dans un buisson en face d'une aire de jeux.

Comme le rapporte «20 Minuten», de l'argent aurait été versé dans le cadre de ce tournage. Le journaliste de la SRF aurait ainsi payé de l'argent pour que l'un des consommateurs de drogue achète de la cocaïne, la fasse bouillir et la fume ensuite comme du crack. Des images ont ainsi été tournées et utilisées pour le reportage.

L'un des participants à la mise en scène raconte à «20 Minuten» avoir demandé 200 francs pour pouvoir acheter de la drogue. Dans un premier temps, les journalistes auraient refusé. C'est lorsque les mêmes participants ont demandé aux journalistes s'ils avaient «50 francs pour du bon matériel vidéo» que les collaborateurs de la SRF seraient alors allés chercher l'argent.

Une scène ouverte de la drogue se développe à Zurich.
Photo: keystone-sda.ch
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De l'argent pour des «services d'intermédiaires»

La SRF ne conteste pas que de l'argent a été versé dans le cadre de l'enquête. Toutefois, la SRF n'a pas versé d'argent à des personnes pour qu'elles consomment du crack. Au contraire, une personne sur place aurait servi d'intermédiaire entre l'équipe de télévision et les consommateurs. Seul cet intermédiaire a reçu de l'argent, mais il n'apparaît pas dans le reportage.

Les directives journalistiques de la SRF prévoient une compensation financière pour les services d'intermédiaires. Le reporter a payé 50 francs «pour le temps passé». «Il s'agissait de son propre argent et n'a pas été facturé sur le compte de la SRF, ni comme frais.» L'événement serait désormais «soigneusement traité en interne».

Les personnes impliquées contestent auprès de «20 Minuten» l'utilisation de cet argent pour des services d'intermédiaire. Au contraire, elles auraient été activement incitées à acheter du crack avec. La SRF maintient sa prise de position.

Procédure «problématique»

Si les reproches étaient confirmés, l'action du journaliste de la SRF relèverait du droit pénal. L'incitation à l'achat et à la consommation de stupéfiants est en principe punissable. Selon l'expert en droit pénal Adrian Wyss, il s'agit d'un délit poursuivi d'office, la police devrait donc agir de son propre chef, écrit «20 Minuten».

L'ancien médiateur de la SSR Roger Blum déclare au média que la démarche de la SRF serait plus que problématique si le récit des personnes impliquées s'avérait vrai. «On crée une situation qui n'est pas authentique. Dès qu'il y a paiement, c'est encore plus une violation des règles éthiques.»

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