«Presque six mois sans abri»
Cette mère célibataire ne trouve pas de logement abordable pour elle et son fils

Sabrina enchaîne les situations difficiles. Depuis six mois, elle galère à trouver un logement abordable pour elle et son fils. Mais cette mère célibataire ne perd pas espoir, malgré la perte de son emploi. Témoignage.
Publié: 22.07.2024 à 11:30 heures
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Dernière mise à jour: 22.07.2024 à 12:47 heures
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Milena Kälin et Philippe Rossier

«Je suis toujours à la recherche d'un appartement moins cher», désespère Sabrina P.* lorsque Blick est allée à sa rencontre. Cette mère célibataire de 34 ans vient pourtant d'emménager avec son enfant de 12 ans dans un appartement de trois pièces en ville de Lucerne.

Mais cette mère ne peut pas se permettre de louer un appartement à 2000 francs. Il lui coûte en effet plus d'un tiers de son revenu! «Je ne l'ai obtenu que parce qu'un ami s'est porté garant pour moi. Mais c'était notre dernière chance… j'étais à bout.» Car depuis fin 2023 déjà, la mère de famille cherche un nouveau toit.

Moisissures sur les murs et les fenêtres

La misère a commencé l'été dernier. Sabrina a emménagé avec son enfant dans un appartement assez simple à Lucerne. Au bout de quelques mois, tous deux ont commencé à avoir des problèmes de santé: yeux rouges, éruptions cutanées, nausées, nez qui coule, maux de gorge. «Nous n'arrivions plus à dormir non plus. J'ai alors tout mis sens dessus dessous. C'est alors que j'ai découvert de la moisissure», se souvient Sabrina.

L'appartement dans lequel Sabrina P. vit avec son enfant a l'air douillet.
Photo: Philippe Rossier
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Au même moment, des volets étaient en train d'être peints dans la cave de la maison. «Il y avait une odeur extrême. Nos problèmes de santé pourraient aussi venir de là», soupçonne-t-elle, alors qu'elle habitait au rez-de-chaussée.

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«Nous avons été sans abri pendant presque six mois et avons passé la nuit chez des amis»
Sabrina, mère célibataire
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Peu importe, personne ne veut de moisissure dans son appartement et il est bien connu qu'elle peut nuire à la santé. Mais le bailleur n'est intervenu qu'après que Sabrina a menacé de demander une réduction de loyer. «Même le peintre n'avait aucune idée de la manière exacte d'appliquer le produit anti-moisissure», déplore-t-elle.

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase! Elle ne peut pas passer une nuit de plus dans cet appartement avec son enfant. Malheureusement pour elle, trouver rapidement un logement s'avère impossible. «Nous avons été sans abri pendant presque six mois et avons passé la nuit chez des amis et des connaissances. Parfois deux jours par là, puis trois jours par là…», raconte Sabrina, dont l'épuisement se lit sur son visage. Pour son enfant, c'était très difficile. Plus de chambre pour soi, plus de visites de copains. «Les résultats scolaires ont également souffert», assure la mère.

Sabrina ne perd pas espoir de trouver un logement abordable à Lucerne.
Photo: Philippe Rossier

Et pour couronner le tout, au début de cette période difficile, elle a perdu son emploi de gestionnaire auprès des autorités. Motif? Restructuration. Entre la recherche d'un logement, l'organisation du prochain lieu où passer la nuit et le bien-être de son enfant, la jeune mère se bat sur plusieurs fronts. «Si j'avais eu un emploi, je ne sais pas comment j'aurais pu gérer tout cela», avoue-t-elle.

Actuellement, la trentenaire est toujours à la recherche d'un emploi. «Je suis aussi ouverte à une autre branche. J'ai appris le métier de cuisinière.» Le soir, elle aimerait toutefois être à la maison pour son enfant.

Consulter les annonces toutes les heures

La recherche d'un logement est désespérant. «Je regarde les annonces presque toutes les heures, car elles ne sont mises en ligne que peu de temps», assure Sabrina. Si elle postule pour un appartement, elle présente même une lettre de motivation. «Si on ne fait que le minimum, on passe de toute façon à travers.»

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«La pression financière est constante»
Sabrina, mère célibataire
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Le simple fait d'obtenir un rendez-vous pour une visite est un grand défi. Celles-ci sont rapidement complètes, ou ont lieu en milieu de journée. Des connaissances conseillent à Sabrina de déménager à la campagne. «Si je n'avais pas d'enfant, j'aurais fait la même chose. Mais mon enfant s'est adapté ici, je n'aimerais pas l'arracher à nouveau», explique-t-elle.

Dans son nouveau logement, Sabrina a pu se reposer un peu… mais ce repos est de courte durée. «La pression financière est constante. Nous avons certes un bel appartement, mais ce n'est pas une solution à long terme.» Car avant, Sabrina payait 400 francs de moins pour le loyer, et la famille s'en sortait tout juste. «Ces 400 francs, c'est beaucoup pour moi. Maintenant, j'ai de nouveau du retard avec les paiements de caisse maladie», explique la mère. La recherche laborieuse d'un logement n'est donc pas encore terminée pour elle. «Tout cela est très lourd. Psychologiquement aussi.»

Particulièrement difficile pour les familles monoparentales

Sabrina n'est pourtant pas un cas isolé. «Les personnes et les familles à bas revenus sont les plus touchées par la crise du logement», confirme Peter Lack, directeur de Caritas Suisse. C'est pourquoi l'organisation caritative demande aussi des solutions rapides pour permettre à tous d'accéder équitablement à un logement abordable.

«En tant que famille monoparentale de la classe moyenne, ce n'est pas facile en Suisse», sait Sabrina. Le père de l'enfant paie une pension alimentaire et est présent. Malgré cela, elle se bat seule avec les finances depuis dix ans. Elle a cherché de l'aide auprès du service de conseil budgétaire de Caritas.

Pour l'avenir, Sabrina souhaite un appartement en location abordable, dans lequel elle et son enfant se sentent bien, ainsi qu'un travail. Un deux pièces et demie lui suffit largement! «La politique doit absolument s'activer pour qu'il y ait à nouveau plus de logements abordables. Cela ne concerne pas que moi, mais beaucoup d'autres aussi.»

*Nom connu de la rédaction 

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