Depuis l’attaque contre l’Ukraine en février 2022, la liberté des médias n’existe pratiquement plus en Russie. La population reçoit principalement des informations de la télévision contrôlée par l’État. Dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, la Russie occupe la 155e place sur 180.
Mais au-delà de limiter l’accès à l’information pour sa propre population, la Russie a commencé à prendre des mesures très concrètes contre les médias et journalistes étrangers.
Les services secrets intérieurs russes ont ainsi récemment arrêté l’Américain Evan Gershkovich, correspondant pour le «Wall Street Journal», pour espionnage présumé. Et c’est maintenant au tour d’un journaliste suisse, travaillant pour la «NZZ», d’être la cible de menaces de la part du Kremlin.
Risque de cinq à sept ans de prison
L’ambassade russe à Berne s’est montrée très irritée par un reportage effectué par le journaliste dans la région de Zaporijia, occupée par les troupes de Vladimir Poutine. Le Suisse y racontait que des femmes distribuaient aux soldats russes des pâtisseries contenant des laxatifs.
La représentation russe à Berne a répondu à l’article par un communiqué de presse. Le nom du journaliste y est cité et «l’attention est attirée sur les dispositions pénales» qui «pourraient être appliquées à ses déclarations en Russie». Il est question d’une amende ou d’une peine d’emprisonnement de cinq à sept ans qui pourrait attendre le journaliste s’il se rendait en Russie.
Des accusations sévères
Le journaliste concerné est correspondant de la «NZZ» à Vienne et a couvert l’actualité en Ukraine, Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie pour le journal zurichois. Dans l’article incriminé par l’ambassade russe, l’auteur «reprendrait les inventions et les rumeurs les plus ridicules propagées par le régime de Kiev et ses sbires».
Le travail du journaliste vise clairement à «justifier le terrorisme et à promouvoir l’incitation à la haine», poursuit le communiqué de l’ambassade russe.