Malgré le refus du CIO pour 2030
La Suisse est soudain favorite pour les Jeux olympiques de 2038

Mercredi, le CIO a mis un terme aux ambitieux projets olympiques suisses. Une porte s'ouvre désormais pour 2038, à la grande joie du patron de Swiss-Ski Urs Lehmann et de la conseillère fédérale Viola Amherd.
Publié: 30.11.2023 à 09:15 heures
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Dernière mise à jour: 30.11.2023 à 09:37 heures
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Matthias Dubach, Christian Finkbeiner et Emanuel Gisi

Le rêve suisse d'organiser des Jeux olympiques en 2030 s'est envolé. Mais ce n'est que le projet d'un grand événement hivernal dans à peine six ans qui a disparu mercredi. La Suisse vit désormais le rêve des Jeux olympiques de 2038.

Mercredi, le CIO a d'abord été défavorable envers la Suisse et contre la candidature de la Suède. Les deux pays sont éliminés par le comité pour 2030. Seule la France franchit l'obstacle du dialogue ciblé avec le CIO jusqu'à l'attribution de l'été prochain. Tout semble donc clair avant la double attribution de 2030 et 2034: les Français et les Américains avec Salt Lake City obtiennent les créneaux souhaités.

En Suisse, le rêve olympique a été lancé notamment parce que l'on a considéré 2030 comme une chance unique d'organiser pour la première fois des Jeux sous la nouvelle philosophie du CIO, avec durabilité et sans gigantisme. «Bien sûr, j'ai été déçu sur le moment, mais je considère ce jour comme une chance», déclare le patron de Swiss-Ski Urs Lehmann à Blick. Il est l'une des forces motrices derrière le projet et ne baisse pas les bras: «C'est un bon jour pour le sport suisse».

La candidature suisse n'a pas trouvé d'écho pour le moment: Karl Stoss du CIO parle à Paris des décisions concernant les sites olympiques dans le futur.
Photo: AFP
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Parce que justement, après la première désillusion, un nouvel horizon s'est soudainement ouvert. Le CIO estime que la Suisse est une candidate privilégiée pour 2038. «Nous avions certes 2030 ou 2034 en ligne de mire. Mais dans le sport, il faut savoir être flexible», explique Jürg Stahl, président de Swiss Olympic.

Soudain, la Suisse pourrait se retrouver face à une décennie sportive unique: en 2028, St-Moritz est candidate pour les Jeux FIS, où tous les sports de neige sont réunis. Ensuite, les European Championships sont sérieusement à l'ordre du jour pour 2030. Sous ce toit, divers championnats d'Europe de sports d'été se dérouleront comme une sorte de mini-Olympiades. Et enfin, pour couronner le tout, des Jeux olympiques d'hiver en 2038.

Candidature jusqu'à fin 2027

Pour ce dernier, la Suisse a obtenu un statut spécial. L'Autrichien Karl Stoss du CIO déclare lors du point presse à Paris: «Le CIO entame un dialogue privilégié avec la Suisse pour 2038. Notre sentiment était que cette solution était une bonne chose pour les deux parties».

Swiss Olympic et Cie ont maintenant jusqu'à fin 2027 pour tout mettre en place proprement. Si cela réussit, le CIO accordera à la Suisse le droit de priorité pour 2038. Urs Lehmann est enthousiaste: «Nous sommes sur le pas de la porte pour les Jeux de 2038. Il s'agit désormais d'emporter dans les prochaines années l'élan positif que nous avons créé ces six ou sept derniers mois».

Mais pour franchir effectivement la porte, le CIO attend toute une série de retouches. Karl Stoss, l'homme du CIO, est catégorique : «La Suisse doit faire ses devoirs». Lehmann s'y oppose et déclare: «Je suis très optimiste quant à notre capacité à fournir des prestations dans les quatre domaines dans lesquels le CIO exige encore un approfondissement supplémentaire».

Le CIO remet en question la décentralisation du projet

Le CIO attend des améliorations du business plan, ainsi qu'un soutien accru de la population et du gouvernement. Cela pourrait volontiers se faire par référendum. «Ainsi, nous saurions alors à quoi nous en tenir», précise Karl Stoss. La critique du CIO est assez fondamentale en ce qui concerne un point central du projet suisse: l'organisation décentralisée avec des sites sportifs répartis dans tout le pays. Le CIO exige que l'on se rapproche des grandes villes et qu'il y ait un village olympique, «et pas seulement des hôtels répartis dans le pays».

Au Palais fédéral, on est déjà tout feu tout flamme pour 2038. La ministre des sports Viola Amherd, qui avait encore vendredi dernier incité le Parlement suisse du sport à se tourner vers 2030, déclare aujourd'hui: «Je me réjouis que le CIO ait décidé d'entamer un dialogue privilégié pour 2038. C'est certes plus tard que prévu, mais je ne suis pas mécontente que nous ayons plus de temps».

Amherd parle du projet olympique en marge d'une réception de l'équipe nationale féminine de football - et espère qu'après l'Euro féminin de foot en 2025, les Jeux d'hiver auront lieu chez nous en 2038: «La Suisse est déjà désignée par le CIO pour cette candidature. Cela nous donne, ainsi qu'au CIO, une certaine sécurité dans la planification».

Un rêve s'est évanoui. Le prochain n'en sera que plus grand.

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