Puissance et détermination
Lionel Schwander, le judoka qui se relève de tout

A 25 ans, le judoka yverdonnois a déjà connu quelques coups durs et déceptions, mais il a toujours su rebondir. Portrait d'un champion à la résilience impressionnante, qui ne se repose jamais.
Publié: 28.08.2024 à 10:25 heures
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Dernière mise à jour: 28.08.2024 à 10:26 heures
Anaïs Valentine Sancha

Lionel Schwander, judoka multi-médaillé, détonne par sa sagesse, sa force tranquille et sa joie d'exercer sa passion. Jour après jour, l'Yverdonnois savoure ce que la vie lui offre. Mais rien n’est gratuit: la majorité de ce qu’il a, il le doit à sa détermination et à sa discipline. Dernière preuve en date de son acharnement: sa médaille d’or aux championnats d’Europe universitaires 2024 du mois de juillet, dans la foulée d'une blessure et d'une rééducation express.

Retour au mois de mai dernier. La démarche de Lionel Schwander est assurée. Rien ne trahit la récente opération qu’il a subi. Qui n’est autre que la conséquence d’un coup pris en plein combat. C’était juste avant que le judoka de 25 ans ne cède son titre de champion national pour la deuxième place, lors des championnats suisses de 2023.

Une blessure, une intense déception puis la médaille d'or

Une médaille d’argent synonyme de déception, qui ne laisse pourtant pas son détenteur amer. Il montre le gonflement de sa malléole, qui se remarque de près. Deux mois plus tard en Hongrie, ce n’est déjà qu’un vague souvenir. Sur la plus haute marche du podium des championnats d’Europe universitaires, son regard est solennel et fier. Il y a de quoi! Reprise parfaitement réussie. Et objectif atteint. 

Photo: DR

Il se sentait prêt. Il l’est d’autant plus, pour un championnat en Ouzbékistan au mois d’octobre. Pas de quoi lui faire peur: «Mon objectif est de faire une médaille à toutes mes prochaines compétitions, mais j’évite de me mettre la pression».

Les études en parallèle du sport

Une pression qui en ferait pourtant craquer plus d’un. Oui, Lionel Schwander reste calme, ce qui force l’admiration et le respect. Pourtant, il cumule carrière de judoka, compétitions et camps d’entraînement inclus, et études à la Haute école fédérale de sport de Macolin. Un Bachelor en Sports pour lequel il a droit à des aménagements, puisqu’il est sportif d’élite. Il a aussi droit à un logement et à sa nourriture sur place, fournis par la Fédération Suisse de Judo. Malgré tout, dès qu’il en a l’occasion, Lionel retourne dans sa ville natale: «Le week-end, j’essaie tout le temps d’être à Yverdon-les-Bains, dans la ferme familiale de mes parents et aussi des fois avec mes amis judokas d’enfance.»

Des moments précieux pour un équilibre de vie et une bonne santé mentale. Et des moments qui lui manquent à chaque déplacement. C’est vrai que la routine n’est de loin pas ce qui définit le quotidien de Lionel Schwander: «Depuis plusieurs années, je suis à l’étranger presque quatre mois par an et je participe à une dizaine de compétitions. Déjà en 2024, j’ai eu plusieurs tournois.» Alors même qu’il a dû en sacrifier certains pour prioriser ses études. Et l’année est loin d’être finie.

Peu de vacances, peu de repos

Sans compter un récent camp d’entraînement de trois semaines au Japon. Ses congés, il les compte sur les doigts d’une main: «J'en ai peu. J'ai pu en prendre un peu après les Jeux Olympiques de Paris». Des vacances qui lui ont permis de prendre un peu de repos bien mérité. Mais Lionel ne se plaint pas de sa vie bien remplie. Il a l’habitude, après dix ans dans l’équipe suisse de judo. Et c’est un plaisir pour lui: «J’adore faire partie d'un groupe soudé». Entre eux, il se comprennent, aussi dans les moments difficiles: «Dans l’avion, on n'a aucune énergie, on est comme des légumes avant la pesée, c’est dur de profiter, mais on se soutient.»

Une fois arrivé à l’étranger, il apprécie au moins autant le respect de l’adversaire et annonce à ce propos avec un grand sourire: «Sur le tapis, il y en a beaucoup entre les combattants». Et d’ajouter: «On reconnaît quand même vite l’origine d’un judoka. D’après sa mentalité, son style pendant le combat et les enjeux, parce que certains nourrissent toute leur famille avec ce qu’ils gagnent en cas de victoire. En tout cas, aller dans autant d’endroits et rencontrer autant de judokas, ou en retrouver, c’est un vrai plaisir. Je ne m’en lasse pas.»

Demain, c'est déjà maintenant

Dix-huit ans que Lionel fait du judo. Il en est toujours aussi passionné. Néanmoins, sans remettre sa passion en cause, depuis deux ans, il pense à l’après. Il se pose des questions et réfléchit à sa reconversion: «Il faut se poser les bonnes questions au bon moment.» Et d’ajouter: «C’est important pour moi de réussir mes études».

Ce sont elles qui lui ouvriront des portes professionnelles. Elles qui lui permettront peut-être d’atteindre son but: devenir un jour entraîneur national – de judo, évidemment. Cette ambition, Lionel l’explique de façon simple. Un discours empli d’une sagesse étonnante pour un jeune homme de 25 ans: «Tout ce que j’ai appris, j’aimerais le transmettre».

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