Viola Amherd remporte une bataille
L'armée suisse a échappé de peu à de nouvelles mesures d'économie

La conseillère fédérale en charge des Finances Karin Keller-Sutter poursuit une politique d'austérité sévère. L'armée de Viola Amherd a bien failli être une nouvelle fois être mise à mal dans le budget 2025.
Publié: 02.04.2024 à 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 02.04.2024 à 08:32 heures
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Ruedi Studer

La Confédération doit faire des économies. Cette situation met l'armée sous pression afin qu'elle apporte également sa participation à l'effort collectif. Viola Amherd, ministre en charge de la Défense (DDPS) a déjà essuyé un revers l'année passée: l'augmentation des dépenses militaires à 1% du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2030 a été repoussé à 2035. Cette décision se matérialise par des milliards en moins dans le budget de l'armée. 

Pour ne rien arranger, l'armée a failli recevoir cette année un dernier coup de massue. La cure d'austérité proposée par la ministre des Finances Karin Keller-Sutter n'épargnait pas le Département de la défense. Des documents relatifs à la consultation interne des offices de l'administration que Blick s'est procuré en témoignent. 

Plusieurs variantes pour l'armée

Au début de l'année encore, le département des Finances a évoqué pour le budget 2025 une réduction linéaire de 2% des dépenses qui aurait également compris un effort du Département de la défense. Le DDPS risquait alors de se retrouver avec un déficit de 131 millions de francs.

Viola Amherd, la ministre de la Défense, a dû se battre pour éviter de nouvelles mesures d'économie.
Photo: Keystone

Trois variantes ont alors été soumises au débat sur l'armée. Tout d'abord, la renonciation à une réduction, ou un objectif d'économie linéaire uniquement dans le domaine des dépenses d'exploitation, des investissements immobiliers et des prestations de transfert. Une baisse qui aurait représenté 70 millions de francs.

Une autre piste envisagée était une mesure d'économie de 120 millions de francs si l'ensemble du budget de l'armée était pris en considération. «Dans toutes les variantes, il faut envisager une limitation de la réduction à deux ou trois ans. Sinon, l'objectif de 1% du PIB sera remis en question», peut-on lire à ce sujet dans les documents.

«On ne peut pas faire plus»

Il est attesté que des entretiens préliminaires ont eu lieu en janvier entre Viola Amherd et Karin Keller-Sutter à ce sujet. Le DDPS est monté au créneau: «Nous répétons également à cette occasion que l'armée ne peut pas participer aux réductions linéaires», a déclaré le chef des finances du DDPS Urs Marti lors de la consultation des offices.

Il a tenu à justifier sa position: «Les problèmes de liquidités de l'armée pour les trois à cinq prochaines années sont considérables et sont notamment dus au fait que, dans le processus de l'année dernière, elle a contribué à hauteur d'environ deux milliards de francs à l'assainissement des finances fédérales pour les années 2024 à 2027. On ne peut pas faire plus.»

L'armée, une exception?

La résistance du DDPS n'a cependant pas été bien accueillie partout. Si aucun effort n'était fourni par le département, la pression des économies pèserait d'autant plus sur les autres départements. Ainsi, le secrétariat général du ministre de l'Économie UDC Guy Parmelin a plaidé pour une discussion générale sur l'évolution des dépenses de 2025 à 2035 – «y compris le domaine de la sécurité» – avant de discuter de mesures d'économies concrètes. Cette position ne relève pas du hasard, puisque c'est le Département de l'économie qui devrait faire le plus d'économies.

En vue de la séance décisive du Conseil fédéral à la mi-février, le groupe de travail interdépartemental a encore discuté de deux variantes afin de réduire l'endettement. La première option était un objectif d'économie de 1,4% pour tous les départements. Cette situation aurait obligé le DDPS à renoncer à 63 millions de francs, à l'exception des dépenses d'armement et pour une durée limitée à deux ans.

La deuxième option consistait en une réduction de 1,7% pour tous, à l'exception de l'armée. Le DDPS s'est à nouveau opposé aux coupes, comme le note le procès-verbal de la séance. De même, plusieurs départements ont plaidé pour l'implication du département, «car il s'agit déjà d'une solution de compromis».

Un rebondissement sauve l'armée

Mais un coup de théâtre a sauvé l'armée d'un nouveau cycle d'économies. Juste avant la décision du gouvernement, les problèmes financiers de l'armée ont été rendus publics, ce qui a provoqué de vives discussions au Palais fédéral. Personne n'aurait alors compris de nouvelles mesures d'économie.

Une astuce comptable a en outre fait baisser la pression. La majeure partie des dépenses pour les réfugiés ukrainiens continue d'être comptabilisée en tant que dépenses extraordinaires et échappe ainsi aux restrictions. Il y a donc moins de coupes à faire dans le budget ordinaire. Résultat des courses: une réduction de 1,4% pour tous, sauf pour l'armée. Viola Amherd a cette fois-ci remporter la bataille de justesse.

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