L'appel d'Alain Berset aux entreprises
«Aidez tout le monde à se faire vacciner!»

Le ministre de la Santé souhaite que les entreprises s'engagent davantage dans la campagne de vaccination. Tout le monde devrait faire un effort, lance Alain Berset, afin d'éviter un nouvel automne difficile.
Publié: 15.08.2021 à 05:59 heures
Simon Marti, Jocelyn Daloz (adaptation)

Monsieur le Conseiller fédéral, cela fait maintenant un an et demi que nous sommes plongés dans cette pandémie. Et pourtant, le Conseil fédéral et les autorités ne parviennent pas à convaincre une grande partie de la population à se faire vacciner. Pourquoi cela?
Alain Berset:
Je ne partage pas entièrement ce point de vue. Aujourd'hui, nous avons atteint une proportion de personnes vaccinées nettement supérieure à ce que nous avions initialement prévu. La volonté de vacciner est en constante augmentation.

Et pourtant, la Suisse a le taux de vaccination le plus bas d'Europe occidentale.
Le taux est plus bas que dans les pays environnants et il est aussi clairement trop bas compte tenu du variant Delta, c'est vrai et ce n'est pas une bonne chose. Nous avons choisi de ne pas rendre la vaccination obligatoire et de miser sur la persuasion. Une nouvelle campagne commencera la semaine prochaine. Il y a encore une grande partie de la population qui a attendu jusqu'à maintenant et qui, espérons-le, va maintenant se faire vacciner.

Vous pensez que cela suffira pour le début de l'automne ?
Vous ne pouvez pas avoir vécu la situation terrible de l'automne dernier et tout simplement ne pas prendre en compte maintenant le seul moyen de sortir de la pandémie, à savoir la vaccination! Depuis 18 mois, nous travaillons sans relâche pour mettre fin à cette crise. La seule façon d'y parvenir est de vacciner. Je veux des cinémas ouverts, des restaurants ouverts, des théâtres ouverts, je veux être libre dans ma vie! C'est aussi l'objet de la vaccination, qui ne se limite pas à la protection contre la maladie.

Alain Berset lance un appel: «À présent, nous devons tous faire un effort, sinon il sera trop tard».
Photo: Thomas Meier

Les non-vaccinés mettent en danger la liberté des vaccinés, est-ce là votre message ?
Le Conseil fédéral a toujours accordé une grande importance à la responsabilité individuelle et à la participation de la population, ainsi qu'à la possibilité de choisir. Nous l'avons, puisque nous disposons des meilleurs vaccins sur le marché. Nous avons besoin d'un nouvel élan de la part de chacun d'entre nous pour que davantage de personnes décident de se faire vacciner.

A quoi ressemblera ce nouvel élan? Vous avez discuté de la campagne de vaccination avec les cantons cette semaine.
Les cantons travaillent dur. L'échange consiste à découvrir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Les cantons sont les mieux placés pour atteindre directement la population et faciliter au maximum l'accès à la vaccination. C'est ce dont nous avons besoin maintenant. Les vaccinations mobiles dans les villages, par exemple, fonctionnent bien. Il y a aussi les cantons qui proposent des vaccinations pendant les vacances scolaires, ce qui est également une bonne chose.

Cela sera-t-il suffisant?
Les milieux économiques doivent s'engager davantage. Il y a encore de nombreuses améliorations possibles. Les entreprises, les clubs de sport, les centres de fitness, les organisations culturelles: tous ceux qui ont tant souffert devraient avoir intérêt à ce que le plus grand nombre possible de personnes soient vaccinées. Certaines industries se battent aujourd'hui bec et ongles contre un certificat. Il faudrait plutôt investir cette énergie pour nous faire progresser dans le domaine de la vaccination, et avec un peu de chance, nous n'en aurons pas besoin.

Qu'attendez-vous des milieux économiques?
Ils peuvent fournir un travail de persuasion et d'éducation. Les entreprises peuvent également créer des incitations, par exemple en proposant de se faire vacciner au travail. Elles peuvent également améliorer le traçage des cas en proposant des tests réguliers au sein de leurs employés.

Vous avez parlé des cantons et de l'économie. Où en est la Confédération?
Tout d'abord, je voudrais dire que la situation épidémiologique n'est pas assez bonne dans notre pays. On ne peut pas affirmer que ça se passera bien à l'automne. Maintenant, pour répondre à votre question: la Confédération achète et distribue le vaccin, aide à la coordination, et les cantons effectuent les vaccinations. Mais cela ne fonctionnera que si tout le monde y met du sien. Les autorités ne peuvent pas tout faire seules. Nous devons tous faire un effort, sinon il sera trop tard. C'est mon appel.

Mais pourquoi ne voulez-vous pas une extension du certificat? Des entreprises et des écoles sautent le pas, comme l'École hôtelière de Lausanne.
Le Conseil fédéral a défini trois domaines: le premier, où l'accès sans certificat doit rester garanti, tels que les transports publics ou les écoles. Dans le deuxième domaine, comme les restaurants, les entreprises peuvent décider librement. Et celles où le certificat doit être exigé, ce sont les boîtes de nuit et les grands événements.

L'extension de l'utilisation du certificat permettrait pourtant d'accélérer le rythme de la vaccination.
Pour le Conseil fédéral, la vaccination est une priorité. Une extension du certificat est envisageable s'il existe un risque de surcharge du système de santé.

Si vous attendez trop, nous risquons de réagir trop tard. À nouveau.
J'ai dit quand il y a une menace de surcharge, pas quand cette surcharge est déjà une réalité. Mais une discussion théorique sur le certificat à la mi-août n'a aucun sens. Pour l'instant, une extension n'est pas nécessaire. Le Conseil fédéral a toujours essayé de restreindre le moins possible la vie sociale et économique.

Mais le potentiel d'augmentation demeure: des millions de personnes ne sont pas vaccinées, dont des centaines de milliers qui sont particulièrement vulnérables. On ne peut donc pas non plus exclure qu'une situation similaire à l'automne dernier se reproduise.
Nous avons un point de départ différent grâce aux vaccins en quantité suffisante pour tous ceux qui le souhaitent. Certes, il n'est pas possible aujourd'hui de dire: tout ira bien. Je ne sais tout simplement pas ce qui adviendra. Ce qui est clair, c'est qu'il y a encore trop de personnes qui ne sont pas encore immunisées contre le virus. Il y a plus de personnes non-vaccinées en Suisse que de personnes contaminées à ce jour. Si ce n'est pas déjà le cas, nous allons tous entrer en contact avec le coronavirus dans un avenir proche, soit par la vaccination, soit par l'infection, avec toutes les conséquences que cela implique. Le nombre d'infections va augmenter dans les semaines à venir. Avec ses mesures, le Conseil fédéral met l'accent sur la protection des capacités hospitalières.

Mais vous avez aussi dit par le passé que lorsque tout le monde serait en mesure d'être vacciné, toutes les mesures seraient abandonnées.
Le Conseil fédéral a toujours dit qu'un socle de mesures de base, comme le port du masque, sera nécessaire pendant un certain temps. Nous avons cette discussion uniquement parce qu'en juin, nous avons pu assouplir les restrictions bien plus que ce que tout le monde attendait.

Était-ce également votre souhait d'élargir autant les libertés en juin?
Oui. Mais c'était un grand pas. Les mesures restantes ne sont pas aussi radicales. Je suis allé dans le Tessin avec un masque et j'ai trouvé cela quelque peu inconfortable, certes, mais ce n'est pas comparable à la fermeture de tous les restaurants et des cinémas.

Le débat sur le certificat reflète-t-il les inquiétudes liées au vote sur la loi Covid en novembre?
Non. Je me réjouis de cette discussion. Cela peut être difficile, mais s'il vous plaît, soyez objectif et faites preuve de respect et de décence, comme nous en avons l'habitude. Quel est le rôle d'un gouvernement en cas de pandémie? De rétablir la liberté aussi vite que possible. C'est pourquoi nous n'avons pas de vaccination obligatoire, mais la possibilité de prouver par un certificat si l'on est guéri, vacciné ou testé. Aujourd'hui, toute personne qui souhaite participer à certains événements ou voyager commande un certificat. Plus de sept millions ont déjà été émis. Si nous rejetons la loi Covid, nous ne pourrons plus le faire.

Parlons, si vous le voulez bien, de la rentrée scolaire. Le canton de Berne a déclaré qu'il effectuerait des tests pendant trois semaines, puis les interromprait, d'autres cantons ont mis d'autres mesures en place. Avez-vous essayé d'harmoniser la politique des cantons concernant la rentrée?
Au début de l'été, le Conseil fédéral a recommandé de généraliser les tests dans les écoles. Je veux une quarantaine aussi courte que possible pour que les enfants puissent aller à l'école. La réaction à cette recommandation a parfois été dure, car les écoles sont du ressort des cantons.

L'association des enseignants demande des appareils de mesure de CO₂ dans les salles de classe.
Un air de bonne qualité est central. Nous faisons aussi régulièrement une petite pause au Conseil fédéral pour aérer la salle. Les appareils de mesure peuvent être utilisés comme un rappel de bien ventiler, mais il est plus important de ventiler efficacement et régulièrement.

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