«Lui non plus ne sait pas!»
Xherdan Shaqiri ose la comparaison avec Lionel Messi

Chez tout autre joueur au monde, tenter un parallèle avec Lionel Messi serait faire preuve d'arrogance. Mais pas chez Xherdan Shaqiri, dont le naturel et l'humilité sont désarmants. Il en a apporté une nouvelle preuve ce jeudi.
Publié: 13.06.2024 à 11:10 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Xherdan Shaqiri a osé! Le génial gaucher de l'équipe de Suisse s'est comparé à Lionel Messi. Normalement, cela revient comme un boomerang en pleine face de qui a l'audace de placer son nom dans la même phrase que celui de la star argentine. Antoine Griezmann est encore régulièrement moqué, lui qui avait lancé en 2018 qu'il pouvait «s'asseoir à la même table que Messi et Ronaldo».

Non pas que le Français ne soit pas une superstar, mais il est toujours délicat de se mettre ainsi en avant. C'est pourtant ce qu'a tenté de faire Xherdan Shaqiri, ce jeudi face aux médias. Mais son humilité et son sourire désarmants lui ont suffi pour réussir le délicat exercice.

Un instinct parfois génial

La question portait sur sa capacité à être décisif sur un geste, même lorsqu'il ne pèse pas forcément dans le jeu. À 32 ans, il n'a plus la capacité (qu'il n'a d'ailleurs jamais vraiment eue) à être constant sur la durée d'une rencontre, mais son instinct et la précision de son pied gauche apportent souvent la solution à une équipe de Suisse en cruel déficit de qualité dans les trente derniers mètres. Quel autre joueur que Xherdan Shaqiri peut offrir une passe décisive aussi magnifique que celle pour Zeki Amdouni en qualifications face à la Roumanie, à Lucerne (2-2)? Personne. Ou peut-être Steven Zuber, un peu. Mais «Shaq», lui, peut sortir un geste digne des plus grands, à tout moment. Et il est le seul à pouvoir le faire.

Xherdan Shaqiri est venu parler aux médias ce jeudi matin à Stuttgart.
Photo: TOTO MARTI

Alors, la question: comment fait-il? Est-ce que cet instinct peut se travailler? La réponse est non. Et c'est là qu'il a osé la comparaison ultime. «C'est comme pour Messi. Je crois que lui non plus ne sait pas comment il fait!» Si un autre que lui avait tenté le parallèle, il l'aurait regretté aussitôt. Mais «Shaq» le fait avec un tel naturel, et il a surtout tellement raison, à l'échelle suisse, que cette petite marque de confiance en lui lui est vite pardonnée.

Un «déclassement» qui fait mal?

De toute façon, si Xherdan Shaqiri avait été tenté de tomber dans le piège de l'arrogance ce jeudi, ce qui ne lui aurait pas ressemblé, il aurait été vite ramené à la raison par la trentaine de journalistes en face de lui. Venus de Suisse, d'Allemagne et de Hongrie, tous voulaient savoir si son «déclassement» avec la Nati ne lui pesait pas sur le moral, lui qui n'est plus un titulaire indiscutable.

Les mollets de «Shaq», toujours une valeur sûre pour le photographe.
Photo: TOTO MARTI

«Ce qui est pénible, c'est de devoir y répondre», a souri «XS», lequel a assuré qu'il se tenait à disposition du coach, quel que soit son statut, celui de titulaire ou de remplaçant. Alors que Murat Yakin a déclaré au sortir du match contre l'Autriche que son numéro 23 ne pouvait pas jouer deux matches entiers en quatre jours, comment le principal intéressé le prend-il? «Il a vraiment dit ça comme ça? Avec ces mots-là?», a répondu «Shaq». La réponse étant oui, il a redit qu'il se tenait à disposition et voilà tout. «L'entraîneur décide. Je parle avec lui, j'échange. Chaque joueur qui est là en Allemagne veut jouer 90 minutes par match.»

Il doit surveiller les plus jeunes!

Au fil des années, son statut dans l'équipe a également évolué. Rien de plus normal pour un homme qui s'apprête à disputer son... septième grand tournoi! «Bon, pour moi, ça n'a rien changé. Je suis toujours le même. Allez, peut-être que maintenant, je dois un peu plus surveiller les jeunes, afin qu'ils ne fassent pas de bêtises! Mais je ne joue aucun rôle! J'ai beaucoup de plaisir avec eux et je suis toujours là pour leur enlever un peu de pression. C'est normal en tant que joueur expérimenté.»

Tiens, d'ailleurs, combien de temps souhaite-t-il encore jouer à haut niveau? «Tant que j'ai du plaisir sur le terrain et que je vais bien, je ne me pose pas la question. Je vis au jour le jour. C'est dur pour moi de dire où je serai dans deux ans. Ce qui est clair: mon contrat avec Chicago se termine à la fin de l'année et la tendance est à un départ et à un retour en Europe. Mais nous verrons bien. Je reste tranquille à ce sujet. Je me sens bien et un retour en Europe serait aussi une bonne chose du point de vue du rythme pour l'équipe nationale.» Un journaliste taquin lui demande alors si Sion serait une option. «Shaq» sourit et trouve la parade: «Je suis Bâlois!»

Les fléchettes, sa nouvelle passion

En conférence de presse comme sur le terrain, Xherdan Shaqiri vise juste. Et il s'est découvert une nouvelle passion au Waldhotel, où séjourne l'équipe de Suisse durant cet Euro: les fléchettes! «Je suis pas mal, franchement! J'en ai mis plusieurs en plein milieu, je suis très précis!»

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