Moutier, un dossier délicat
Le conflit jurassien rattrape Elisabeth Baume-Schneider

La nouvelle conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider est désormais responsable du cas de Moutier et de la question jurassienne. Mais est-elle neutre?
Publié: 10.12.2022 à 08:13 heures
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Dernière mise à jour: 10.12.2022 à 10:02 heures
Pascal Tischhauser

Pendant des années, on se dispute, on se crie dessus, on casse la vaisselle. Un jour, il est clair qu'il faut divorcer. C'est alors qu'il est question d'argent. Surtout si la partenaire emporte le montant disputé ailleurs.

Dans le canton de la nouvelle conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, l'ex-femme s'appelle Moutier. Et les cantons de Berne et du Jura ne sont pas d'accord sur les conséquences financières du transfert de la commune du Jura bernois au canton du Jura.

Selon les informations de Blick, Berne veut céder moins d'argent qu'elle reçoit de la péréquation financière que le Jura voudrait avoir. Mais le plus jeune canton de Suisse - comme bien des jeunes - est souvent à court d'argent. Il souhaiterait obtenir un soutien plus important de la part de l'Etat. D'après des informations non confirmées, il s'agirait de cinq millions de francs supplémentaires, alors que Berne ne voudrait payer que 24 millions au total.

En janvier, Elisabeth Baume-Schneider reprendra le Département, de la justice (DFJP).
Photo: keystone-sda.ch

Elle reprendra le dossier du Jura

La Confédération doit maintenant arbitrer. C'est le Département de la justice (DFJP), dirigé par Karin Keller-Sutter, qui est compétent. Mais en janvier, Elisabeth Baume-Schneider reprendra le département, comme l'a décidé jeudi le Conseil fédéral.

Problème: la Jurassienne s'est battue pour que l'ensemble du Jura bernois passe dans son canton. Une considération qui fait douter plus d'un Bernois de l'impartialité des décisions prises au DFJP. Aujourd'hui, il vaut probablement mieux éviter une nouvelle flambée de la question jurassienne. Les attentats du groupe Bélier, séparatistes du canton, appartiennent au passé.

Et il serait ironique que ce soit justement l'élection de la Jurassienne, qui provoque de nouveaux affrontements. La sympathique nouvelle conseillère fédérale ne veut pas donner à Blick sa position sur la question. «Je ne suis pas encore en fonction», dit-elle. Ce n'est pas le moment de dire quoi que ce soit.

La question jurassienne serait close

Au sein du Département de la justice, que la politicienne socialiste prendra en charge dans trois semaines, l'Office fédéral de la justice (OFJ) est le point de contact compétent. Il informe qu'avec le passage de Moutier au Jura, la question jurassienne est close.

«Il appartient désormais aux cantons et aux acteurs sur place de régler les différents points en suspens, dans l'intérêt de la population». L'Office précise toutefois que la Confédération reste à disposition pour une médiation.

Et puis l'OFJ admet que «le rôle de la ministre de la Justice sera clarifié ultérieurement». Interrogé, le canton de Berne se contente de dire que les discussions entre les cantons sont bien avancées. Mais le canton admet que ces discussions «incluent également la question de la péréquation financière».

Une conseillère qui fédère?

Certes, le changement de canton est prévu pour 2026, mais «le contenu détaillé des négociations entre les gouvernements et leur calendrier sont confidentiels jusqu'à ce que les décisions des deux gouvernements soient prises», constate Berne. Même son de cloche dans le Jura: les négociations se déroulent dans le calme et de manière constructive - et «dans la plus stricte confidentialité».

Le Jura confirme aussi que les questions de péréquation financière sont à l'ordre du jour.
Peut-être que c'est justement Elisabeth Baume-Schneider, qui pourra faire en sorte que la question jurassienne n'en soit soudain plus une. Car comme elle l'a déclaré en 2013 au journal «Bund», elle détestait le dialecte bernois dans son enfance et faisait «semblant de ne pas comprendre un mot d'allemand» lorsqu'elle faisait ses courses au magasin du village. Ayant entre-temps changé d'avis sur cette langue, elle pourrait aujourd'hui rassembler les différents locuteurs.

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