Une entreprise voisine fait vivre un cauchemar à ces Suisses
«Le bruit et le manque de sommeil rendent malade»

Ces Suisses souffrent depuis des années du bruit massif de l'entreprise «Leu AG», dans le canton de Lucerne. Malgré les plaintes et les mesures de bruit, aucune solution n'est trouvée. Les autorités continuent de faire patienter les habitants.
Publié: 21.08.2024 à 10:36 heures
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Dernière mise à jour: 21.08.2024 à 10:37 heures
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Sebastian Babic et Philippe Rossier

Tout un voisinage de la commune lucernoise de Hohenrain ne sait plus quoi faire. Depuis 2015, le bruit produit par l'entreprise agricole «Leu AG», toute proche, est à peine supportable... surtout pendant la récolte du maïs, qui a lieu à partir du mois d'août.

«Les grains de maïs sont parfois broyés de six heures du matin à minuit – du lundi au samedi, autorisation exceptionnelle oblige, explique Herbert Röösli. Et ce, pendant des mois!» Il est impossible de laisser une fenêtre ouverte pendant cette période. Et aucune solution n'est en vue, car Leu AG retarde les améliorations et le conseil municipal dort, critique Herbert Röösli. Les riverains n'en peuvent plus: «Vivre ici nous rend malades!»

Du bruit constant

C'est un lundi matin ordinaire à l'Idyllweg de Hohenrain, lorsque Blick rencontre les habitants. Certains d'entre eux vivent là depuis plus de 30 ans. Un bruit strident – comme celui d'une scie ou d'une fraiseuse – envahit le voisinage. Il ne s'atténuera pas avant la pause de midi. On a l'impression d'être à côté d'un grand chantier.

Presque tout un quartier de Hohenrain n'en peut plus du bruit de l'industrie voisine. «Il nous rend malades», déclare le porte-parole des habitants Herbert Röösli.
Photo: Philippe Rossier
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La société Leu AG voisine, qui propose divers services agricoles, travaille à plein régime. Outre le bruit constant de la presse à grains de maïs, des machines seraient régulièrement nettoyées à haute pression sur la parcelle, des moissonneuses-batteuses seraient constamment en marche, et ce, en plus du bruit constant du transport, selon les riverains.

Moins de 100 mètres séparent les riverains du bruit quotidien de leur travail.
Photo: zVg

Des limites pas respectées

Tout a été tenté pour trouver un accord avec l'entreprise voisine. Le recours aux autorités a ensuite été un parcours du combattant: «Nous ne nous sentons pas pris au sérieux par les autorités.»

Depuis 2020, la situation traîne. «C'est à ce moment-là que nous nous sommes adressés officiellement aux autorités avec notre plainte commune pour bruit collectif», explique Herbert Röösli.

Deux ans s'écoulent avant qu'une mesure du bruit ne soit effectuée. Résultat? «Les valeurs limites de 60 décibels (dB) pendant la journée et de 50 dB le soir et la nuit sont dépassées de plus de 10%», déclare le citoyen.

Le bruit use les nerfs et la santé

Une exposition permanente à ces dérangements sonores n'est pas sans conséquences, affirme sa conjointe Djamila Röösli. «Le bruit et le manque de sommeil rendent malade.» La lutte contre le bruit bouleverse également la vie de famille. «De plus, notre fils souffre d'épilepsie. Le manque de sommeil ne facilite pas sa maladie», se désole-t-elle.

Une sélection de données issues des mesures de bruit de 2022 montre de manière impressionnante comment le bruit évolue au cours d'une journée chargée lors de la récolte du maïs. Même peu avant 22 heures, il y a encore des pics de bruit de 75 décibels, soit environ 50% de plus que ce qui est autorisé – même avec une autorisation exceptionnelle.
Photo: zVg

Leu AG mène les autorités par le bout du nez. «Ils laissent passer les délais des autorités. Et lorsqu'ils proposent une fois des améliorations, elles sont totalement irréalistes.» Leu AG aurait ainsi proposé de construire un mur antibruit pouvant atteindre 10 mètres de haut. «Impossible! Ne serait-ce que pour l'image du village, s'énerve Herbert Röösli. C'est ainsi qu'ils gagnent du temps.»

Les revendications des riverains sont pourtant simples: «Nous voulons juste que les travaux bruyants aient lieu dans les champs plutôt qu'au milieu d'une zone d'habitation», insiste le père de famille.

Des mesures immédiates inutiles

Mais ce n'est pas aussi simple, assure Simon Leu, président du conseil d'administration de Leu AG. «La presse en question représente une machine volumineuse qui, en raison de ses dimensions, ne peut pas être déplacée à n'importe quel endroit.» Dans le champ, elle rendrait le sol stérile. De plus, les grains seraient à nouveau empaquetés après le transport du champ à l'entrepôt, ce qui provoquerait également du bruit.

Concernant les délais écoulés, Leu AG assure être de bonne foi. «Cette affirmation repose sur un malentendu entre nous et la commune.» De son côté, l'entreprise a épuisé toutes les possibilités, c'est pourquoi elle prévoit de ne plus soumettre de nouvelles propositions d'assainissement. Outre la proposition de mur antibruit, l'industrie assure vouloir acheter des véhicules silencieux depuis des années.

Les autorités n'ont pas souhaité réagir à la demande de Blick. A la place, elles envoient aux riverains un document contenant des mesures immédiates. «La commune, parce qu'elle n'a pas dormi pour faire de vraies propositions, veut maintenant édicter des directives temporaires», s'étonne Herbert Röösli. Selon celles-ci, le bruit peut être fait de 7 à 19 heures en semaine et de 7 à 17 heures le samedi. Des directives qui devraient aller de soi dans une zone résidentielle.

Ce n'est pas la première fois que les autorités de Hohenrain se voient reprocher une gestion nonchalante. L'année dernière déjà, un scandale de puanteur de porc avait provoqué des remous dans la commune. Cette fois encore, les autorités tournent en rond.

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