Un nouveau rapport le montre
Les autorités suisses en prennent pour leurs grades dans l'affaire Credit Suisse

Un rapport intermédiaire de la commission d'enquête parlementaire (CEP) sur le naufrage de Credit Suisse ne fait pas de cadeau aux institutions impliquées. La Finma, Ueli Maurer et la Banque nationale sont particulièrement visés.
Publié: 14.07.2024 à 16:55 heures
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Jean-Claude Raemy

L'Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) a été clouée au pilori très tôt après le naufrage de Credit Suisse en mars 2023. Le Conseil fédéral, qui a orchestré le rachat de la banque par l'UBS, a, lui aussi, dû se justifier. Et la Banque nationale a dû s'entendre dire qu'elle n'avait pas identifié à temps les risques liés à Credit Suisse ou qu'elle n'y avait pas réagi de manière appropriée.

On pensait que depuis ces remous, de l'eau avait coulé sous les ponts. Pas du tout!

Un rapport intermédiaire de la commission d'enquête parlementaire (CEP) sur le naufrage de Credit Suisse, axé sur les années 2015 à 2023, atteste de graves erreurs de la part des autorités impliquées, comme le rapporte le «SonntagsZeitung». La présidente de la Finma, Marlene Amstad, qui a traversé cette crise sans dommage jusqu'à présent, pourra-t-elle se maintenir?

La conférence de presse historique lors de la chute de Credit Suisse: Plusieurs personnes impliquées du côté des autorités sont désormais vivement critiquées par la CEP.
Photo: Keystone
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La Finma et la Banque nationale ont «échoué»

Le rapport de la CEP ne fait pas de cadeau à la démarche de la Finma dans l'affaire de la gestion de Credit Suisse. Il est reproché à l'autorité un «manque de capacité à s'imposer», en particulier après qu'une «ruée» des clients de Credit Suisse sur leurs comptes a entraîné des problèmes de liquidités pour la banque. Le rapport de la CEP dément que la Finma ait eu les mains liées, comme elle l'a argumenté.

La Banque nationale, qui, en tant que prêteur en dernier ressort, disposait de suffisamment de liquidités pour surmonter le manque de liquidités évoqué, n'en a pas fait assez non plus, selon la CEP. Elle a certes garanti 250 milliards de francs lors de la fusion UBS/Credit Suisse, mais avant cela, elle s'est montrée extrêmement restrictive dans l'octroi de liquidités d'urgence.

Le rapport intermédiaire de la CEP arrive à la même conclusion que l'enquête d'experts de Paul Tucker, qui a servi de base au rapport «Too big to fail» du Département des finances: les autorités suisses n'étaient pas préparées, bien que Credit Suisse soit d'importance systémique et que ses problèmes soient connus depuis longtemps.

La Banque nationale rétorque que Credit Suisse «n'a pas épuisé le potentiel d'aide en matière de liquidités avec ses travaux préparatoires».

Ueli Maurer aussi cloué au pilori

L'ancien conseiller fédéral Ueli Maurer en prend aussi pour son grade dans le rapport intermédiaire de la CEP. Le manque de préparation serait principalement sa faute. Ueli Maurer a été ministre des Finances de 2015 à 2022 et donc le plus haut responsable politique.

Il a certes porté le sujet au Conseil fédéral en novembre 2022. Et a négocié avec le président de la Banque nationale de l'époque, Thomas Jordan, une aide immédiate de 50 milliards de francs, couplée à 100 milliards de francs supplémentaires avec une garantie de la Confédération. Lorsque le patron de Credit Suisse de l'époque, Axel Lehmann, a refusé cette aide, Ueli Maurer l'a acceptée.

De même, d'autres réunions du Conseil fédéral avec la Finma ont eu lieu sans que des mesures énergiques soient prises. C'est finalement la successeuse d'Ueli Maurer, Karin Keller-Sutter, qui a mis en œuvre la fusion de Credit Suisse avec l'UBS, qui a fait les frais de ce gâchis. «La moins mauvaise solution», conclut un membre de la CEP.

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