Un trail de 26 kilomètres dimanche
Guidés par la confiance: deux hommes face au défi des cimes

Thomas Boone et Théo Mathys s'apprêtent à affronter 26 kilomètres en montagne ce dimanche, eux qui relieront Loèche-les-Bains et Crans-Montana en montant jusqu'à 2233 mètres d'altitude. Avec un obstacle supplémentaire: Théo est malvoyant.
Publié: 14.09.2024 à 14:19 heures
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Dernière mise à jour: 14.09.2024 à 14:24 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Ce dimanche, dès 9h30 à Loèche-les-Bains, Thomas Boone se placera à la droite de Théo Mathys, comme d'habitude. Les deux hommes seront reliés par le poignet et s'en iront vers une drôle d'aventure, celle de parcourir 26 kilomètres dans un décor de rêve, avec 1200 mètres de dénivelé positif, pour rejoindre Crans-Montana après être montés jusqu'à 2233 mètres d'altitude, sur le plateau de l'alpage de Varen. Les deux Valaisans le savent déjà: quoi qu'il arrive, ils termineront la course dans le même temps pour une bonne raison. En plus d'être son physio, Thomas est le guide de Théo.

Thomas, les yeux de Théo

Les deux hommes ne sont pas amis, ne partent pas en vacances ensemble, mais ils sont liés par quelque chose d'encore plus fort, eux qui s'entraînent deux à trois fois par semaine ensemble et sont désormais habitués à ressentir de très près les sensations de l'autre. Reliés physiquement pendant la course, ils le sont aussi par la voix et certainement par l'esprit. Thomas est les yeux de Théo, il lui indique les dangers, lui dit, par des mots-clés, ce qui attend les deux hommes à très court terme sur les sentiers, ce qui ne va pas sans mal parfois.

Le trail Windstrubel by UMTB, ce week-end

La troisième édition du Wildstrubel by UTMB s’annonce d’ores et déjà prometteuse avec plus de 5400 inscrits de 78 nationalités différentes, dont 1486 suisses et 1372 femmes, sur les cinq formats proposés du 12 au 15 septembre. Organisé entre le canton du Valais et le canton de Berne, ce trail est un moment fort de la fin de l'été. Les coureurs traverseront cinq destinations touristiques iconiques, mais surtout, des paysages exceptionnels, sauvages et préservés, des cols alpins symboliques et des alpages pittoresques et parfaitement entretenus.

Une nouveauté cette année : la Wild 10, une course de 10 km avec 500 m de dénivelé positif au départ d'Aminona, accessible dès 10 ans et gratuite pour les moins de 16 ans. De plus, certains participants soutiendront deux associations grâce aux dossards solidaires choisis lors de leur inscription.

https://wildstrubel.utmb.world/fr

La troisième édition du Wildstrubel by UTMB s’annonce d’ores et déjà prometteuse avec plus de 5400 inscrits de 78 nationalités différentes, dont 1486 suisses et 1372 femmes, sur les cinq formats proposés du 12 au 15 septembre. Organisé entre le canton du Valais et le canton de Berne, ce trail est un moment fort de la fin de l'été. Les coureurs traverseront cinq destinations touristiques iconiques, mais surtout, des paysages exceptionnels, sauvages et préservés, des cols alpins symboliques et des alpages pittoresques et parfaitement entretenus.

Une nouveauté cette année : la Wild 10, une course de 10 km avec 500 m de dénivelé positif au départ d'Aminona, accessible dès 10 ans et gratuite pour les moins de 16 ans. De plus, certains participants soutiendront deux associations grâce aux dossards solidaires choisis lors de leur inscription.

https://wildstrubel.utmb.world/fr

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Le défi est immense, prenant, émouvant même, et riche en émotions. Théo Mathys, 23 ans, ne s'en cache pas, il cherche le challenge et veut repousser ses limites. Le trail lui offre ce sentiment bien réel, concret.

Photo: DR

«Sa maladie ne doit pas le limiter»

Atteint d’une adrénoleucodystrophie, ainsi que de la maladie d’Addison depuis sa naissance, le jeune Valaisan a choisi de se battre. «Et notre message pour Théo a toujours été le même: sa maladie ne doit pas le limiter», confirme sa maman Clémence. Théo fait du ski de piste, il adore ça et n'y renonce pas, même si sa maladie a affecté son système nerveux central, ce qui a fortement diminué sa vision ainsi que son sens de l’orientation. Suite à une greffe de moelle osseuse reçue de son frère William, sa situation s’est cependant stabilisée. Et son goût pour la course à pied s'est révélé grâce à Thomas Boone.

Photo: DR

«Un jour, voilà six ans, Théo et Clémence sont venus à mon cabinet de physio. Tout de suite, nous avons parlé de l'importance de pratiquer du sport, ce qui est indispensable pour la santé de tout le monde, et particulièrement de Théo. Le sport est un régulateur d'humeur et fait du bien au physique», explique celui qui, petit à petit, est devenu le guide de Théo. «J'ai toujours aimé la course, le trail. On a commencé par aller courir une fois par semaine, puis nous nous sommes inscrits à des courses populaires en Valais. On a même fait de la piste, dans des stades, mais ce n'était pas ce qu'on recherchait», explique Thomas Boone.

«Chaque pierre est un danger potentiel»

Théo a en effet envie de sensations fortes et de repousser ses limites. Direction la montagne, donc! «Mais évidemment, c'est plus risqué. On doit bien communiquer. Chaque pierre est un danger, on peut glisser, il faut vraiment avoir l'oeil sur tout.» Théo ne craint-il pas le danger? «Non. J'ai confiance.» Une donnée essentielle dans la relation entre les deux hommes.

Sierre-Zinal en moins de cinq heures

Parmi les accomplissements récents, si le marathon de Stockholm et ses 42 kilomètres est à relever, d'autant que Théo est le seul à avoir accompli l'entier de la distance (Thomas et d'autres accompagnateurs se sont relayés pour l'accompagner), le point fort est incontestablement Sierre-Zinal en 2023. «C'est le mythe. C'est une course historique, très populaire. On a mis 4h58. Entendre tous ces gens nous accompagner, sentir tout ce soutien, c'est indescriptible. C'est mon meilleur souvenir et ma plus grande fierté», s'enthousiasme Théo.

La technique et la communication sont primordiales.
Photo: DR

Si les deux hommes courent côte à côte lorsque le terrain le permet, l'étroitesse des sentiers force souvent Thomas à prendre les devants. «On a tout essayé. On a tenté d'être reliés par un bâton, mais ça n'allait pas bien. On a aussi fait un test où j'étais derrière lui et je lui mettais la main sur l'épaule, mais ce n'était pas idéal non plus. Au final, on a pris la décision suivante: je vais devant, il me tient les mains et je lui décris ce qui nous attend. Mais on doit penser à tout, notamment dans les bisses, où un pas mal assuré peut être problématique. Certains passages sont vraiment pénibles pour nous. Et surtout, on doit être extrêmement bien coordonnés, notre jambe interne doit avancer en même temps, nos bras aussi, sinon nous serons désordonnés et ce serait encore plus pénible au niveau physique», explique le «physio-guide», qui assure trouver lui aussi son épanouissement dans cette relation.

Un vrai travail d'équipe en famille

«J'avoue que parfois je me suis posé la question de savoir pourquoi on s'infligeait ça», rigole-t-il à moitié. «Des fois, on est en difficulté sur un parcours et je me dis que c'est trop. Je me suis déjà demandé si ce n'était pas moi qui poussait Théo vers quelque chose qu'il ne voulait pas faire, mais ces pensées ont été vite balayées. Théo est demandeur. Et quand on voit et entend les encouragements des gens, on retrouve la motivation». Bertrand et Clémence, les deux parents, sont eux aussi à fond et ont un rôle bien particulier pendant la course, mais aussi avant et après. Il faut gérer le marketing, le sponsoring, la logistique, les transports, mais aussi tout le soutien moral et humain. «On est une équipe», explique Clémence, reconnaissante envers les partenaires qui soutiennent ce qu'il faut bien appeler une aventure.

Les deux hommes ont-ils une ambition de temps et de classement ce dimanche entre Loèche-les-Bains et Crans-Montana? Ou le but est-il «juste» de finir? La réponse vient de Théo: «Le premier objectif, c'est de terminer, bien sûr. Et comme c'est la première fois qu'on fait cette course, on ne sait pas trop quel temps on veut faire. Mais on veut faire mieux que lors des repérages, c'est sûr!» Afin d'arriver à Crans-Montana le plus vite possible et d'aller s'offrir un peu de bon temps au Mayen, le restaurant partenaire de la famille. 

«On se réjouit d'y être dimanche après-midi pour partager un bon repas et parler de la course. Ce sera notre récompense», complète Thomas Boone, impatient de prendre le départ. Et Théo, quel est son état d'esprit? «Un peu tout! Stressé, excité, impatient... J'ai envie d'être déjà dimanche matin!»


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