Stressé par la rentrée?
Voici comment prolonger les bienfaits des vacances

Et si le secret, c’était justement de ne pas trop surinvestir ses congés et de profiter de chaque pause qui se profile? Voici les explications d’un psychiatre et d’une psychologue du travail.
Publié: 15.08.2024 à 14:30 heures
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Dernière mise à jour: 16.08.2024 à 14:25 heures
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Margaux BaralonJournaliste Blick

Tout le monde a connu au moins une fois cet atterrissage brutal: après des vacances estivales à siroter des (virgin) mojito au bord d’une piscine ou à la plage, en randonnée sans réseau ou au milieu des joyaux culturels d’une ville lointaine, vous voilà de retour au bureau, les yeux rivés sur un écran. 

Le temps se rafraîchit un peu – ce qui n’est pas forcément un mal vu les dernières canicules – vos shorts et vos tongs retrouvent le chemin du placard et, déjà, votre bronzage pâlit à vue d'œil. Il faut reprendre ses dossiers, parfois préparer la rentrée scolaire des enfants et enchaîner les réunions. Au point qu’en quelques jours seulement, tous les bénéfices de ces interminables après-midi passées à ne rien faire au soleil semblent envolés.

Mais alors, comment adoucir cette période délicate et prolonger les bienfaits des vacances? La clef est peut-être d’abord… de ne pas en attendre trop. «Je crois que les vacances n’apportent pas de grands bénéfices. Ce qui est beau, c’est précisément qu’elles sont inutiles», tranche Michel Lejoyeux, psychiatre et auteur de «En bonne santé avec Montaigne» (éd. Robert Laffont). 

«Je crois que les vacances n’apportent pas de grands bénéfices. Ce qui est beau, c’est précisément qu’elles sont inutiles», tranche Michel Lejoyeux, psychiatre et auteur de «En bonne santé avec Montaigne» (éd. Robert Laffont).
Photo: Shutterstock

«On a passé un moment présent agréable, mais vouloir en faire une espèce de vitamine qui durerait toute l’année est voué à l’échec. Quand vous avez un plaisir immédiat, vous n’espérez pas qu’il dure la semaine suivante.» Noémie Le Menn, psychologue du travail et coach professionnelle, ne dit pas autre chose. «Souvent, les attentes vis-à-vis des vacances sont disproportionnées. C’est comme se dire qu’on va dormir 40 heures de suite pour travailler 40 heures d’affilée après. C’est impossible.»

Gérer son stress sans pas absorber celui des autres

Ni antidépresseur, ni thérapie, les vacances sont bien là pour faire le vide. Ce qui n’empêche pas d’appliquer les conseils de Noémie Le Menn pour survivre à la rentrée. «Comment prolonger les bienfaits des vacances? C’est comme si vous me demandiez comment rester propre après une douche. Déjà, il vaut mieux ne pas se rouler dans la boue.» Ou, en l’occurrence, dans le stress et la surcharge de travail. «Il y a des postures à éviter», poursuit la spécialiste. «Les personnes perfectionnistes, très critiques ou qui se mettent la pression vont développer des attitudes qui les mettront en tension, en surchauffe.» Cela peut être, par exemple, le refus de déléguer du travail, l’incapacité à dire non ou le fait de ressentir le besoin d’être surchargé pour se sentir important.

Autre conseil de Noémie Le Menn: «laisser aux autres leur propre stress, garder une distance émotionnelle sans se laisser contaminer.» Ce n’est pas parce que votre voisin de bureau est sous l’eau à la rentrée qu’il faut absorber toutes ses émotions négatives comme une éponge. Soyez empathique et compatissant, sans l’imiter! D’autant que «toute activité professionnelle comporte forcément des moments intéressants», avance la psychologue. «Le tout est de savoir les capter, les savourer et y repenser après, plutôt que de se concentrer sur ce qui est désagréable.»

Garder des «petites bouffées de vacances»...

Michel Lejoyeux, lui, encourage à prolonger certains aspects des congés. «Souvent, en vacances, on investit mieux son corps. On bouge plus, on prend le temps de manger, de danser, on accorde une plus grande attention à la sensualité.» De bonnes habitudes… à conserver à la rentrée. «En bougeant plus, on se fait du bien. Il ne faut pas retomber dans la sédentarité.»

Noémie Le Menn encourage, elle, à repenser à des vacances agréables. Loin de n’engendrer que de la frustration, cela peut aussi être une respiration. «On peut se trouver un grigri, un objet que l’on pose sur son bureau ou une photo à mettre en fond d’écran, qui va réactiver un moment sympa. C’est une petite bouffée de vacances à sentir de temps en temps.»

…et jeter les mauvaises habitudes

À l’inverse, tout n’est pas à garder dans les vacances. «On a peut-être plus bu ou fumé au rythme des fêtes et des apéros. Le retour des vacances est le bon moment pour mettre à distance les conduites addictives», préconise Michel Lejoyeux. Pour Noémie Le Menn, «la rentrée est une date symbolique, qui permet un redémarrage», y compris professionnel. Car si, en dépit de tous vos efforts, le retour au bureau est trop douloureux, c’est peut-être que le problème est plus profond. Et qu’il faut réfléchir à changer ses conditions de travail, voire son travail tout court. «Cela mérite de prendre le temps de se poser pour faire un bilan, peut-être en étant accompagné, et voir si on se projette dans autre chose», explique la coach. Pas question de partir sur un coup de tête pour autant, ce qui serait le meilleur moyen de renouer avec la frustration ailleurs.

Noémie Le Menn préconise enfin de «travailler sur sa façon de voir les vacances par rapport au travail». Et d’arrêter d’opposer fondamentalement les deux. «Chaque soirée peut être un week-end et chaque week-end des mini-vacances.» Autrement dit, il faut investir les pauses, «garder des moments de vraies inactivités», conseille Michel Lejoyeux. Pour le psychiatre, «il ne faut pas imaginer que le fait qu’on travaille signifie qu’on va travailler tout le temps et être en apnée» mais bien conserver jalousement ses fins de semaine et ses soirées, qui deviendront de «petites respirations de vacances». «Je crois beaucoup au farniente. Soyons de vrais paresseux!»

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