L'inquiétude grandit face à la hausse des chiffres
La vaccination, seule arme efficace contre le variant Delta

Alors que la pandémie semblait enfin être sous contrôle, le variant Delta vient jouer les trouble-fête. Plus agressif et plus contagieux que le virus original, il peut infecter même les personnes vaccinées. La Suisse est-elle menacée par un nouveau semi-confinement?
Publié: 08.07.2021 à 06:02 heures
|
Dernière mise à jour: 08.07.2021 à 06:27 heures
Johannes Hillig

Un verre en terrasse, un cinéma en famille ou un concert avec ses amis. Ces activités, qui semblaient relever de la science-fiction en 2020, semblaient enfin être à nouveau à portée de main. Avec des chiffres d’infection qui repartent à la hausse et la progression du variant Delta, devra-t-on à nouveau prendre des mesures restrictives en Suisse?

En Grande-Bretagne et en Israël notamment, le variant Delta fait exploser le nombre d’infections malgré les vaccinations. Les dernières nouvelles du pays pourtant roi de la vaccination, Israël, sont particulièrement alarmantes. L’efficacité du vaccin de BioNTech/Pfizer a considérablement diminué ces dernières semaines. En février dernier, on disait encore que le vaccin offrait une protection de 95,8% contre une infection au SARS-Cov-2. Aujourd’hui, il n’est que de 64%.

Les infections en hausse causées par le variant Delta n’ont cependant guère eu d’effet sur les hospitalisations et les décès. Cette raison aura notamment suffi aux Britanniques pour ne pas renoncer à l’allègement des mesures. À partir du 19 juillet, le télétravail, l’obligation du port du masque et les règles de distanciation appartiendront déjà au passé. Israël, en revanche, ne prend pas le variant Delta à la légère. Les mesures y sont à nouveau renforcées.

En voyant ces images, on pourrait penser que la pandémie est terminée au Royaume-Uni.
Photo: keystone-sda.ch
1/12

Le Delta mène à des formes plus sévères du Covid-19

Le variant Delta se répand aussi en Suisse. Le nombre d’infections est en augmentation et double actuellement de semaine en semaine, a expliqué mardi Martin Ackermann, président de la task force scientifique suisse.

«Ce variant est à prendre au sérieux, car il se propage beaucoup plus facilement, mène à des formes plus sévères de la maladie et peut réduire l’efficacité des vaccinations», a déclaré à Blick le médecin cantonal bâlois Thomas Steffen.

Le rapport de la task force indique également «que la probabilité d’hospitalisation ou de décès après une infection par le variant Delta est augmentée d’au moins 50%» par rapport aux autres mutations.

La propagation du variant risque-t-elle de surcharger les hôpitaux suisses? Non, affirme l’infectiologue tessinois Andreas Cerny. Il indique que «nous nous attendons à moins de décès et d’hospitalisations, parce qu’en ce moment, davantage de jeunes sont infectés et la vaccination complète protège les patients à haut risque.»

Plus d’anticorps nécessaires

La raison pour laquelle le variant Delta est plus contagieux fait l’objet de recherches. Jusqu’à présent, les scientifiques pensent que des mutations de la protéine spike sont responsables. Celui-ci peut ainsi mieux se camoufler et tromper notre système immunitaire.

Le variant Delta est également mieux armé contre la vaccination que ses prédécesseurs. «Il est porteur de mutations, notamment dans la zone où nos anticorps s’arriment au virus et le neutralisent. Ce qui signifie que nous avons besoin d’un peu plus d’entre eux pour être efficacement protégés», explique Andreas Cerny.

Toutefois, cela ne signifie pas que la vaccination est moins importante. Bien au contraire, la Suisse ne devrait pas relâcher ses efforts en la matière maintenant.

Chaque vaccination compte

«La vaccination revêt une importance supplémentaire», indique à Blick Jan Fehr, infectiologue à l’Université de Zurich. «Selon les premières indications, les vaccins à ARNm préviennent la progression de la maladie, même pour le variant Delta, à condition que les personnes soient également entièrement vaccinées. C’est ce que montrent les chiffres de la Grande-Bretagne et d’Israël. C’est une bonne nouvelle.»

Le médecin cantonal de Bâle-Ville est du même avis. «Avec chaque vaccination, nous pouvons mieux nous protéger activement et contribuer à empêcher les virus de se propager davantage», a déclaré Thomas Steffen à Blick. «Chaque piqûre est un pas de plus dans la lutte contre la pandémie», a-t-il déclaré.

Dans ce contexte, Israël pourrait à nouveau devenir un pays modèle. Par exemple, on y discute actuellement de savoir si les personnes vaccinées devraient bientôt recevoir un rappel de vaccination en cas de risque accru d’évolution grave.

Un autre confinement peut être évité

Alors que les Britanniques lèvent leurs mesures, celles-ci sont renforcées en Israël. Et la Suisse dans tout ça? «La situation ici ne peut être comparée à celle de la Grande-Bretagne ou d’Israël», explique Pierre-Yves Bochud, président de la Société suisse d’infectiologie.

La meilleure stratégie consiste à poursuivre la vaccination afin d’être bien préparé pour l’automne. Le cas échéant, les chiffres pourraient bien augmenter à nouveau de manière significative. Un nouveau confinement pourrait alors être évité.

Pour Pierre-Yves Bochud, «Plus le nombre de personnes vaccinées est élevé, plus les chances de contrôler la pandémie et l’émergence de nouveaux variants, éventuellement encore plus transmissibles, sont grandes.» Jan Fehr et Thomas Steffen sont également convaincus qu’un autre confinement ne sera pas nécessaire si une partie suffisamment importante de la population se fait vacciner.

«Jusqu’à présent, nous avons une bonne longueur d’avance sur la progression du virus, que nous ne devons pas gaspiller. Mais il s’agit de tenir encore un moment. Parce que la pandémie n’est pas encore terminée», rappelle Jan Fehr. «La levée des mesures, comme au Royaume-Uni, serait hâtive. Il est encore trop tôt pour un retour de la poignée de main», dit-il.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la