Chronique de David Lemos
Dans l'histoire, le nom de Ronaldo figurera après celui de Messi

En remportant la Coupe du monde dimanche dernier, Lionel Messi a parachevé son chef-d'œuvre. Pour notre chroniqueur David Lemos, cela fait désormais de lui le meilleur joueur du monde.
Publié: 23.12.2022 à 13:27 heures
David Lemos

J'aime vivre dangereusement. C'est pour cela que je me suis dit que j'allais ramener sur la table LE débat qui divise les fans de foot: Messi vs Ronaldo. Pour mieux le clore.

J'ai eu la chance d'assister à six des sept matches joués par l'Argentine au Qatar, et de commenter deux d'entre eux. Regarder jouer «la Pulga» (la Puce) en vrai, c'est d'abord partager une expérience sensorielle avec 90'000 inconnus. Comme Sacha Guitry aurait pu le dire, le silence qui précède une prise de balle de Messi, c'est déjà du Messi. C'est une respiration brièvement retenue, puis une rumeur qui s'empare du stade, parfois conclue par une explosion de joie teintée d'incrédulité. Revoyez le but du 3-0 qu'il offre à Alvarez contre la Croatie. Tout y est.

Il y a aussi ce que l'on peut observer si l'on ne regarde que lui pendant quelques minutes: voir Messi se déplacer à petits pas dans le périmètre qu'il s'est choisi, quitte à s'éloigner de ce que nous et ses adversaires supposons être «l'action», puis réaliser qu'il est en réalité sur le point de lui donner naissance. Un espace repéré, une course, une passe reçue et c'est comme une nouvelle vie qui commence pour le ballon.

Avec l'Argentine, Lionel Messi a décroché le trophée le plus prestigieux, dimanche à Doha.
Photo: DUKAS

Enfin, il y a ce qui est quantifiable: sa capacité à être décisif, jamais aussi importante qu'au Qatar. Avec sept buts et trois passes décisives, Messi a été impliqué directement dans deux tiers des buts de l'Argentine. Cinq fois, il a inscrit le 1-0. La confirmation par les chiffres de ce que nos yeux ont vu: cette Coupe du Monde a été, à 35 ans, son chef-d'œuvre.

Échec et mat

On peut à la fois clamer avec sincérité son bonheur d'avoir pu les admirer tous les deux depuis près de vingt ans, et admettre la réalité de la rivalité Messi-Ronaldo. Beaucoup d'entre nous avaient choisi un camp, ne serait-ce que pour le plaisir de débattre. Juste avant la Coupe du Monde, leur photo culte signée Annie Leibovitz l'avait rappelé: gagner ce trophée, c'était faire échec et mat. Il est le plus important de tous, celui qui a installé dans la légende Pelé et Maradona. Messi est avec eux désormais, à vous de choisir à quelle place. Une question de génération.

Pour ce qui est de l'actuelle en revanche, la cause est entendue. Il n'est plus raisonnable d'appeler d'autres chiffres à la rescousse. Cristiano Ronaldo a le record de buts en Champions League, en sélection, des trophées gagnés dans trois championnats majeurs, c'est certain. Cristiano Ronaldo est l'idole de centaines de millions de personnes à travers le monde, car il est l'incarnation du sportif ultime, ce n'est pas discutable. Mais dans l'histoire de ce sport, son nom figurera après celui de l'Argentin.

En ces temps où tout est sujet à débat, à opinions irréconciliables, à brouilles plus ou moins profondes entre proches, nous voici prêts, collectivement, à classer l'un d'entre eux. Si vous vous définissez comme pro-Ronaldo, prenez un moment pour vous, puis dites-le à haute voix: «C'est Messi le meilleur des deux.» Vous vous sentirez apaisé, vous pourrez lâcher prise. C'est ok.

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