Sortie du livre «Swiss Tattoo»
La qualité suisse brille jusque dans le tatouage

«Swiss Tattoo», le tout premier livre sur la scène du tatouage suisse, vient tout juste d'être publié. Entre portraits, histoire et interviews, l'auteur démontre que notre petit pays sait se distinguer en matière d'aiguilles et d'encre.
Publié: 23.10.2022 à 15:06 heures
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Valentina San MartinJournaliste Blick

Du motard à la mère au foyer en passant l’étudiant hipster, tout le monde (ou presque) a un ou plusieurs tatouages quelque part sur le corps. D’où vient cet engouement pour l’aiguille, comment a-t-il évolué dans nos contrées helvétiques et qui sont ces artistes tatoueurs made in Switzerland? Des questions auxquelles a tenté de répondre le journaliste Clément Grandjean, auteur du livre «Swiss Tattoo – Le graphisme dans la peau», sorti en octobre aux Éditions Helvetiq.

Les grandes nations du tattoo

Qu’on se le dise: lorsqu’on se réfère à la Suisse, on pense au chocolat, aux vaches, aux montres ou aux montagnes, pour ne citer que quelques exemples, certes un peu clichés, nous en conviendrons. Rares sont les personnes qui parleront tatouages après avoir évoqué la Suisse. Et pourtant… La scène du tatouage existe bel et bien chez-nous.

Pourquoi ce sont surtout de grands pays comme l’Angleterre, les États-Unis ou encore le Japon qui nous viennent à l’esprit quand on mentionne l’art du tattoo? La réponse est plutôt simple: la Suisse ne disposant pas de ports ou de bagnes, elle n’a pas eu l’occasion de se forger une réputation de nation du tatouage, contrairement à d'autres.

Tatouages réalisés par Neina Neina (à gauche), Christos Zorbas (au milieu) et Dirty Randy (à droite).
Photo: Swiss Tatto
L'œuvre est signée Filip Leu. Le Suisse est considéré comme une superstar du tatouage.
Photo: Swiss Tattoo

Cela n’a toutefois pas empêché des tatoueurs comme Filip Leu de devenir des références. Lui et sa famille ont contribué à l’essor du tatouage en Suisse dès les années 1980. Filip Leu est considéré par beaucoup comme étant meilleur tatoueur du monde. Certains n’hésitent pas à faire des kilomètres pour se faire tatouer chez lui à Sainte-Croix (VD).

Le tatouage d’hier

Si le tatouage a commencé à s’imposer il y a un peu plus d’une quarantaine d’années en Suisse, son histoire est bien plus ancienne. L’auteur de «Swiss Tattoo» est allé jusqu’à l’Anatomische Museum de l’Université de Bâle pour découvrir une vingtaine de fragments de peau tatouée. Ces dernières sont vieilles de plusieurs siècles (1885 à 1914).

Clément Grandjean soulève également l’existence d’un certain Ötzi, le plus ancien tatoué connu au monde. En effet, ce dernier a vécu à la période Néolithique et sa dépouille a été découverte en 1991 à quelques kilomètres de la frontière suisse.

L’expertise suisse dans le graphisme

Mais alors, si la Suisse n’est pas une puissance du tatto, comment réussit-elle à sortir son épingle du jeu? Eh bien, il se trouve que notre petit pays possède une culture du design graphique et de la typographie. «La technique du tatouage repose précisément sur la transposition de formes d’expression visuelles existantes au support de la peau. L’exemple le plus évident est celui du tatouage japonais, adaptation de l’estampe traditionnelle. Et effectivement, on peut tout à fait transposer des éléments de la typographie et du design dans le tatouage», explique Maxime Plescia-Büchi, dont on peut retrouver l’interview dans l’ouvrage.

À noter qu'aujourd'hui, la nouvelle génération de tatoueurs suisses sort souvent d’écoles d’art comme l’ECAL, pour ne citer qu’un exemple. De quoi affirmer sans détour que oui, les tatoueurs sont bien des artistes accomplis qui utilisent leur formation pour alimenter leur savoir-faire. Le tattoo swiss made a donc de beaux jours devant lui!

«Swiss Tattoo. Le graphisme dans la peau», Clément Grandjean, Éditions Helvetiq.

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