Près de 90 milliards en 2022
La moitié des Suisses touche son héritage après l'âge de la retraite

L'héritage joue un rôle clé dans l'économie. En 2022, les Suisses ont hérité de près de 90 milliards. Mais selon une étude, près de la moitié d'entre eux ne perçoit son héritage qu'à l'âge de 60 ans ou plus. De quoi raviver le débat sur une potentielle 13e rente AVS.
Publié: 20.02.2024 à 15:26 heures
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Jean-Claude Raemy

L'héritage joue un rôle clé dans l'économie nationale. En Suisse, le volume des héritages s'élevait à 88 milliards de francs en 2022. Mais selon une étude sur la prévoyance du groupe d'assurance Axa, la plupart des Suisses n'héritent que lorsqu'ils ont eux-mêmes atteint l'âge de la retraite. Un économiste répond aux questions les plus importantes sur l'héritage, sa répartition, et sur le rôle qu'il joue au sein de l'économie suisse.

A combien s'élève l'héritage des Suisses?

Environ 88 milliards de francs ont changé de propriétaire par héritage en 2022, selon Marius Brülhart, professeur d'économie à l'Université de Lausanne. Sur ce montant, les donations et les avancements d'hoirie représentaient 23 milliards de francs, soit environ un quart du volume total.

Cette somme a-t-elle augmenté au cours des dernières années?

Oui. Entre 2014 et 2021, le produit des impôts sur les successions et les donations a augmenté en moyenne de 4,7% par an, toujours selon l'économiste, soit une augmentation presque trois fois plus importante que la croissance économique moyenne sur la même période (qui est de 1,6%).

Près de 90 milliards de francs suisses changent de mains chaque année en Suisse par le biais de l'héritage.
Photo: Andrea Piacquadio/Pexels
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Comment le volume des héritages va-t-il évoluer?

«Le volume des héritages va probablement continuer à augmenter, tant en francs que par rapport au revenu national», estime Marius Brülhart. D'une part, nous avons, en Suisse, un taux d'épargne record au niveau international, souvent jusqu'à un âge avancé. D'autre part, les prix de l'immobilier et les cours des actions continuent d'augmenter plus fortement que le revenu national.

Quelle est la répartition de ce volume?

Avec 9 millions d'habitants, chaque personne en Suisse recevrait cette année en moyenne environ 10'000 francs d'héritage. Mais la répartition des sommes héritées reflète la répartition inégale des fortunes. Selon une étude de la ZHAW, 10% des héritiers en Suisse reçoivent environ 75% du volume de l'héritage. Un tiers de la population suisse n'hérite de rien du tout.

Quel est l'âge des bénéficiaires de l'héritage?

Selon une étude sur la prévoyance du groupe d'assurance Axa, la plupart des Suisses n'héritent que lorsqu'ils ont eux-mêmes atteint l'âge de la retraite. Seuls 10% des Suisses ont hérité avant d'atteindre l'âge de 60 ans à la suite d'un décès. Cela se reflète dans la répartition de la fortune: seuls 14 % des Suisses de moins de 30 ans possèdent une fortune de plus de 250'000 francs, contre 48% des personnes âgées de 60 à 65 ans.

Faut-il encourager les héritages anticipés ou les donations pour stimuler l'économie?

Ne faudrait-il pas, dans la mesure du possible, transmettre les biens à des personnes qui peuvent encore en faire quelque chose? Faire une formation, créer une entreprise ou acheter une maison? «Dans les données, nous constatons que les donations et les héritages reçus par les bénéficiaires en âge de travailler sont utilisés en premier lieu pour réduire leur temps de travail ou pour partir plus tôt à la retraite», explique Marius Brülhart. Si l'objectif est de renforcer les incitations à la performance des groupes d'âge en âge de travailler, alors il serait pertinent de faire circuler les fortunes entre les retraités.

Puis-je déterminer qui héritera de ma fortune?

Le droit suisse des successions partiellement révisé est en vigueur depuis janvier 2023. Les nouvelles dispositions permettent de décider de manière plus flexible et autonome qui doit recevoir quelle part de la succession. Selon l'étude de la ZHAW, la part de ceux qui se contentent de la solution standard, c'est-à-dire du règlement de la succession par le législateur, reste élevée. L'expert Marius Brülhart travaille actuellement sur la question du nombre de testaments et de mandats pour cause d'inaptitude, et tente de déterminer si ce chiffre est en train d'augmenter.

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