Le plan de rachat de Vodafone passe mal
Un élu des Vert'libéraux propose de privatiser Swisscom

Avec l'achat de Vodafone Italia, le groupe public Swisscom se comporte comme une entreprise privée, ce qui déplaît à Berne. Le président des Vert'libéraux Jürg Grossen estime que la privatisation de l'entreprise pourrait justement être une solution.
Publié: 02.03.2024 à 10:37 heures
Sermîn Faki

Lorsque l'on a appris mercredi que Swisscom voulait débourser huit milliards de francs pour l'opérateur de téléphonie mobile italien Vodafone Italia, la sonnette d'alarme a retenti au Palais fédéral. La direction de Swisscom autour du PDG Christoph Aeschlimann devra prochainement se présenter devant quatre commissions parlementaires.

Le groupe public – 51% des actions de Swisscom sont détenues par la Confédération – risque de devoir faire face à de nombreux vents contraires: l'UDC a déjà demandé que Swisscom ne s'engage pas dans «des aventures de shopping avec l'argent des contribuables suisses».

«Examiner la privatisation de Swisscom»

Le président des Vert'libéraux Jürg Grossen veut, lui aussi, mettre un terme à cette situation. «Pour Swisscom, il s'agit peut-être d'une affaire intéressante. Mais ce n'est pas le rôle d'une entreprise publique suisse d'assurer le réseau de téléphonie mobile en Sicile. Ou de payer pour cela», dit-il en faisant référence aux dernières opérations de shopping de Swisscom qui ont échoué. 

Christoph Aeschlimann fait du shopping: le CEO de Swisscom veut acheter Vodafone Italia.
Photo: Keystone
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Il y en a plusieurs. Même Fastweb, l'opérateur italien de fibre optique, qui se porte désormais bien, a été pendant des années un enfant à problèmes. Sans parler de Debitel en Allemagne, un gouffre à milliards.

Jürg Grossen estime que les entreprises publiques doivent se concentrer sur les services publics de base nécessaires. «Si elles veulent faire autre chose, nous devrions privatiser les parties concernées. C'est pourquoi la privatisation de Swisscom doit être examinée.»

Ne pas tout privatiser

Toutefois, une question inévitable se pose: qui garantit encore le service public? L'État doit certes garantir le service universel, mais pas nécessairement continuer à le faire via une entreprise publique, rétorque Jürg Grossen. «Des appels d'offres concurrentiels seraient aussi un moyen», ajoute-t-il.

«Il ne s'agit pas de tout privatiser. Les infrastructures uniques comme les rails, les routes, les lignes électriques et les systèmes d'urgence doivent rester entre les mains de l'État», poursuit l'élu. Mais selon lui, l'époque du monopole des PTT est révolue depuis longtemps et le marché des télécommunications connaît aujourd'hui une concurrence qui fonctionne.

Une concurrence déloyale

La tâche de la politique est de veiller à ce que les infrastructures et les services publics soient clairement séparés de ceux de la concurrence privée. La privatisation partielle des entreprises fédérales a constitué une première étape logique il y a quelques années. Mais aujourd'hui, les entreprises d'Etat se font peut-être trop plaisir: elles exploitent des cinémas ou des sociétés de publicité et proposent des services informatiques – et concurrencent ainsi de manière déloyale l'économie privée.

«Aujourd'hui, nous avons un problème que nous devons résoudre», conclut le président des Vert'libéraux. Et il a déjà pris les devants. En septembre dernier, Jürg Grossen a demandé par voie d'intervention que le Parlement définisse dans la loi les prestations que les entreprises fédérales peuvent fournir en concurrence avec le privé et à quelles conditions. La commission économique du Conseil national a déjà approuvé cette proposition.

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