Vague liée à Omicron
Le nombre d'enfants hospitalisés est-il vraiment alarmant?

En Suisse comme dans d'autres pays, les hospitalisations d'enfants sont en hausse. Les plus jeunes sont particulièrement touchés. Mais la situation est-elle aussi grave qu'elle n'y paraît?
Publié: 30.01.2022 à 20:03 heures
Martin Bruhin

En Suisse, le nombre de cas de coronavirus continue d'exploser. Environ 40’000 nouvelles infections sont actuellement signalées chaque jour. Mais comme prévu, les conséquences de la vague d’Omicron semblent moins graves que les précédentes. En effet, malgré le nombre élevé de contaminations, le système de soins semble échapper à une surcharge.

Mais alors que les hospitalisations diminuent globalement, elles augmentent pourtant chez les plus jeunes, comme le montrent les chiffres de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). La Task Force signalait jeudi dans son rapport de situation hebdomadaire qu'«avec un taux de 74%, l’augmentation est la plus forte chez les 0-9 ans». Même constat pour les enfants et les jeunes de 10 à 19 ans.

Le sujet, particulièrement épineux, fait actuellement l’objet de discussions passionnées sur les réseaux sociaux comme le rapporte le portail d’information «Watson». Mais la situation est-elle vraiment alarmante? Blick démêle le vrai du faux et tente de répondre aux principales questions.

Un coup d'œil sur les chiffres montre que les cas ne sont peut-être pas si alarmantes. (Image symbolique)
Photo: AFP
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Que se passe-t-il?

Une étude réalisée en Afrique du Sud montrait déjà au début janvier que le taux d’hospitalisation après une infection causée par Omicron était inférieur de 29% à celui de la première vague en 2020. Mais supérieur de 20% chez les enfants. Et, en effet, une telle évolution se dessine actuellement aussi dans d’autres pays comme le Danemark, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne.

Pourquoi le nombre d’infections augmente-t-il chez les enfants?

Impossible encore de fournir une réponse définitive à cette question. Toutefois, il y a quelques pistes. Il a été établi que variant Omicron est très contagieux. «Les personnes qui ne sont pas encore vaccinées, guéries ou boostées seront particulièrement touchées», a clairement expliqué la Société allemande de pédiatrie (DGKJ), ce qui pourrait en partie répondre à cette interrogation. A quoi s’ajoute la rentrée scolaire de début janvier, qui a certainement contribué à cette évolution.

Combien d’enfants sont concernés?

En examinant les chiffres de plus près, on se rend vite compte que le nombre croissant d’hospitalisations n’est pas si alarmant. La semaine dernière, l’OFSP a signalé 44 hospitalisations d’enfants âgés de 0 à 9 ans. A titre de comparaison, 32’173 enfants de la même tranche d’âge ont été infectés durant cette période: moins d’1% d’entre eux a donc dû être hospitalisé. Chez les jeunes de 10 à 19 ans, la proportion est encore plus faible: sur 41’323 nouvelles infections déclarées, on a dénombré 20 hospitalisations la semaine dernière. Ce qui ne représente qu’environ 0,04%.

Le coronavirus est-il le seul coupable?

Toutes ces hospitalisations ne sont pas dues au Covid uniquement. Au sujet des nombreux enfants hospitalisés en Afrique du Sud, «la question est de savoir si les enfants sont hospitalisés à cause du coronavirus ou avec le coronavirus», expliquait le pédiatre Christoph Berger au début du mois de janvier. Parmi les enfants se trouvant à l'hôpital pour d’autres raisons, certains étaient en effet également positifs au Covid-19. Ainsi, même s’ils ne présentaient pas de symptômes graves de la maladie, ils ont automatiquement été pris en compte dans les statistiques des personnes hospitalisées.

Omicron présente-t-il un grand danger pour les enfants?

C'est finalement la question la plus cruciale. Début janvier, l’OFSP indiquait qu’on dénombrait peu d’évolutions graves de la maladie dues à Omicron chez les enfants. De plus, des informations rassurantes en provenance de l’étranger ont permis de relativiser ce nombre d’hospitalisations. Une analyse de données publiée dans la revue scientifique «News Scientist» et provenant d’environ la moitié des hôpitaux britanniques se veut rassurante. Elle montre bien que, par rapport aux variants précédents, Omicron provoque moins de maladies graves chez les enfants infectés que ce que l’on craignait initialement.

Il faut toutefois relativiser un peu ces bonnes nouvelles et se montrer prudent. Certaines incertitudes demeurent. On ne pourra probablement pas dire avant plusieurs semaines à quel point le variant Omicron représente un danger pour les enfants, en particulier en ce qui concerne les conséquences à long terme. De plus, même si les enfants hospitalisés à cause d’une infection due à Omicron sont relativement peu nombreux, ces cas ne doivent pas être minimisés.

(Adaptation par Lauriane Pipoz)

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