Le combat de reines dégénère
Un Valaisan frappé après avoir défendu sa femme traitée de «négresse»

Les faits sont innommables. Un Valaisan aurait été frappé à coups de bâtons après avoir défendu sa femme traitée de «négresse» devant leurs enfants, ce samedi en marge d'une fête au Châble. Le père de famille se confie à Blick.
Publié: 27.09.2021 à 14:50 heures
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Dernière mise à jour: 27.09.2021 à 16:14 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Le récit de Cédric Nicolet, un grand barbu d’un mètre nonante, fait mal au ventre. Ce samedi, le Valaisan se trouve avec sa femme Tamara, sa belle-fille de 11 ans et leur petit dernier de trois ans à l’Arène de Probé, au Châble (VS). Au programme de cette sortie familiale dans le val de Bagnes: des dégustations de fromages du terroir et des combats de reines. Mais la beauté de ce cadre idyllique est soudainement salie par des actes nauséabonds.

Vers 18h, alors qu’une vache est attachée non loin d’une rivière et semble paniquer, des gens présents autour Cédric Nicolet demandent au propriétaire de la bête de la détacher pour éviter qu’elle ne tombe à l’eau. Selon le père de famille, l’homme s’est alors retourné et lui a lancé, devant son épouse métisse et leurs enfants: «Ferme ta gueule et dégage avec ta négresse de femme».

Le Valaisan refuse de faire comme s’il n’avait rien entendu et se dirige vers l’individu qui aurait proféré l’insulte raciste. Selon ses dires, Cédric Nicolet a à peine eu le temps de lui demander des excuses que le propriétaire de la vache et ses comparses se sont jetés sur lui, avant de le frapper avec des bâtons en lui répétant de partir «avec sa négresse».

Cédric Nicolet porte encore les stigmates de l'agression.
Photo: D.R.
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Le Valaisan a une formation de garde du corps. Pourtant, il ne réplique pas et se contente «d’esquiver au maximum». «C’était exclu que je me batte, assure-t-il à Blick ce lundi. Je dois montrer l’exemple à mes enfants. Le principe qu’on essaie de transmettre, c’est le respect les uns envers les autres, quoi qu’il arrive. Je me devais donc de réagir, mais sans violence.»

Toute la famille est «choquée»

Dans la lutte qui l’a opposé à «trois ou quatre personnes», Cédric Nicolet indique que sa femme a aussi été rudoyée. Une plainte a été déposée à la police cantonale valaisanne. «Aujourd’hui, ça va, même si tout le monde est choqué», commente-t-il sobrement, le visage encore marqué par les coups. Il reprend: «Me concernant, je me remettrai. Mais c’est plus compliqué pour ma femme; ces agressions racistes sont super-pénibles. Quant à nos enfants, ils ont eu très peur et c’est difficile pour eux d’avoir assisté à tout ça. On en discute en famille et on explique ce qui s’est passé et pourquoi on a réagi».

Peu après l’agression, le couple a décidé de partager son témoignage sur Facebook. Avant de le supprimer ce lundi pour ne pas empiéter sur l’enquête de police. «On est très contents du large soutien qu’on reçoit depuis, se réjouit Cédric Nicolet. On sait qu’on ne va pas éradiquer le racisme sur cette terre en prenant la parole mais il était très important pour nous d’exprimer nos convictions et de dire que nous ne sommes pas d’accord avec les choses qui se sont passées. Je tiens aussi à répéter que les faits n’ont rien à voir avec la mentalité des gens de la région ou encore avec les combats de reines. Au contraire. Les organisateurs de la journée ont été très corrects avec nous.»

Il faut laisser la justice faire son œuvre

Ces derniers ont d’ailleurs réagi dans la matinée sur les ondes de «Rhône FM»: «On ne peut jamais cautionner de tels actes aux antipodes de nos valeurs», déclare Fabien Sauthier, président de la Fédération suisse d’élevage de la race d’Hérens, qui n’était pas présent au moment de l’agression présumée. L’homme, qui estime maintenant qu’il faut laisser la justice s’emparer du dossier, dit «avoir une pensée pour la famille».

Sollicitée par nos confrères, la police confirme l’ouverture d’une enquête. «Les propos potentiellement racistes ou homophobes sont poursuivis d’office depuis l’année 2020 en Suisse», détaille la porte-parole Cynthia Zermatten. Les autorités cantonales ne feront pas d’autres commentaires.

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