Euphoria, Grey's Anatomy...
13 personnages LGBTQIA+ qui ont fait bouger les codes des séries

D’abord absents des séries, les personnages LGBTQIA+ ont fait leur apparition sur la pointe des pieds et avec pas mal de clichés, avant de prendre de l’importance puis d’être normalisés. Retour sur une histoire en dents de scie.
Publié: 09.06.2023 à 10:46 heures
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Dernière mise à jour: 10.06.2023 à 12:57 heures
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Margaux BaralonJournaliste Blick

Le chiffre n’a jamais été aussi élevé. À la télévision américaine, sur la saison 2021-2022, 92 personnages récurrents de séries sont des personnages LGBTQIA+, selon le baromètre annuel de GLAAD. Cette association gay et lesbienne qui veille à la bonne représentation des LGBTQIA+ dans les médias souligne que cela représente 11,9% des visages, en augmentation de plus de 2 points par rapport à l’année précédente.

Mais pour en arriver là, le chemin fut long et tortueux. Longtemps, les personnages de séries se sont tous ressemblés, excluant des représentations une bonne partie de la population. Et les premières apparitions de figures LGBTQIA+ ont été timides et pleines de clichés. Blick revient sur 13 personnages de séries qui ont fait bouger les lignes.

Steve dans «All in the family»

Il reste difficile de déterminer exactement quelle série a présenté le tout premier personnage LGBTQIA+ de l’histoire de la télévision. Mais la sitcom américaine «All in the family» tient la corde. Dans un épisode de la première saison, Steve, ancien joueur de football américain, fait son coming-out. Nous sommes alors en 1971 et une partie de l’Amérique ne voit vraiment pas ça d’un bon œil. Le président Nixon lui-même accuse «All in the family» de «promouvoir l’homosexualité». Pourtant, le personnage de Steve n'apparaîtra dans aucun autre épisode de la sitcom.

Dans «Euphoria», Jules et Rue forment un duo qui bouscule les codes des genres et des sexualités.
Photo: CBS via Getty Images

Steven Carrington dans «Dynastie»

À la télévision, l’aube des années 1980 rime avec permanente, robes lamées et drama perpétuel. Dans la plus pure tradition du «soap», «Dynastie» raconte les aventures des Carrington, famille richissime. Et Steven, le fils du patriarche, est l’un des premiers personnages récurrents gays dans une série.

Si cela représente un sacré progrès pour l’époque, Steven Carrington est le stéréotype du personnage LGBTQIA+ imaginé et écrit par des hétéros: il continue d’entretenir des relations avec les hommes comme avec les femmes, et n’est d’ailleurs défini que par son orientation sexuelle et ses intrigues amoureuses.

Photo: ABC

Stuart, Nathan et les autres dans «Queer as folk»

Voilà sûrement LA série qui a tout fait basculer, après des années 1980 globalement frileuses. En 1999, le showrunner Russel T. Davies lance «Queer as folk» et les téléspectateurs britanniques voient débarquer dans leur salon une bande d’amis gays de Manchester qui ne se privent ni de coups d’un soir ni de longues tirades amoureuses.

Russel T. Davies fait deux choix forts pour l’époque. D’abord, il ne parle pas du sida, alors que les personnages gays dans les séries sont alors souvent des hommes séropositifs au bord du trépas. Ensuite, il n’a aucune gêne à montrer Stuart, Nathan et Vince, les trois personnages principaux, avoir des relations sexuelles. Un an plus tard, «Queer as folk» est adaptée aux États-Unis et, encore aujourd’hui, elle reste une référence en matière de personnages gays sur petit écran.

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Jack McPhee dans «Dawson»

Le 24 mai 2000, les téléspectateurs américains assistent à une première: dans la série pour ados «Dawson», diffusée à une heure de grande écoute, deux hommes s’embrassent. Jack McPhee, personnage récurrent, a en effet décidé d’assumer ses sentiments pour Ethan. Le showrunner de la série, Kevin Williamson, et son producteur Greg Berlanti, s’inspirent alors de leur propre expérience pour écrire les arcs narratifs de ce jeune gay qui s’épanouit en même temps qu’il sort du placard.

Photo: Patrick Kelleher

Tara et Willow dans «Buffy contre les vampires»

En 1999, la série déjà culte «Buffy contre les vampires» se lance dans sa quatrième saison avec un nouveau personnage: Tara Maclay, une sorcière dont Willow tombe peu à peu amoureuse. Les réticences de la télévision devant une relation lesbienne sont telles que pendant de nombreux épisodes, les deux jeunes femmes se tournent autour et leur attirance n’est représentée qu’à travers des tours de magie.

Il faut attendre 2001 et la saison 5 de la série pour qu’enfin, le showrunner Joss Whedon impose un baiser lesbien. Un véritable tournant, même si le personnage de Tara est ensuite sacrifié dès la saison suivante.

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Jesse, Bette, Tina et les autres dans «The L Word»

Il y a eu «Queer as folk» chez les hommes gays, il y aura ensuite «The L Word» avec des femmes lesbiennes. Lancée en 2004, cette série suit les aventures de Jesse, Tina, Bette ou encore Marina, femmes lesbiennes et bisexuelles, et représente elle aussi une révolution à l’époque. Parce que les lesbiennes sont encore plus invisibilisées que les gays, mais aussi que des femmes lesbiennes écrivent et réalisent la série, ce qui permet notamment de sortir les scènes de sexe lesbien des clichés.

Même si «The L Word» sera critiquée pour ne montrer que des femmes correspondant aux canons de beauté actuels, la série représente une avancée majeure en termes de représentation.

Photo: Showtime

Thomas Marci dans «Plus belle la vie»

Quittons un instant l’histoire des séries anglo-saxonnes pour revenir à la fiction francophone. En 2004, France 2 commence une aventure qui durera 18 ans avec «Plus belle la vie», feuilleton quotidien qui passionne rapidement des millions de téléspectateurs.

Parmi les personnages, un jeune homme se détache: Thomas Marci, trentenaire homosexuel. La chaîne prend le pari de montrer le premier baiser gay dans une série française avant, en 2013, de filmer le mariage de Thomas. Encore aujourd’hui, alors que sa fin est programmée, «Plus belle la vie» reste la série populaire la plus inclusive du paysage audiovisuel français.

Photo: France TV

Kurt, Santana, Brittany et les autres dans «Glee»

Lorsqu’elle débarque sur les écrans en 2009, la série «Glee» impose son ton comique et pop en quelques épisodes seulement, grâce à des personnages hauts en couleur et une bande-son incroyable. Mais elle bouleverse aussi les représentations grâce à des personnages LGBTQIA+ de premier plan. Il y a Kurt, bien sûr, jeune homme gay martyrisé par les autres élèves du lycée qui, peu à peu, prend de l’assurance, mais aussi Santana et Britanny, respectivement lesbienne et bisexuelle.

Si elle a d’abord surtout mis en avant des personnages trop beaux pour être réalistes, «Glee» a aussi su déjouer un certain nombre de clichés autour des personnages LGBTQIA+, en faisant par exemple de Sue, la prof de sport au look très masculin, une hétéro, tandis que les pom-pom girls les plus en vue du lycée, Santana et Britanny, entament une relation lesbienne.

Photo: Fox

Callie Torres dans «Grey’s Anatomy»

Créée par Shonda Rhimes, papesse des séries américaine, le soap hospitalier «Grey’s Anatomy» introduit dans sa deuxième saison le personnage de Callie Torres, médecin spécialisée en chirurgie orthopédique. Après avoir courtisé George pendant deux saisons, la belle brune se rapproche brusquement d’une femme, Erica Hahn, dans la quatrième saison de la série.

Pour peaufiner l’écriture et garder une vision réaliste du personnage, les scénaristes de «Grey’s Anatomy» ont notamment fait appel à la GLAAD. Callie Torres est à ce jour le personnage LGBTQIA+ qui est apparu le plus longtemps dans une série (239 épisodes sur 11 saisons, tout de même).

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Sophia Burset dans «Orange is the new black»

En 2013, Netflix entame la diffusion de l’une de ses séries originales qui lui permettra de bâtir solidement son empire. En plongeant dans le quotidien de femmes détenues, «Orange is the new black» fait la part belle aux personnages LGBTQIA+, notamment aux lesbiennes. Mais c’est indéniablement Sophia Burset, la coiffeuse de la prison, qui a marqué durablement les esprits.

Cette femme trans, incarnée par Laverne Cox, elle-même actrice trans, doit constamment lutter contre la transphobie dont elle est victime. En écrivant avec soin son histoire personnelle, notamment sa famille, les scénaristes ont fait de ce personnage bien plus qu’un prétexte pour inclure le sujet de la transidentité dans leur série.

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Blanca Rodriguez dans «Pose»

Le showrunner Ryan Murphy, à qui l’on doit «Glee», mais aussi la deuxième saison d’«American Crime Story» sur l’assassinat de Gianni Versace ou encore «Ratched», a beaucoup fait pour la représentation des LGBTQIA+ dans les séries. Mais il n’a sûrement jamais fait autant qu’avec «Pose», singulière plongée dans les méandres de la scène culturelle queer, noire et latino dans les années 1980. L’actrice trans Mj Rodriguez, dans le rôle de Blanca Rodriguez, entraîne derrière elle ce qui est encore aujourd’hui le plus gros casting trans de l’histoire de la télévision.

Photo: FX

Éric et Adam de «Sex Education»

Parmi la multitude de «teen shows» récents présentant des personnages LGBTQIA+, «Sex Education» se démarque nettement par la qualité de sa réalisation, son propos et ses personnages. S’il fallait n’en choisir que deux, ce seraient peut-être Eric et Adam, incarnation même de l’adage qui veut que les opposés s’attirent. Le premier, ouvertement gay, vêtu de chemises bariolées et très extraverti, est constamment la cible du second, taciturne et violent. Et tous deux font évoluer les représentations.

Contrairement à de nombreux personnages gays, Eric entretient une véritable relation d’amitié masculine très touchante avec Otis, le héros de «Sex Education». Quant à Adam, issu d’un environnement extrêmement conservateur, il dissimule d’abord ses questionnements existentiels sous une agressivité et une homophobie décuplée avant d’apprendre à s’assumer.

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Rue, Jules et les autres dans «Euphoria»

Parfois maniérée et boursouflée, souvent très très crue, «Euphoria» en fait sûrement un peu trop. Mais la série de Sam Levinson a le grand mérite de représenter une génération d’ados capable d’embrasser la fluidité des genres, quand celle de ses parents a dû composer, dans la douleur, avec l’homophobie et la binarité. Le couple formé par Rue et Jules en est l’exemple parfait: la première est plutôt asexuée, quand la seconde est transgenre sans jamais que sa transidentité soit un sujet.

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