Le prochain Suisse en MotoGP?
Lenoxx Phommara: «A la plage, je m'ennuie. Sur la moto, jamais»

A 17 ans, le pilote suisse Lenoxx Phommara rêve de débouler sur la grande scène du MotoGP. Son calendrier très chargé des deux prochaines années doit lui servir de tremplin, lui dont la moto est la grande passion depuis tout petit.
Publié: 24.08.2024 à 12:47 heures
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Dernière mise à jour: 26.08.2024 à 14:46 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Lenoxx Phommara, 17 ans, fonce sur la route du succès! Le jeune pilote suisse, qui habite Kreuzlingen, en Thurgovie, avec son père Sergio et son petit frère Levin (15 ans), et a dû faire face au décès de sa maman Nang alors qu'elle n'avait que 39 ans, aura un calendrier très chargé cette année, lui qui espère intégrer le monde exigeant, et très beau, du MotoGP d'ici 2026.

Les deux prochaines années seront cruciales pour lui. Il figure d'ailleurs au casting de «Born Racers, nés pour la course», une passionnante série de six épisodes diffusées par Canal+ et qui a suivi six espoirs de la moto dans leur quête d'excellence, avec leurs réjouissances et leurs moments compliqués. Tous ont l'espoir de rejoindre le monde impitoyable, mais si beau, du MotoGP, le Graal pour chaque pilote.

Born Racers, la série diffusée en ce moment sur Canal Plus.
Photo: Julian Kroehl

Pour Blick, Lenoxx Phommara a pris quelques minutes cette semaine pour évoquer son ascension et expliquer d'où lui viennent son talent et sa passion pour la moto. Et comment il se prépare à devenir une star.

Photo: BENJAMIN SOLAND

Quand j'ai dit à un passionné de moto que j'allais te parler cet après-midi, il m'a dit que j'avais affaire à une «rising star» en anglais, à une étoile montante en français. Il a raison?
Haha, oui, ça me va, la définition me convient, je prends!

Et si toi tu devais te définir?
Je ne sais pas, c'est difficile. Je dirais que je sens que ça devient sérieux, que ma carrière en est au début mais que j'ai fait un pas en avant en intégrant la Moto3 Juniors cette saison. Je construis mon avenir.

Aujourd'hui, es-tu sûr d'être le prochain Suisse en MotoGP après Tom Lüthi et Noah Dettwiler?
Non, rien n'est sûr. Mais je travaille pour cela. C'est un espoir autant qu'un objectif. C'est le pas suivant, logique, mais je n'y suis pas encore.

A quel moment tu t'es dit que la moto, c'était ton sport, plutôt que le curling ou le foot?
J'avais 3 ou 4 ans quand mon père m'a fait monter sur une pocketbike, ces petites motos, tu sais? On était en vacances en Italie, son pays, et il m'a fait essayer. Il m'a mis dessus et vas-y, roule! J'ai tellement aimé que je n'arrêtais pas de lui demander quand on repartait en vacances pour que je puisse rouler à nouveau!

Ah, du coup, tu te réjouissais de repartir en Italie, mais pas pour la plage?
C'est exactement ça! J'aime bien la plage aussi, mais je m'ennuie vite. Sur la moto, jamais. Avec mon petit frère Levin, qui a deux ans de moins, on comptait les jours jusqu'aux vacances parce qu'on savait qu'on allait pouvoir remonter sur nos petites motos.

Photo: Zvg

Tu as commencé à t'y mettre sérieusement à quel âge?
Dès l'âge de 8 ans, j'ai disputé des championnats. Mon père m'a acheté une pocketbike et c'était parti.

Tu as gagné tout de suite?
Non! Au début, je galérais un peu. Puis je me suis amélioré, j'ai appris les techniques de course. Et dès la deuxième saison, je me battais pour le titre. Mais je ne suis jamais allé jusqu'au bout, j'ai terminé vice-champion une fois. C'est en 2019 que j'ai gagné mon premier trophée, en étant champion d'Europe.

C'était facile de se financer? C'est cher la moto, non?
Oui, mais pas forcément quand tu es jeune. On a eu des sponsors, des partenaires financiers. Ca allait.

Quelles sont tes grandes qualités naturelles sur une moto?
Je vais te répondre un peu différemment en commençant par te parler d'un désavantage structurel que nous les Suisses, nous avons sur le reste des coureurs.

Lequel?
Le manque de pistes. Il n'y a pas de courses ici et tu te rends sur les différents circuits sans avoir pu t'entraîner. Et vu qu'il y a moins de circuits en Suisse, il y a moins de pilotes aussi. Donc tu peux moins te confronter aux meilleurs et tu progresses moins vite. En Espagne ou en Italie, ils se donnent rendez-vous sur les pistes et ils se font de bonnes séances d'entraînement. En Suisse, tu ne peux pas faire ça.

C'est plus dur de devenir pilote quand tu es Suisse?
Oui, je le pense sincèrement. Et du coup, on en vient à ta question: ma grande qualité, c'est que j'arrive à être compétitif sans avoir de réel entraînement, si j'exagère un peu. Du coup, ma marge de progression est grande, parce que si je suis bien entraîné, je pourrai exprimer mon potentiel.

Photo: Zvg

Cette année, tu vas avoir un calendrier chargé. Explique-moi un peu ça...
En effet, je vais participer à deux compétitions en parallèle. D'un côté la Red Bull Rookies Cup, sept week-ends de course en une année, plus les tests. Et le championnat du monde juniors de l'autre avec là aussi sept week-ends de course en plus des tests. Donc mon agenda est très très bien rempli.

Et à côté de ça, tu as ton apprentissage...
Oui, je suis en troisième année d'employé de commerce chez mon sponsor principal Arnold Pfister. Autant te dire que je dois souvent rattraper les cours, mais il est très arrangeant. Je peux toujours partir sur les courses, pas de souci.

Qu'attends-tu des deux compétitions dans lesquelles tu es engagé?
L'objectif de cette première saison, c'est de découvrir ces compétitions et d'être dans le haut du classement le plus vite possible. Cette année doit me servir de base pour jouer le titre l'an prochain. Et après deux ans, faire en sorte que mes performances m'ouvrent les portes de la MotoGP.

Quels sont tes modèles à ce niveau?
Je dirais Pedro Acosta et Jorge Martin.

Deux Espagnols! Pas d'Italiens?
Si, si, je les admire aussi, bien sûr! Ce sont les deux premiers noms qui me sont venus à l'esprit, mais l'école de moto italienne m'inspire beaucoup, évidemment.

Tu es à l'affiche de la série «Born Racers» sur Canal+, mais tu n'es pas encore une star comme les noms que tu m'as cité. Tu le seras peut-être dans quelques années... Tu t'y prépares? Tu l'appréhendes? Tu profites de faire des bêtises pendant que tu es encore relativement anonyme?
Haha, non! C'est une bonne question que tu me poses, honnêtement, parce que je n'y ai jamais vraiment réfléchi. Mais en fait, je crois que j'ai la réponse: j'ai envie de le devenir. Donc oui, si un jour je suis une star, je trouverai ça cool. Je n'ose pas te dire que je m'en réjouis, mais ce statut ira avec le fait d'être performant et d'être bon dans mon sport, donc je veux savoir ce que ça fait.

Photo: Zvg

Le danger, tu y penses quand tu es à fond sur le circuit?
J'en suis conscient, bien sûr. La moto peut être un sport dangereux.

Tu as peur parfois?
Ce n'est pas le mot juste. J'ai du respect pour mon sport et pour le danger. Mais peur, non.

Parle-moi un de ton père Sergio, comment est-il au quotidien? Il te met la pression, vu que la moto, c'était son idée?
Non, pas du tout, il est vraiment super. Il m'accompagne, il est présent, mais il ne me met aucune pression. Au contraire, il m'apporte beaucoup de confiance.

Tu as eu l'immense douleur de perdre ta mère Nang, voilà deux ans...
Oui. Elle est tous les jours avec moi, avec nous. Elle m'accompagne au quotidien, il n'y a pas un jour sans que je sois avec elle dans mes pensées. Elle m'aide beaucoup, elle me disait toujours de ne jamais abandonner et quand j'ai des journées plus difficiles, je pense à ces paroles. Et je continue. Elle me soutient. Je le sais. Je le sens.


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