Travailler en Suisse, vivre à l'étranger
«Lorsque nous vivions encore en Suisse, nous étions à court chaque mois»

Au cours des vingt dernières années, le nombre de travailleurs frontaliers de France ou d'Allemagne vers la Suisse a presque doublé. Trois frontaliers expliquent les avantages financiers que leur procure le fait de faire la navette. Ils dévoilent leur budget.
Publié: 15.08.2023 à 06:35 heures
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Dernière mise à jour: 15.08.2023 à 08:25 heures
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Qendresa Llugiqi et Patrik Berger

Travailler en Suisse et vivre à l’étranger: une combinaison gagnante pour de nombreux frontaliers allemands, français, italiens ou encore autrichiens. Certains gagnent ainsi près du double de ce qu’ils pourraient toucher dans leur pays d’origine en Suisse, rapporte le «Spiegel». Blick a rencontré des personnes dans cette situation.

«Une angoisse existentielle de vivre en Suisse»

Vlora J.* (33 ans) et son mari Pascal J.* (34 ans) travaillent en Suisse, mais habitent en Allemagne. Elle est employée de bureau à 60%, lui est logisticien. Ensemble, ils gagnent 5800 francs nets. «Lorsque nous vivions encore en Suisse, nous étions à court chaque mois, mon propre salaire suffisait soit pour la crèche, soit pour notre appartement de 3,5 pièces, raconte-t-elle. Il n’était pas question d’économiser.»

Son mari, originaire d’Allemagne, est venu vivre en Suisse en mars 2020 en raison de leur relation et de la naissance de leur fille. En août 2020, le couple s’est marié. Mais leur situation financière a été à la source de nombreuses tensions: «Nous avions d’énormes craintes existentielles. Cela affectait parfois notre relation.»

Vlora J. (33 ans) et son mari Pascal J. (34 ans) sont des frontaliers. Depuis qu'ils ont quitté la Suisse pour l'Allemagne – le pays d'origine de Pascal – la famille peut se permettre de vivre plus confortablement, bien qu'ils aient maintenant deux enfants.
Photo: zVg
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Dans l’espoir d’une vie meilleure, le couple déménage en octobre 2021 du canton d’Argovie à Küssaberg, en Allemagne. «Depuis que nous sommes frontaliers, notre vie est à nouveau merveilleuse, s’exclame la mère de deux enfants. Nous vivons un peu plus luxueusement, nous pouvons offrir davantage aux enfants, faire des excursions et même économiser.» A la fin du mois, il leur reste 500 euros par mois, malgré des impôts plus élevés, qu’elle considère comme le seul inconvénient.

«Nous payons un loyer de 1100 euros pour notre appartement de 4,5 pièces, les frais d’assurance maladie s’élèvent à 600 euros pour nous quatre, nos téléphones portables à 140 euros. A cela s’ajoutent 150 euros par semaine pour la nourriture et les produits d’hygiène et de ménage, 50 euros par semaine pour nos chiens. Et la place à la crèche ne coûte que 105 euros par mois. Comme je travaille désormais principalement à domicile, je n’ai pratiquement pas de frais de déplacement, et mon mari a un trajet plus court pour aller travailler grâce au déménagement. Ainsi, il ne consomme qu’environ 200 euros pour faire le plein.»

«Je peux mettre un millier d’euros de côté par mois»

Angelo S.*(39 ans) travaille depuis 17 ans en Suisse, près de Bâle, essentiellement dans le secteur de la sécurité. Cet Italien est né en Allemagne et y vivait jusqu’à son déménagement à Blotzheim en Alsace, il y a deux ans. «Je gagnais 4500 francs nets en Suisse. Les impôts qui tombaient tous les trois mois en Allemagne m’ont presque achevé.» À cela est venue s’ajouter une relation avec une Française.

Et bien qu’ils ne partagent plus leur vie, Angelo S. est resté en France. «Je crois que j’ai trouvé la solution parfaite: je travaille en Suisse, donc je gagne super bien ma vie, je paie un loyer infime en France et je fais mes courses en Allemagne pour pas cher.»

«Certes, je ne gagne que 4200 francs chez mon nouvel employeur. Mon loyer pour mon appartement de deux pièces est de 700 euros. Avec l’internet, l’électricité, etc., j’arrive à 1000 euros par mois. Mon assurance maladie coûte 260 euros par mois. Je conserve 250 euros pour les impôts par mois, 100 euros par semaine pour les repas, et mon abonnement de téléphone portable est de 40 euros par mois. Et je fais le plein pour environ 100 euros par mois.» Il profite des navettes frontalières: «Cela me permet – malgré un mode de vie plus onéreux – de mettre un millier d’euros par mois de côté et de partir facilement en vacances deux ou trois fois par an.»

Les avantages de la France

Daniel Kalt (59 ans) habite en France, à cinq kilomètres de la frontière suisse, près de Bâle. Il travaille depuis 1981 dans le secteur suisse de la climatisation et de la réfrigération. Et il profite des avantages de l’Hexagone. Il a fini de rembourser entièrement sa maison.

Quand il fait ses courses en France, il s’en sort bien: «La viande est 50% moins chère qu’en Suisse. Les boissons et les produits alimentaires certainement aussi», rapporte-t-il. Le frontalier profite donc à chaque achat des prix avantageux pratiqués de l’autre côté de la frontière. Seuls les produits d’hygiène et de nettoyage sont désormais à peu près au même prix dans les deux pays.

*Les noms sont connus de la rédaction

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