Meeting secret à Schwytz
Ueli Maurer a rencontré une leader de l'extrême droite allemande

Officiellement, l'UDC ne collabore pas avec des partis étrangers. Mais il existe des contacts informels – par exemple entre Ueli Maurer et Alice Weidel, cheffe du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).
Publié: 22.10.2023 à 12:16 heures
Raphael Rauch

L'auberge St. Meinrad à Einsiedeln, dans le canton de Schwytz, est située au col de l'Etzel, un tronçon du chemin de Saint-Jacques. Cet été, deux pèlerins improbables se sont retrouvés dans cet établissement à la cuisine nourrissante et raffinée: la cheffe de l'AfD allemande Alice Weidel et l'ancien conseiller fédéral Ueli Maurer (UDC). «La rencontre avait pour but un échange politique», explique le porte-parole d'Alice Weidel à Blick. Il ne veut pas révéler de détails.

La direction du parti de Ueli Maurer ne souhaite pas non plus commenter son échange avec la leader du parti d'extrême droite. Une porte-parole souligne toutefois que «l'UDC Suisse n'entretient pas de contacts avec des partis étrangers». En 2016, le sponsor et père du parti Christoph Blocher tenait encore à ne pas apparaître dans l'«Arena» de la SRF juste à côté du collègue de l'AfD d'Alice Weidel, Alexander Gauland (82 ans). Et lorsque des journalistes ont découvert Alice Weidel en janvier de cette année lors du congrès de l'Albisgütli de l'UDC, elle a quitté l'événement du parti. En revanche, elle est une invitée de choix à la fête d'été de la «Weltwoche» organisée par le journaliste UDC Roger Köppel.

Des attentats dans le canton de Schwytz?

La proximité d'Alice Weidel avec l'UDC n'est pas la seule question qui se pose. On ne sait toujours pas ce qu'il en est du prétendu projet d'attentat contre sa famille à Willerzell (Schwytz), où la cheffe de l'AfD vit avec sa compagne, la cinéaste Sarah Bossard, et ses deux enfants.

L'UDC et le parti Alternative pour l'Allemagne sont officiellement distants; ici lors d'une émission en 2016.
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Selon le porte-parole d'Alice Weidel, un «incident lié à la sécurité» s'est produit le 23 septembre à Willerzell. Plus tard, l'AfD a affirmé que celle-ci se trouvait dans une «safe house» et qu'elle devait annuler un rendez-vous électoral. En réalité, elle passait des vacances en famille à Majorque.

Selon la police cantonale de Schwytz, l'enquête est désormais close: «Pour protéger toutes les personnes impliquées, aucune information ne sera donnée.» Alice Weidel n'a pas déposé de plainte pénale. «Elle a estimé qu'une plainte contre inconnu n'était pas très utile», a déclaré le porte-parole à Blick.

Une coopération à la peine

Le conseiller national du centre d'Einsiedeln Alois Gmür critique la politique d'information parcimonieuse de la police cantonale de Schwytz. «Le public a le droit de savoir ce qui s'est passé, déclare Alois Gmür. Si la police cantonale se tait, cela ouvre la porte à toutes les spéculations. Il n'est pas acceptable que l'AfD fasse des déclarations contradictoires sur un danger à Einsiedeln – et que les autorités de Schwytz n'éclairent pas le public.»

De vives critiques proviennent également du Bade-Wurtemberg, où Alice Weidel a sa circonscription électorale. Le délégué à l'antisémitisme Michael Blume déclare à Blick: «C'est justement dans la lutte contre l'antisémitisme, le fascisme et la désinformation que les autorités allemandes et suisses sont sans cesse montées les unes contre les autres. On soupçonne même aujourd'hui que des mises en scène d'une politicienne de l'AfD ont été rendues possibles depuis la Suisse. Je demande à nouveau à nos amis suisses d'améliorer la coopération et l'échange d'informations contre les mythes de conspiration. Cela ne peut pas continuer ainsi.»


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