Par manque d'expérience
Les CFF ont du mal à se débarrasser d'un logiciel russe

Après que la Confédération a mis en garde contre les cyberattaques, les CFF ont décidé de remplacer leur logiciel russe Infotrans. Plus facile à dire qu'à faire: la Suisse manque de compétences pour développer son système et cela est très coûteux.
Publié: 22.08.2024 à 06:06 heures
|
Dernière mise à jour: 22.08.2024 à 16:44 heures
RMS_Portrait_AUTOR_586.JPG
Céline Zahno

Depuis que la guerre en Ukraine a commencé en février 2022, la crainte de cyberattaques russes a sensiblement augmenté. Et cela est justifié, comme on a pu le voir récemment. En amont de la conférence sur l'Ukraine au Bürgenstock (NW), le nombre de piratages informatiques en provenance de Russie a explosé.

Dans ce contexte, la Confédération s'est inquiétée du fait que les CFF s'appuient sur un logiciel russe. Les réflexions remontent au début du conflit. L'entreprise Infotrans fournit en effet à la compagnie nationale des systèmes dits de positionnement. Ces derniers servent à mesurer les voies et aident à trouver d'éventuels défauts sur les rails afin qu'ils puissent être corrigés.

Avec la guerre en cours, le fournisseur russe pourrait limiter ses prestations. En outre, il y aurait un risque que le logiciel constitue une porte d'entrée pour des cyberattaques. C'est du moins ce que rapportait à l'époque la «NZZ».

Les CFF ont du mal à remplacer un logiciel russe.
Photo: Pius Koller
1/5

Les CFF veulent s'éloigner des logiciels russes

Il s'avère désormais que les CFF ont effectivement décidé de se séparer des fournisseurs russes, comme le confirme un porte-parole à Blick. Fin 2022, ils ont décidé de remplacer tous les systèmes de l'entreprise Infotrans. Cette décision n'a toutefois rien à voir avec la couverture médiatique, précise-t-il.

Les CFF soulignent en outre qu'aucune donnée saisie par le système ne parvient sur un serveur russe. Il existe manifestement des risques de défaillance. Les CFF veulent en effet les réduire avec ce remplacement.

De plus, la décision a été prise dans le cadre des sanctions contre la Russie, que la Suisse a reprises de l'UE au printemps 2022. Pour pouvoir continuer à utiliser les systèmes d'Infotrans avant le changement, il fallait même une autorisation exceptionnelle du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).

Un système made in Switzerland

Se passer du logiciel russe s'avère toutefois plus compliqué que prévu. En effet, la Suisse n'avait tout simplement pas les compétences nécessaires. Le système fourni par Infotrans était à l'époque le plus abouti du marché. Il fallait donc compenser ce progrès pour développer un système propre, tout aussi fonctionnel. Celui-ci existe aujourd'hui et doit remplacer Infotrans de manière échelonnée.

Pour cela, il faut de l'argent. À l'origine, environ deux millions de francs étaient prévus pour le projet. En raison du manque d'expérience et de connaissances spécialisées au début du projet, il faut maintenant s'attendre à des dépenses supplémentaires «financières et temporelles». Plus précisément, le projet coûtera encore 900'000 francs de plus.

Toutefois, les coûts s'équilibreraient au cours des cinq prochaines années, explique le porte-parole, précisant que les systèmes de positionnement auraient dû être remplacés d'une manière ou d'une autre à l'avenir. À long terme, les CFF économiseraient donc même des coûts.

Le calendrier du projet a de bonnes chances d'être respecté. L'objectif est d'être indépendant de la Russie d'ici à la fin 2025.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la