La victime présumée etait vivante
Des policiers l'ont forcé à avouer un meurtre... qu'il n'a pas commis

Torture psychologique, internement psychiatrique puis... plus rien! Six ans après avoir été forcé par des policiers à avouer un meurtre qu'il n'avait pas commis, Tom Pérez, un Américain accusé à tort, est revenu pour la première fois sur cet interrogatoire de l'horreur.
Publié: 06.09.2024 à 22:22 heures
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Janine Enderli

Inquiet, Tom Perez, 59 ans, a signalé la disparition de son père à la police en août dernier. Seulement 36 heures plus tard, la vie de ce Californien a complètement basculé. Tom Perez s'est retrouvé dans un hôpital psychiatrique après avoir été forcé par des policiers à avouer le meurtre de son propre père au cours d'un interrogatoire de 17 heures. Problème, la victime présumée était... vivante.

Flash-back: après avoir reçu l'avis de disparition, plusieurs agents se sont rendus dans la maison dans laquelle Tom Perez vivait avec son père. En raison de fenêtres brisées et de prétendues traces de sang, l'homme, alors âgé de 53 ans, a dû être emmené au poste de police. Rien de bien surprenant jusque-là: la police avait simplement besoin de plus d'informations. Mais une fois au poste, l'interrogatoire a commencé et il s'est terminé... 17 heures plus tard.

«J'avais l'impression qu'ils étaient mes ravisseurs», se souvient l'homme de 59 ans, dans une interview accordée à CNN, six ans après cet interrogatoire de l'horreur. «Je ne pouvais absolument rien faire.» Au début, les agents l'auraient traité poliment et aimablement, mais le ton aurait commencé à changer au bout d'environ 90 minutes.

Dans une interview télévisée, Tom Perez a raconté le véritable enfer qu'il a vécu en 2018, lorsqu'il a été interrogé pendant 17 heures pour un meurtre qu'il n'avait pas commis.
Photo: CNN
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L'Américain était complètement «désorienté»

«J'ai été pris au piège dans cette petite boîte qui leur servait de salle d'interrogatoire», explique l'homme. Les policiers ne lui accordaient aucun répit, lui posant de plus en plus de questions. Des vidéos de la caméra de surveillance du poste de police montrent l'état mental de Tom Perez en train de se dégrader continuellement, l'homme pleurant à chaudes larmes et vomissant à plusieurs reprises.

Après la première nuit d'interrogatoire, deux agents ont parcouru le village avec Tom Perez pendant des heures, indique la chaîne CNN. Ils cherchaient apparemment des endroits où un corps aurait pu être jeté. Les policiers ont également profité du temps de trajet pour persuader l'homme qu'il aurait pu commettre son crime sous l'influence de médicaments. 

«Où pouvez-vous nous emmener pour nous montrer où se trouve votre père?», lui a demandé une policière, qui ne semblait pas douter une seconde de sa culpabilité.

«Je ne voyais plus clair»

Tom Perez explique que plus l'interrogatoire durait, plus il était perturbé. On le voit notamment s'arracher les cheveux et asséner des coups à son propre visage. A un moment donné, l'homme a fini par s'effondrer et... par avouer. «Je ne voyais plus clair.» Seulement vingt-huit heures s'étaient écoulées depuis qu'il avait appelé la police, et pratiquement deux jours depuis qu'il avait vu son père pour la dernière fois. N'ayant ni pris ses médicaments, ni mangé ou dormi, l'homme de 59 ans a finalement été admis dans un hôpital psychiatrique. La victime présumée, elle, était bel et bien vivante.

900'000 dollars de dédommagement

Aujourd'hui, l'Américain et son père ont toujours du mal à parler de cette sombre affaire. «Nous n'en sommes pas encore là», explique Tom Perez.

Fontana, ville natale de Tom Perez, lui a versé environ 900'000 dollars de dédommagement pour qu'il abandonne ses poursuites contre la police. Malgré cet accord, les forces de l'ordre ne lui ont pas présenté d'excuses, explique l'Américain dans une interview à CNN.

Interrogés par CNN, les policiers qui ont interrogé Tom Perez pendant 17 heures n'ont pas souhaité faire de commentaires.

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