Lukas Engelberger
«La 2G sur l'ensemble du territoire est une possibilité»

Lukas Engelberger, président des directeurs de la santé, doute que les dernières mesures anti-Covid soient suffisantes. Il plaide pour l'application de la règle des «2G». Des fermetures pourraient également être à nouveau d'actualité.
Publié: 05.12.2021 à 09:39 heures
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Dernière mise à jour: 05.12.2021 à 09:43 heures
Interview: Camilla Alabor

Cette semaine, le Conseil fédéral a fait des propositions pour maîtriser l’augmentation du nombre de cas de Covid. Il s’agissait de mesures relativement souples, mais les cantons les ont en partie rejetées. Que s’est-il passé?
Lukas Engelberger: Ce n’est pas un résumé correct de la situation. Les cantons ont approuvé à une large majorité les propositions du Conseil fédéral, sauf l’obligation de passer des tests dans les écoles.

C’est précisément la mesure pour laquelle les épidémiologistes plaident depuis longtemps.
Les tests répétitifs à l’école sont un cas particulier. Ils relèvent de la compétence des cantons puisqu’il s’agit du domaine de l’éducation. Mais le veto opposé à une mesure nationale ne signifie pas que certains cantons ne le font pas de manière individuelle. Certains testent systématiquement, d’autres effectuent des tests de dépistage simples. On peut avoir des avis divergents à ce sujet. Mais dire que les cantons ont refusé les mesures n’est pas juste.

Les cantons ont également rejeté l’obligation du home office et l’extension de l’obligation du certificat Covid pour les manifestations privées.
En ce qui concerne le home office, la Confédération avait proposé différentes variantes. Et pour les réunions privées, il n’y a pas de grande différence entre parler d’une obligation ou d’une recommandation urgente d’étendre le certificat, cela revient au même.

La 2G va-t-elle être appliquée majoritairement en Suisse? Lukas Engelberger ne ferme pas cette option.
Photo: keystone-sda.ch
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Alain Berset a laissé entendre qu’il ne comprenait pas le comportement des cantons, qui avaient d’abord exigé de la Confédération des mesures plus sévères puis les ont déclinées lorsque celle-ci en a proposé…
Les cantons ont plutôt bien accueilli les propositions de la Confédération. Que l’on ne soit pas d’accord avec l’entièreté de la consultation fait partie du système. Mais il ne serait pas juste de critiquer gratuitement les cantons, la situation n’est pas facile pour eux non plus.

Que voulez-vous dire?
Il y a quatre semaines, nous avons indiqué que des mesures au niveau national seraient souhaitables. Le Conseil fédéral a renvoyé la balle aux cantons, ce qui explique pourquoi nombre d’entre eux ont édicté une obligation de porter le masque à l’intérieur des bâtiments. Puis la Confédération propose soudainement l’option des 2G sans obligation de porter le masque… La situation n’est pas seulement délicate pour le Conseil fédéral.

On a l’impression que la Confédération et les cantons se renvoient à nouveau la responsabilité. N’a-t-on donc rien appris de l’hiver dernier?
La situation est très différente de celle de l’hiver dernier. Nous disposons de la vaccination, la campagne de la dose de rappel a commencé et avec le certificat, nous avons un nouvel instrument pour gérer la situation. Mais chaque phase d’escalade de la pandémie est exigeante. Il en sera de même à l’avenir.

Alain Berset a annoncé de nouvelles mesures tout en appelant les cantons à prendre des mesures encore plus strictes si nécessaire. Cela ne semble pas très cohérent.
Les cantons décideront s’ils veulent des mesures plus strictes. L’idée est les mesures prises à l’échelle nationale puissent protéger suffisamment la population. Nous verrons dans les prochains jours si c’est le cas.

Des appels à l’aide émanent déjà des hôpitaux…
Oui, nous naviguons à vue à ce niveau. Nous espérons que les mesures actuelles suffisent pour les désengorger. Mais personne ne devrait être surpris si, dans une ou deux semaines, nous constatons que d’autres restrictions sont nécessaires.

L’application de la 2G sur l’ensemble du territoire est-elle une option?
C’est une possibilité. Avec sa décision de vendredi, le Conseil fédéral a déjà pris les devants. Mais si l’on ne parvient pas à maîtriser la dynamique, la 2G ne suffira pas. Il faudra alors étendre l’obligation de porter le masque et introduire de nouvelles restrictions de capacité.

2G, 2G+, 3G: de quoi parle-t-on?

Le monde germanophone a trouvé une astucieuse manière de parler des différents niveaux de protection sanitaire qui composent les mesures. Il s’agit de la règle des 3G, 2G ou 1G.

3G: geimpft, genesen, getestet; vacciné, guéri, testé.

Chaque statut permet de disposer du certificat Covid pour une durée limitée spécifique. Les personnes ne voulant pas du vaccin peuvent prouver par un test qu'ils sont négatifs au Covid. Il s’agit de l’application pratique la plus répandue, bien qu'elle tende à être remplacée par la 2G.

2G: geimpft, genesen; vacciné, guéri.

Prouver par un test que l’on est négatif au Covid ne suffit plus à se rendre librement en intérieur, dans les restaurants ou commerces: il faut être guéri ou vacciné. Après l'Allemagne et l'Autriche, cette application s'est récemment généralisée dans de nombreux commerces en Suisse, sur indication du Conseil fédéral.

2G+: vacciné, guéri + testé.

Les personnes doivent être guéries ou vaccinées et prouver par un test qu'elles sont négatives au coronavirus.

1G: geimpft; vacciné.

Cette application n’a lieu quasiment nulle part. Pour être considérées comme vaccinées, les personnes qui n’ont pas attrapé le Covid doivent recevoir deux injections et les personnes déjà guéries une seule. L'Autriche a prévu la vaccination obligatoire dès février prochain. Le Costa Rica a imposé cette mesure pour ses hôtels et ses restaurants.

Le monde germanophone a trouvé une astucieuse manière de parler des différents niveaux de protection sanitaire qui composent les mesures. Il s’agit de la règle des 3G, 2G ou 1G.

3G: geimpft, genesen, getestet; vacciné, guéri, testé.

Chaque statut permet de disposer du certificat Covid pour une durée limitée spécifique. Les personnes ne voulant pas du vaccin peuvent prouver par un test qu'ils sont négatifs au Covid. Il s’agit de l’application pratique la plus répandue, bien qu'elle tende à être remplacée par la 2G.

2G: geimpft, genesen; vacciné, guéri.

Prouver par un test que l’on est négatif au Covid ne suffit plus à se rendre librement en intérieur, dans les restaurants ou commerces: il faut être guéri ou vacciné. Après l'Allemagne et l'Autriche, cette application s'est récemment généralisée dans de nombreux commerces en Suisse, sur indication du Conseil fédéral.

2G+: vacciné, guéri + testé.

Les personnes doivent être guéries ou vaccinées et prouver par un test qu'elles sont négatives au coronavirus.

1G: geimpft; vacciné.

Cette application n’a lieu quasiment nulle part. Pour être considérées comme vaccinées, les personnes qui n’ont pas attrapé le Covid doivent recevoir deux injections et les personnes déjà guéries une seule. L'Autriche a prévu la vaccination obligatoire dès février prochain. Le Costa Rica a imposé cette mesure pour ses hôtels et ses restaurants.

plus

Des restrictions de capacité que le Conseil fédéral s’est vu contraint de revoir à la baisse pour ne pas faire davantage pression sur la partie la population vaccinée…
Sur ce point, nous arrivons à une autre conclusion que la Confédération.

Des fermetures seront-elles à nouveau d’actualité?
L’Autriche l’a fait. Nous voulons éviter cela, et je continue à le soutenir. Mais nous ne pouvons pas l’exclure.

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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