Le vent tourne à Yverdon
L'homme accusé d'agression par l'ex-boss d'Y-Parc blanchi pour de bon

En mars 2021, la directrice d’Y-Parc a été agressée. Elle et son entourage accusaient un entrepreneur passé par ce pôle technologique d'Yverdon-les-Bains. Ce dernier est mis hors de cause par la justice, a appris Blick.
Publié: 15.12.2022 à 16:36 heures
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Dernière mise à jour: 21.04.2023 à 11:54 heures

Cette fois, c’est terminé. L’entrepreneur accusé d’agression par l’ancienne directrice du parc scientifique et technologique d’Yverdon-les-Bains, le plus vieux et le plus grand de Suisse, est blanchi par la justice, a appris Blick.

Souvenez-vous. Ce 1er décembre, nous révélions que, dans une ordonnance de classement et de suspension datée du mardi 22 novembre, le Ministère public mettait hors de cause l’homme qui n’avait cessé de clamer son innocence depuis le passage à tabac de la jeune femme, survenu le 17 mars 2021. L’avocat de la plaignante, Raphaël Mahaim, conseiller national vaudois et candidat des Vert-e-s au Conseil des Etats, nous confiait, dans la foulée, réfléchir à contester cette décision.

Le récit de l'agression et ses développements

Un rappel des faits s’impose. Replongeons-nous dans notre article du 1er décembre et dans le récit de l’ex-dirigeante d'Y-Parc, licenciée quelques mois après avoir été passée à tabac, le 17 mars 2021. Dans les grandes lignes, elle indiquait que, le jour des coups, elle était partie faire un jogging dans les champs non loin de son lieu de travail.

Alors qu’elle s’était arrêtée en chemin et qu’elle regardait son chien gambader, elle aurait aperçu un homme vêtu d’un jean et d’un pull à capuche, masquant son visage. Celui-ci aurait tenté de donner un coup de pied à son fidèle compagnon à quatre pattes avant de s’approcher d’elle, à quelque 50 centimètres. Puis, blackout.

La jeune femme se serait ensuite réveillée, par terre, dans une flaque d’eau, après avoir été frappée. En tentant de retourner à sa voiture, elle aurait été prise de vertiges et aurait vomi, chutant même à plusieurs reprises.

Rebondissements en série

Le bilan médical est sérieux: elle a souffert «de plusieurs tuméfactions, ecchymoses et douleurs à la palpation, notamment au niveau du visage, du flanc droit et de la jambe et du bras gauche», liste le Ministère public. Les soupçons de la victime se sont immédiatement portés sur «son ex-copain», l’entrepreneur qui était brièvement passé par Y-Parc avant d’en être viré pour «non-paiement du loyer et travaux non autorisés», notamment.

Parallèlement, l’homme pointé du doigt, dont le nom et les actes présumés se murmuraient sur toutes les lèvres au sein du landerneau politique, se défendait en affirmant être en réalité la victime de celle qui l’accuse. Dans notre enquête publiée le 8 juin 2021, fruit de trois semaines de recherches, il étayait ses assertions avec des dizaines et des dizaines de documents: enregistrements vocaux, courriels, messages échangés sur l’application WhatsApp et… copie de son historique d’appels.

Ainsi, une nuit, l’Yverdonnoise — qui avait d’après l’entrepreneur en question «un comportement obsessionnel» — lui avait laissé pas moins de 45 appels en absence. Il affirmait, en outre, avoir toujours réglé ce qu’il devait à Y-Parc et que son expulsion était fondée sur des motifs «mensongers». La vraie raison selon lui? Il aurait payé au prix fort le fait d’avoir dénoncé le comportement de la dirigeante. Neuf témoignages qui se recoupent venaient souligner cette interprétation.

En janvier de cette année, le conseil d’administration revenait complètement sur les justifications avancées pour le faire quitter ses locaux. «Nous n’avions pas d’autres informations que celles remontées par notre ancienne directrice et nous n’avons compris qu’après coup qu’elle nous transmettait parfois de mauvaises informations», nous confiait Pierre-Luc Maillefer, président ad intérim du conseil d’administration, avant que Pascal Broulis, ancien conseiller d’Etat et actuel candidat au Conseil des Etats libéral-radical, ne le remplace. De son côté, leur ex-employée maintenait sa version des faits par la voix de son avocat, le conseiller national et candidat écologiste au Conseil des Etats Raphaël Mahaim.

Un rappel des faits s’impose. Replongeons-nous dans notre article du 1er décembre et dans le récit de l’ex-dirigeante d'Y-Parc, licenciée quelques mois après avoir été passée à tabac, le 17 mars 2021. Dans les grandes lignes, elle indiquait que, le jour des coups, elle était partie faire un jogging dans les champs non loin de son lieu de travail.

Alors qu’elle s’était arrêtée en chemin et qu’elle regardait son chien gambader, elle aurait aperçu un homme vêtu d’un jean et d’un pull à capuche, masquant son visage. Celui-ci aurait tenté de donner un coup de pied à son fidèle compagnon à quatre pattes avant de s’approcher d’elle, à quelque 50 centimètres. Puis, blackout.

La jeune femme se serait ensuite réveillée, par terre, dans une flaque d’eau, après avoir été frappée. En tentant de retourner à sa voiture, elle aurait été prise de vertiges et aurait vomi, chutant même à plusieurs reprises.

Rebondissements en série

Le bilan médical est sérieux: elle a souffert «de plusieurs tuméfactions, ecchymoses et douleurs à la palpation, notamment au niveau du visage, du flanc droit et de la jambe et du bras gauche», liste le Ministère public. Les soupçons de la victime se sont immédiatement portés sur «son ex-copain», l’entrepreneur qui était brièvement passé par Y-Parc avant d’en être viré pour «non-paiement du loyer et travaux non autorisés», notamment.

Parallèlement, l’homme pointé du doigt, dont le nom et les actes présumés se murmuraient sur toutes les lèvres au sein du landerneau politique, se défendait en affirmant être en réalité la victime de celle qui l’accuse. Dans notre enquête publiée le 8 juin 2021, fruit de trois semaines de recherches, il étayait ses assertions avec des dizaines et des dizaines de documents: enregistrements vocaux, courriels, messages échangés sur l’application WhatsApp et… copie de son historique d’appels.

Ainsi, une nuit, l’Yverdonnoise — qui avait d’après l’entrepreneur en question «un comportement obsessionnel» — lui avait laissé pas moins de 45 appels en absence. Il affirmait, en outre, avoir toujours réglé ce qu’il devait à Y-Parc et que son expulsion était fondée sur des motifs «mensongers». La vraie raison selon lui? Il aurait payé au prix fort le fait d’avoir dénoncé le comportement de la dirigeante. Neuf témoignages qui se recoupent venaient souligner cette interprétation.

En janvier de cette année, le conseil d’administration revenait complètement sur les justifications avancées pour le faire quitter ses locaux. «Nous n’avions pas d’autres informations que celles remontées par notre ancienne directrice et nous n’avons compris qu’après coup qu’elle nous transmettait parfois de mauvaises informations», nous confiait Pierre-Luc Maillefer, président ad intérim du conseil d’administration, avant que Pascal Broulis, ancien conseiller d’Etat et actuel candidat au Conseil des Etats libéral-radical, ne le remplace. De son côté, leur ex-employée maintenait sa version des faits par la voix de son avocat, le conseiller national et candidat écologiste au Conseil des Etats Raphaël Mahaim.

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Contacté ce mercredi, l’homme de loi se détermine par écrit. «Après mûre réflexion, [l’ex-directrice] a décidé de ne pas faire recours contre le classement partiel de la procédure. La procédure pénale restera maintenant ouverte contre inconnu.»

Le camp de l'entrepreneur définitivement mis hors de cause ne compte pas en rester là.
Photo: Creative Lab
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«L’enquête a été bâclée, même si une personne a été considérée un certain temps comme suspecte»
Raphaël Mahaim, avocat de la plaignante
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Ce ténor du barreau sort la sulfateuse. «L’enquête a été bâclée, même si une personne a été considérée un certain temps comme suspecte — statut de prévenu. Les autorités pénales n’ont malheureusement trouvé aucun élément de preuve et il paraît improbable que de nouvelles preuves apparaissent après un recours, vu le temps écoulé depuis les faits. Dans ce contexte, [la plaignante], qui a retrouvé un emploi en dehors de Suisse, souhaite tourner la page de ce volet pénal de l’affaire, qui ravive en permanence des souvenirs particulièrement douloureux.»

Raphaël Mahaim conclut sa prise de position avec une injonction à l’attention des médias: «Il devient impératif que la presse cesse de ressasser cette histoire et lui permette de retrouver la sérénité à laquelle elle aspire.»

Des accusations «mensongères»

Du côté de l’entrepreneur pointé du doigt par l’Yverdonnoise et son clan, on goûte peu à la lecture de la partie adverse. «La messe est dite une bonne fois pour toutes, tonne son avocat Sébastien Pedroli, par ailleurs député socialiste au Grand Conseil vaudois. Continuer d’insinuer le contraire est irresponsable. Mon client est, maintenant, définitivement mis hors de cause.»

Le Payernois monte, à son tour, sur le ring. «La décision du Ministère public n'est pas surprenante, car, dès le début, tout individu qui avait en mains les pièces du dossier savait que mon client n’avait strictement rien à faire dans cette histoire. Nous étions prêts à démontrer, point après point, en quoi les accusations de [l’ancienne dirigeante d’Y-Parc] étaient mensongères. Mais nous n’avons pas eu à affiner notre défense, tant les faits étaient de notre côté.»

«
«Contrairement à ce que mon confrère pérore, les enquêteurs ont bien fait leur boulot»
Sébastien Pedroli, avocat de l'entrepreneur blanchi
»

Le défenseur tient aussi à répondre à Raphaël Mahaim sur un point en particulier. «Contrairement à ce que mon confrère pérore, les enquêteurs ont bien fait leur boulot: des témoins ont été auditionnés, des prélèvements ADN ont été réalisés. Simplement, après investigation, leurs conclusions ne correspondent pas au narratif de sa cliente. C’est fâcheux pour eux. Que les choses soient claires: si Me Mahaim pensait réellement que l’enquête avait été autant bâclée qu’il le prétend, il aurait fait recours. Cette pirouette ne trompe personne.»

Que va-t-il se passer maintenant?

Et maintenant, affaire close? Tant s'en faut. Sébastien Pedroli estime qu’il est «un peu facile» d’appeler à la sérénité «après avoir inlassablement accusé sur la place publique un innocent, avec toutes les conséquences professionnelles et psychologiques que cela peut avoir».

Il va même plus loin et promet des suites. «On ne peut pas, durant plus d’une année, injustement mettre au ban une personne, puis, une fois qu’elle est officiellement innocentée, vouloir passer à autre chose comme si de rien n’était, s'étrangle le pénaliste. Nous n’en resterons pas là. D’ailleurs, comme cette procédure est désormais achevée, nos différentes plaintes déposées en parallèle pour calomnies — notamment contre [l’ex-directrice] — vont enfin pouvoir être examinées comme elles le méritent.»

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