Une nomination qui fait jaser à Genève
Anne Hiltpold s'est bien opposée à la promotion du père de Delphine Bachmann

Le Conseil d'État genevois a nommé le père d'une de ses membres à une haute fonction. La ministre s'est récusée au moment de voter. Sa collègue Anne Hiltpold, libérale-radicale, s'y est opposée. Des députés au Grand Conseil (législatifs) craignent ce choix.
Publié: 14.03.2024 à 21:02 heures
|
Dernière mise à jour: 14.03.2024 à 21:29 heures
Blick_Lucie_Fehlbaum2.png
Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Dans la famille Bachmann, je demande le père! Alain de son prénom, il vient d'être nommé directeur général de l’Office cantonal des systèmes d’information et du numérique (OCSIN). Un poste très haut placé au sein de la fonction publique genevoise, nommé par le Conseil d'État, comme l'indique Léman Bleu le 13 mars.

Or, au sein du collège siègent sa fille, Delphine Bachmann, élue du Centre, et son ex-belle-soeur, Nathalie Fontanet, libérale-radicale (PLR) et vice-présidente du gouvernement. Alain Bachmann remplace, à la tête de l'OCSIN, Éric Favre. Ce dernier a été promu secrétaire général du département de l'économie et de l'emploi (DEE). À la tête du DEE? Delphine Bachmann.

Choix d'une autre conseillère d'État

C'est la ministre socialiste Carole-Anne Kast, chargée du Département des institutions et du numérique (DIN), qui a proposé la candidature d'Alain Bachmann. L'homme de 60 ans, ingénieur informaticien, travaille pour l'État depuis 1992. Il a toujours donné satisfaction et a été jugé le meilleur parmi trente candidatures internes et externes, explique le porte-parole du DIN, Laurent Paoliello, dans les colonnes de la «Tribune de Genève».

Le Conseil d'État a nommé le père de Delphine Bachmann, ministre centriste de l'économie et de l'emploi, à un poste de fonctionnaire prestigieux. Cette dernière s'est récusée. La libérale-radicale Anne Hiltpold a dit non.
Photo: Keystone
Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Hiérarchiquement, le haut fonctionnaire dépend de Carole-Anne Kast, qui ne fait pas partie de sa famille, elle. Mais Léman Bleu avance que les directeurs généraux sont sous l'autorité du Conseil d'État dans son ensemble. Par ailleurs, la nature de la promotion d'Alain Bachmann, qui accède à une classe salariale supérieure, fait grincer des dents.

«Pas de népotisme»

Lors du vote entérinant la nomination du père de la ministre, la PLR Anne Hiltpold, chargée de l'instruction publique, s'y est opposée. Elle le confirme à Blick jeudi 14 mars, mais refuse de commenter plus avant.

Delphine Bachmann s'est récusée. Nathalie Fontanet, qui était la belle-soeur d'Alain Bachmann par son ex-mari, n'avait pas à le faire, indique le DIN. Il n'y aurait donc pas de népotisme derrière cette nomination.

Un choix «peu inspiré»

Dans les colonnes de la «Tribune», le député au Grand Conseil (législatif) socialiste Thomas Wenger se montre surpris. Il rappelle que Delphine Bachmann et Nathalie Fontanet sont membres de la délégation au numérique du Conseil d'État, qui «priorise les investissements en la matière». Il craint un risque de conflits d'intérêts.

Le député de l'Union démocratique du centre (UDC) Lionel Dugerdil juge le gouvernement «peu inspiré». Le président du parti genevois, reconnu coupable en 2022 d'avoir frappé un homme avec une fourche, rappelle notamment l'affaire Serge Dal Busco. L'ancien ministre du Centre avait engagé son beau-fils comme conseiller personnel.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la