Les CFF se justifient
Contraint de s'asseoir en 1ère classe, un homme handicapé reçoit une amende

Ce jour-là, comme souvent, la 2e classe du train CFF était bondée. Ce senior opéré de la hanche a donc décidé de s'installer en 1ère classe, en espérant de la compréhension et de la bonne foi de la part des contrôleurs. Mais tout ce qu'il a reçu est une amende salée.
Publié: 12.02.2024 à 12:31 heures
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Dernière mise à jour: 12.02.2024 à 14:00 heures

Les trains CFF sont connus pour être très fréquentés, notamment sur la ligne Genève-Lausanne. Mais en Suisse alémanique aussi, l'affluence excessive des pendulaires est un fléau. Raymond Diebold en a fait l'expérience. A 71 ans, cet ancien enseignant travaille toujours régulièrement comme remplaçant dans les salles de classe pour palier la pénurie de personnel dans les écoles.

L'épisode se déroule en novembre dernier. Le septuagénaire fait alors régulièrement la navette entre Pfäffikon et Winterthour pour ses remplacements dans la région de Zurich. Un beau matin, peu avant sept heures, l'affluence de voyageurs est telle qu'il a du mal à se glisser à l'intérieur du train. A l'intérieur du wagon, la situation n'est guère meilleure: une file de passagers encombre le passage vers le compartiment de 2e classe, raconte Raymond.

Sa santé l'empêchait de rester debout

Mais pour lui, impossible de rester debout et d'attendre: il vient d'être opéré de la hanche à gauche. Son pied droit est fracturé, et la douleur l'handicape. Alors que la 2e classe est encombrée, la voie vers la 1ère classe, elle, est libre et pleine de places assises. Raymond se dirige donc vers la 1ère classe en boitant. «L'idée était de s'installer en 2e classe dès qu'une place se libérerait.»

Les contrôleurs des CFF n'ont pas été indulgents avec une personne à mobilité réduite qui, faute de place, s'est assise en 1ère classe.
Photo: Christian Beutler/Keystone
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C'était sans compter la suite des événements. «A peine assis, deux contrôleuses sont venues me reprocher de ne pas avoir de billet valable.» Elles ne veulent rien savoir de ses problèmes de santé et du manque de places libres en 2e classe. «Elles m'ont dit que les CFF n'étaient pas obligés de proposer des places assises aux passagers.» Le pauvre homme a finalement dû payer un supplément: 140 francs d'amende et 5 francs de plus pour un changement de classe.

Un certificat médical n'a servi à rien

Suite à cet incident, Raymond s'est tourné vers le service client armé d'un certificat médical. Mais rien n'y fait. De quoi énerver le voyageur, qui ne se sent pas respecté: «Personne n'a pu m'expliquer comment j'aurais pu me rendre légalement et à temps jusqu'à ma destination dans cette situation.»

En revanche, les CFF ont, «par complaisance», renoncé à une plainte pénale. Car le passager est un «récidiviste». Il y a deux ans, il s'était déjà déplacé sans billet valable. «J'avais oublié que mon abonnement général était arrivé à échéance.» L'enseignant est conscient que les CFF sont dans leur droit. Malgré tout, il ressent un grand sentiment d'injustice. «Il n'y avait pas de mauvaise intention derrière mon infraction.»

«Il n'y a pas de droit à la tolérance»

Quelles sont les règles en vigueur aux CFF en matière d'indulgence? Les sanctions dépendent-elles de la bonne volonté de certains collaborateurs, ou existe-t-il une sorte de manuel interne? En pratique, chaque cas est examiné individuellement. L'égalité de traitement est primordiale, a-t-on répondu à Blick. Mais une chose est sûre: «Il n'y a pas de droit à la tolérance.»

Voyager sans billet valable est une infraction à la loi sur le transport des voyageurs. Une réclamation est en principe possible dès le premier faux pas, mais pas lors d'un changement de classe ultérieur dans les trains autocontrôlés. Raymond Diebold n'avait donc pas d'autres choix que de descendre du train... et d'arriver en retard en classe.

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