Accueil d'Afghans en Suisse
«On ne peut pas choisir arbitrairement 10'000 réfugiés et les évacuer»

Alors que la situation se tend en Afghanistan, Berne défend sa position ferme vis-à-vis des réfugiés afghans via la voix de Karin Keller-Sutter. Celle-ci a confirmé samedi qu'aucun contingent exceptionnel ne serait accepté.
Publié: 21.08.2021 à 07:39 heures
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Dernière mise à jour: 21.08.2021 à 11:23 heures

«Il n'y a pas à l'heure actuelle de déplacements massifs» hors d'Afghanistan, note Karin Keller-Sutter, interrogée par les journaux CH Media. La ministre de la justice défend avec pragmatisme la position du Conseil fédéral contre des contingents de réfugiés afghans, alors que la situation dans le pays d'Asie centrale reste compliquée.

«La Suisse n'a en outre absolument aucun moyen de faire sortir ces personnes du pays», poursuit la conseillère fédérale dans cette interview parue samedi dans les journaux alémaniques. «Nous ne pouvons pas non plus choisir arbitrairement 10'000 personnes et les évacuer de la zone de crise», ajoute-t-elle.

Evacuation des ressortissants suisses prioritaire

La grande priorité du Conseil fédéral est d'évacuer les ressortissants suisses, les travailleurs de la coopération au développement de la Confédération et leur famille proche, soit environ 230 personnes. Un objectif encore non réalisé. La Suisse prévoit en outre d'envoyer samedi un avion dans la capitale ouzbèke, Tachkent, pour rapatrier des personnes fuyant l'Afghanistan.

«La Suisse n'a en outre absolument aucun moyen de faire sortir ces personnes d'Afghanistan», affirme la ministre de la justice Karin Keller-Sutter.
Photo: Keystone

«Parce que la Suisse n'est pas un Etat de l'Otan et parce qu'elle ne dispose pas de ses propres forces armées sur le terrain, le ministère des Affaires étrangères est tributaire de la coopération d'autres Etats», explique encore Karin Keller-Sutter.

Posture similaire à celle de l'UE

La Suisse veut s'engager pour l'aide humanitaire sur place et dans les pays voisins de l'Afghanistan, relève la ministre de la justice. Le gouvernement suisse adopte ainsi la même posture que de nombreux autres Etats de l'Union européenne, comme l'a montré une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'UE cette semaine.

Selon la conseillère fédérale, environ trois millions de réfugiés afghans vivent en Iran, 2,5 millions au Pakistan et, selon les estimations, 200'000 à 600'000 en Turquie. En Afghanistan, dont la population est estimée à plus de 39 millions d'habitants, on compte plus d'un demi-million de réfugiés déplacés à l'intérieur du pays.

Le Conseil fédéral a décidé mercredi que la Suisse n'accepterait pas pour l'instant de contingents de réfugiés afghans. Pour l'heure, l'octroi de visas humanitaires ne devrait pas non plus être facilité. La gauche et des oeuvres d'entraide ont pour leur part demandé l'admission de jusqu'à 10'000 réfugiés vulnérables.

(ATS)

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