Le président cantonal Lionel Dugerdil s'explique
«Ces néonazis doivent en tenir une sacrée couche pour parler comme ça aujourd'hui»

Le président de l'UDC Genève, Lionel Dugerdil, se défend de tout lien entre son parti et des mouvements néonazis. La formation de droite et les extrémistes ne soutiennent pas la loi pour interdire les symboles de haine dans l'espace public, soumise aux urnes le 9 juin.
Publié: 05.06.2024 à 14:58 heures
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Dernière mise à jour: 05.06.2024 à 16:52 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

L'Union démocratique du centre (UDC) ne soutient pas le texte de son conseiller national genevois, Thomas Bläsi. Ce dernier veut bannir les symboles de haine, notamment nazis, des rues de Genève. Il sera soumis aux urnes le 9 juin.

Comme le soulignait un article de la «Tribune de Genève», le 4 juin, la formation de droite est la seule à dire non au texte. En réalité, la seule formation représentée au gouvernement, puisque des groupes néonazis et néofascistes font campagne contre la loi. L'UDC Genève partage-t-elle cet attachement aux symboles haineux d'un autre temps? Son président cantonal, Lionel Dugerdil, répond à Blick.

Lionel Dugerdil, partagez-vous le combat de ces groupes néofascistes?
Absolument pas. L'article rapproche notre parti de ces groupuscules et l'on s'est même demandé si nous n'allions pas porter plainte. On adore nous diaboliser, surtout en période de votations ou d'élections. Nous sommes habitués. Nous dénonçons toute forme de haine et de messages de haine.

Le président de l'UDC Genève s'exprime sur la votation de dimanche 9 juin pour l'interdiction des symboles haineux.
Photo: KEYSTONE

Craignez-vous des retombées similaires à celles vécues par les Jeunes UDC, critiqués pour leurs liens avec le parti d'extrême-droite Junge Tat?
Non, ça n'est pas la même chose. Je dirais même que ça n'a absolument rien à voir! On n'a jamais discuté avec ces néonazis qui s'opposent à la loi de Monsieur Bläsi. On ne veut pas leur parler, ni les rencontrer et encore moins nous associer avec eux. L'UDC de Madame Amaudruz (ndlr: ex-présidente du parti genevois, vice-présidente de l'UDC suisse), ou désormais sous ma direction, ne tolère aucun haineux.

Mais alors, pourquoi ne pas soutenir le texte de votre député à Berne?
Évidemment que l'on dénonce tous ces messages haineux. Mais le projet ne définissait pas lesquels, ni ne précisait qui allait arbitrer ce qui était haineux ou pas. C'était ça le souci.

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«On ne doit plus avoir le droit d'avoir des sympathies pour les nazis»
Lionel Dugerdil, président de l'UDC Genève
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Le texte parle de symboles de haine, «notamment nazi». Y a-t-il vraiment du flou?
À titre personnel, je soutiens ce texte. Mais je peux aussi comprendre le problème de l'UDC, qui est le parti de la liberté, à élire un arbitre qui décrète ce qui est autorisé ou non. Je tiens à préciser qu'on n'a absolument pas fait campagne contre la loi.

Des erreurs d'appréciation de ces symboles de haine vous gêne?
Le texte est lacunaire. Par exemple, les jeunes qui sont en train de restaurer le Parti communiste, y réfléchiraient peut-être à deux fois avant de brandir des marteaux et des faucilles, si un vrai travail de mémoire avait été fait. Pareil avec les t-shirts à l'effigie du Che, qui adorait fusiller ses opposants devant les télévisions publiques.

Vous êtes sensible au travail de mémoire?
Oui, le travail de la CICAD (ndlr: la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation) et des professeurs d'histoire est essentiel pour que les atrocités de la Deuxième Guerre mondiale ne se reproduisent pas. On ne doit plus avoir le droit d'avoir des sympathies pour les nazis. Il n'y aura bientôt plus de mémoire vivante du débarquement. Je reconnais là les efforts de la CICAD pour qu'on comprenne bien ce que veut dire un salut nazi, aujourd'hui, ce qu'il représente et pourquoi ça ne peut plus exister.

Thomas Bläsi attend un soutien avant le 9 juin, l'UDC Genève va-t-elle le lui témoigner?
On discute entre députés et le comité directeur pour un soutien, oui. Les propos relatés par la «Tribune» sont abominables, il faut en tenir une sacrée couche pour oser parler comme ça aujourd'hui.

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