Qui a convaincu, qui a déçu?
Les tops et les flops du Parlement, quatre ans après

En 2019, 89 nouveaux visages ont débarqué sous la Coupole. Il est temps de faire le bilan. Comment se sont comportés ces élus au cours des quatre dernières années? Blick vous présente les cinq tops et les cinq flops (une Romande y figure…) de la Berne fédérale.
Publié: 10.10.2023 à 13:04 heures
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Dernière mise à jour: 10.10.2023 à 13:26 heures
Blick-Bundeshausredaktion

Plus jeunes, plus féminines, plus écolos: en 2019, les élections ont apporté un vent de fraicheur sur le Parlement. Les nouveaux visages du gouvernement étaient nombreux: 68 nouveaux conseillers nationaux et 21 nouveaux conseillers aux États ont pris leurs fonctions dans la Berne fédérale il y a quatre ans.

Avec les élections du 22 octobre qui approchent, la législature touche désormais à sa fin. Ces quatre années ont été marquées par la pandémie du Covid, la guerre en Ukraine, la crise énergétique et la faillite du Credit Suisse. Il faut le dire, ces événements n'ont pas facilité l'arrivée des nouveaux venus dans le grand bain politique. Comment se sont-ils débrouillés face à ces situations compliquées? Blick fait le point. Voici les étoiles montantes et les maillons faibles du Parlement.

Ils se sont fait un nom

Esther Friedli: La politicienne de l'Union démocratique du centre (UDC) saint-galloise a connu une ascension fulgurante à Berne dès ses débuts. La compagne de l'ancien président de son parti Toni Brunner a rapidement conquis un siège dans l'importante commission de l'économie et des redevances. La restauratrice a également pu directement compter sur le cercle interne de la direction de sa formation politique. Son électorat la plébiscite: au cours de sa première législature en avril, elle est élue au Conseil des États pour succéder au vétéran du Parti Socialiste (PS) Paul Rechsteiner. Une élection historique! Esther Friedli est la première femme et le premier membre de l'UDC saint-galloise à y parvenir.

Un tiers du Parlement a été renouvelé en 2019. Mais comment s'en sont sortis les nouveaux venus au cours des quatre dernières années?
Photo: Keystone
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Andri Silberschmidt: Le Zurichois n'est pas seulement le plus jeune des néo-parlementaires, il est aussi l'un des plus médiatisés. Son nom est apparu plus de 5500 fois sur les portails en ligne et dans les journaux au cours des quatre dernières années. En tant que vice-président du Parti libéral-radical (PLR), le jeune entrepreneur fait désormais partie du centre de pouvoir de sa formation politique. Pour couronner le tout, il semble posséder la clé pour obtenir une majorité politique: ses interventions personnelles devant l'assemblée riment toutes avec succès.

Philipp Matthias Bregy: Il est vrai que le politicien valaisan du Centre n'a pas tout à fait été élu au Parlement à l'automne 2019. Il y a pénétré un peu plus tôt, lorsqu'il a succédé à la conseillère fédérale Viola Amherd. L'élu a très vite trouvé ses marques au Palais fédéral. Dès 2021, il prend la présidence de son groupe parlementaire, devenant ainsi l'une des figures les plus importantes sous la Coupole. En fin de compte, le Centre joue régulièrement le rôle de la balance et de créateur de majorités décisives — parfois avec la droite, parfois avec la gauche.

Tamara Funiciello: Pas surprenant que la Bernoise continue à faire les gros titres après son élection au Conseil national. Après tout, Tamara Funiciello avait déjà montré qu'elle n'avait pas sa langue dans sa poche lorsqu'elle dirigeait la Jeunesse socialiste (JS). Mais contrairement à d'autres présidents de la JS, elle n'a pas eu besoin d'élan pour passer de la rue à la Chambre basse. Avec des slogans de lutte des classes et de durcissement de la norme pénale en matière sexuelle, Tamara Funiciello a posé une pierre importante à l'édifice dans la justice pour les victimes de viol. Elle a ainsi démontré non seulement sa ténacité, mais aussi sa capacité à trouver des compromis au-delà des frontières des partis.

Meret Schneider: La protection des animaux et l'écologie, voilà deux thèmes qui lui tiennent particulièrement à cœur. Cette conseillère nationale zurichoise des Vert-e-s provoque régulièrement des réactions chez les agriculteurs. Lorsqu'elle exige des mesures plus strictes en matière de détention d'animaux ou qu'elle reproche aux agriculteurs d'utiliser trop d'antibiotiques, les paysans sursautent. Cependant, de nombreux agriculteurs la soutiennent, parce qu'elle tente justement de comprendre la réalité paysanne (pour de vrai). Au sein d'un Parlement dominé par les partis bourgeois, elle se retrouve souvent seule contre tous. Mais il en faut plus pour fragiliser son engagement. Ce dernier s'étend jusqu'aux réseaux sociaux, qu'elle utilise pour transmettre ses idées et obtenir une visibilité non négligeable.

Ils ont encore du mal

Andreas Gafner: Il est une voix de plus pour l'UDC. Ni plus, ni moins. Il n'est certes pas facile de se démarquer en tant que nouveau venu dans le groupe parlementaire le plus important et le plus puissant de tous — surtout en tant qu'outsider. Pour mémoire, l'agriculteur bernois est un enfant de l'Union Démocratique Fédérale (UDF). Problème? Son manque d'implication. Au cours de son mandat, il n'a déposé que quelques minces interventions et prend rarement le micro. Il n'est pas du genre à se mettre en avant. Son seul moment de gloire a eu lieu pendant la pandémie de Covid, au cours duquel il a critiqué l'offensive de vaccination des autorités.

Johanna Gapany: Le «miracle de Fribourg», écrivait le «Tages-Anzeiger» en 2019. C'en était un: la jeune libérale-radicale, alors âgée de 31 ans, évinçait la figure du Centre Beat Vonlanthen. La conseillère aux États est également vice-présidente du PLR. Mais jusqu'à présent, elle n'a pas réussi à se faire connaître au-delà de la Suisse romande. Sa victoire surprise, son assurance, l'élan de l'élection féminine de l'époque… Tout cela a suscité des attentes auxquelles Johanna Gapany n'a jamais pu répondre entièrement.

Anna Giacometti: En 2017, la Grisonne avait subitement acquis une notoriété nationale. En tant que présidente de la commune, Anna Giacometti a dû gérer l'éboulement de Bondo. Elle a guidé la région à travers la crise. La population lui a rendu ce qu'elle leur avait donné et l'a élue à la surprise générale au Conseil national deux ans plus tard. Mais au sein de la Berne fédérale, Anna Giacometti n'a jamais pu démontrer ses qualités de femme d'action. La libérale-radicale est restée timide. Elle doit se montrer plus pointue dans la campagne électorale, sans quoi elle risquerait d'être poussée vers la sortie par l'ancien conseiller d'État Christian Rathgeb.

Benjamin Giezendanner: Il suit les traces de la légende politique agovienne Ulrich Giezendanner. Toutefois, le conseiller national UDC et transporteur a démarré lentement. Faute à la pandémie, mais aussi à son égocentrisme. Ses propres intérêts, comme le soutien aux entreprises de logistique privées, étaient souvent mis sur le tapis. Avec, à la clé, régulièrement des échecs. Aujourd'hui, il veut mettre les bouchées doubles et a déposé sa première intervention, qui n'a pourtant rien à voir avec la politique des transports. Pas sûr que cela suffise pour que le junior réussisse la mission échouée de son senior: sauver le siège argovien UDC au Conseil des États.

Greta Gysin: La Tessinoise est représentative du bilan décevant des Vert-e-s. En 2019, ils ont fêté une victoire historique et ont commencé la législature de manière ambitieuse. La politique climatique et environnementale était partie pour évoluer. Mais peu de choses restent aujourd'hui. Greta Gysin a bien déposé de nombreuses interventions, mais celles concernant le thème central des Vert-e-s se comptent sur les doigts d'une main. Elle qui parle parfaitement le suisse-allemand aurait également eu le potentiel pour devenir le visage de son canton dans le reste de la Suisse. Elle n'a pas su saisir cette opportunité non plus.

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