L'unique candidat vert au Conseil fédéral
«J'ai l'avantage d'avoir des amis des deux côtés de l'échiquier politique»

Gerhard Andrey est, pour l'instant, le seul candidat des Vert-e-s au Conseil fédéral. La démarche stratégique est remise en question par ses opposants politiques. Pertinence, siège visé, arguments: le Fribourgeois déballe tout dans notre interview.
Publié: 02.11.2023 à 16:50 heures
Léo Michoud

En 2019, il était le premier Vert de l'histoire à avoir été élu pour représenter Fribourg sur la scène nationale. Le Conseiller national Gerhard Andrey vient d'annoncer sa candidature au Conseil fédéral, assurant viser non pas le siège laissé vacant par Alain Berset, mais bien un des sièges PLR. Cependant, il est bien seul.

Seul du côté de son parti, dont il sera l'unique candidat. Seul aussi à croire (du moins en apparence) à son élection au Gouvernement. Les autres partis se montrent plutôt sceptiques quant à la démarche stratégique des Vert-e-s, visant la plus haute marche de l'État juste après avoir perdu des plumes lors des élections fédérales. Interview.

Gerhard Andrey, les Vert-e-s se sont pris une veste aux dernières élections. Rien ne semble justifier un siège au Conseil Fédéral.
Déjà, je voudrais dire que ma motivation, c'est de m'engager pour une nature intacte, pour une société saine et solidaire et pour une économie circulaire et durable. C'est ce qui garantira une bonne vie pour notre génération et pour les futures. Pour en venir à votre remarque, je souligne que nous venons de réaliser le deuxième meilleur résultat de notre histoire, en récoltant près de 10% de votes. En face, le PLR est au plus bas, après 175 ans d'existence. Dans la formule actuelle, un parti doit réunir environ 14% des voix pour prétendre à un siège. C'est justement le score du PLR aux dernières élections. Son deuxième siège n'est donc plus du tout justifié arithmétiquement.

Gerhard Andrey est le premier Vert fribourgeois à avoir atteint le Parlement de l'histoire de son parti.
Photo: Keystone

Donc vous visez un siège du PLR et non celui du socialiste Alain Berset, sur le départ?
Le PLR est surreprésenté au Conseil fédéral. C'était déjà le cas lors de la dernière législature. Par ailleurs, les partis de droite avaient dit aux Vert-e-s qu'il fallait qu'ils se maintiennent lors des Fédérales s'ils voulaient un siège au Gouvernement. On a certes perdu des plumes, mais notre résultat reste historiquement haut. Les socialistes ont progressé. Il est donc hors de question d'attaquer un de leurs deux sièges. C'est maintenant au PLR de laisser une de ses places. C'est pourquoi nous voulons y aller. Nous voulons amener d'autres idées au sein du Conseil fédéral, y défendre le climat et la cause environnementale.

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Penser que quelque chose est impossible, c'est la meilleure excuse pour ne pas s'y mettre. Cela vaut pour les crises que l'on a devant nous, comme pour les courses électorales.
Gerhard Andrey, candidat vert au Conseil fédéral
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Les candidatures vertes au Conseil fédéral, une longue histoire d'échecs. Pourquoi vous lancer si vous savez que ça ne va pas fonctionner?
En Suisse, nous avons le plus long tunnel du monde, des barrages gigantesques ou encore le réseau ferroviaire le plus performant de la planète. Si on nous avait dit que leur construction était impossible, nous n'aurions pas ces infrastructures aujourd'hui. Penser que quelque chose est impossible, c'est la meilleure excuse pour ne pas s'y mettre. Même si c'est difficile, on peut trouver des solutions. Cela vaut pour les crises que l'on a devant nous, comme pour les courses électorales. Après tout, il s'agit d'un processus démocratique. Il ne faut pas penser qu'on va obtenir ce siège si on ne se lance qu'une seule fois. Karin Keller-Sutter a par exemple été élue à sa deuxième tentative.

Votre légitimité à postuler est remise en question à votre droite. On vous accuse de vouloir briser la formule magique. C'est vrai?
C'était déjà le même argumentaire il y a quatre ans. Un quart de l'électorat n'est pas représenté au Gouvernement. L'idée de la politique de concordance en Suisse, c'est d'inclure les forces importantes au sein du Conseil fédéral, dont font partie les Vert-e-s aujourd'hui. Garantir cet équilibre relève de la responsabilité des partis actuellement au pouvoir. C'est problématique de fermer la porte à un renouveau. La majorité UDC-PLR, qui domine le collège, ne représente pas bien les forces électorales d'aujourd'hui.

Si vous entrez au Conseil fédéral, le départ du Fribourgeois Alain Berset aura débouché sur l'arrivée d'un autre Fribourgeois. Ne faudrait-il pas donner sa chance à une personne d'un canton absent du Gouvernement depuis longtemps?
C'est un élément parmi d'autres. Je suis de ce canton, j'y suis né et j'y vis. Ce que je veux amener, ce sont d'autres compétences: sur le climat, le développement durable, la numérisation, l'entrepreneuriat progressiste. Maintenant, comparons la représentation de Fribourg au sein du Conseil fédéral avec celle de Neuchâtel. Avec deux fois moins d'habitants, ils ont eu deux fois plus de représentants au Conseil fédéral dans l'histoire que nous. L'enchainement de deux Fribourgeois, si je suis élu au gouvernement, ne serait donc pas problématique.

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Sur Twitter, vous avez reçu le soutien inattendu de Nicolas Kolly, nouveau Conseiller national UDC fribourgeois. Il parle d'une «bonne candidature», mais qui devrait plutôt viser un des sièges socialistes. Qu'en pensez-vous?
Le calcul est un peu simpliste, car il met Le Centre, les Vert'libéraux et le PLR dans le même panier. Mais je suis bien sûr très heureux que le nouveau conseiller national UDC trouve que ma candidature est «bonne». J'ai l'avantage d'avoir des amis et des bonnes relations des deux côtés de l'échiquier politique, notamment grâce à mon parcours entrepreneurial. J'ai beaucoup travaillé avec des membres du PLR. Et j'ai déposé des motions en commun avec des collègues de tous les groupes parlementaires, jusqu'à l'UDC. Ma méthode, c'est d'aller chercher de véritables partenariats, et non de simples signatures.

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