Je ne vais pas vous faire l'affront de vous présenter Barthélémy Constantin. La notoriété du gaillard de 28 ans, qui se fait appeler «Barth», traverse largement les frontières du pays du soleil. Pas seulement grâce à sa fonction de directeur sportif du FC Sion, qu'il occupe maintenant depuis plusieurs années. Mais surtout parce qu'il est le fils de Christian, célèbre et remuant président du club valaisan érigé au rang d'institution.
Alors que le grand patron a annoncé qu'il quitterait le foot professionnel en 2024 (sauf s'il parvient à concrétiser un projet de stade et de centre d’entraînement estimé à 150 millions de francs), comment se sent celui qui lui doit son poste? Est-il inquiet au moment d'envisager l'avenir? Devra-t-il forcément «tuer le père» pour parvenir complètement à faire sa place? Continuera-t-il, quoi qu'il arrive au FC Sion, à bosser sur le terrain du ballon rond? Interview où le tutoiement est de rigueur, tout comme le franc-parler.
La perspective que ton père lâche le FC Sion en 2024 t’effraie?
Non, pas du tout! Pourquoi ça m’effraierait?
Bah… Parce que c’est lui qui t’a nommé directeur sportif alors que tu avais à peine 20 ans et que tu débarquais un peu de nulle part. Tu feras quoi s’il s’en va?
Écoute, je vais déjà commencer par finir la mission qui est aujourd’hui la mienne. Ma priorité, c’est de bien faire jusqu’en juin 2024, tout donner pour le club. Après, c’est après. On verra.
Au moment de ta nomination, Christian disait sur lematin.ch que tu suscitais de l’envie parce que, à ton âge, la plupart des jeunes jouent au foot sur la PlayStation tandis que toi, tu vivais ce sport en vrai. Tu t’apprêtes à rallumer ta console?
(Rires) Ma console n’a jamais été éteinte puisque j’adore jouer à la PlayStation sur mon temps libre. Et puis, comme je viens de te le dire, je vais déjà faire ce que j’ai à faire avant de penser à la suite.
Mais si on prend un peu de hauteur, tu te vois, quoi qu’il arrive au FC Sion, continuer dans le football?
Avoir de l’ambition, faire carrière et être un jour dans un grand club international, c’est dans ma nature et c’est quelque chose dont j’ai envie. Ça a toujours été dans ma tête. Mais, je te le répète: aujourd’hui, il n’y a que le FC Sion qui compte. On parlera en temps voulu de mon avenir. Qu’il se dessine en Valais ou ailleurs.
Tu t'imaginerais faire totalement autre chose? Entre tes 15 et 18 ans, tu t’es cherché professionnellement et as commencé plusieurs apprentissages sans les terminer. Tu pourrais envisager de reprendre des études dans un autre domaine?
J’ai toujours aimé le foot et pensé foot. D’ailleurs, la seule chose qui m’occupe au moment où on se parle, c’est de bien faire à Servette ce dimanche. Malgré notre départ qui n’était pas bon hier (ndlr: dimanche 22 janvier, pour la première de Fabio Celestini comme entraîneur du FC Sion, les Valaisans se sont inclinés 2-3 à domicile contre Lugano), nos objectifs sont toujours les mêmes: viser la Coupe. Ça va être long, ça va être dur. On va devoir batailler avec le cœur, l’estomac et l’envie. Mais on est prêt: on va tout donner pour le club.
Si on repense à la possibilité que ton papa arrête en 2024, est-ce que, au final, ça ne serait pas une bonne chose pour toi? Depuis ta nomination en 2015, tu dois tout le temps te justifier d’être «le fils de». C’est peut-être une bonne opportunité pour «tuer» le père et casser ton image de parvenu, non?
Tu sais, c’est quelque chose qui peut faire causer à l’extérieur, mais je n’ai pas besoin de me justifier. Les gens peuvent penser que je suis pistonné, je m’en bats totalement les couilles. S’ils veulent se mêler de ma vie, très bien. Mais je m’en fous, de leur avis. Je suis sincèrement heureux de travailler avec mon papa, c’est tout ce qui compte à mes yeux.
Ça va même plus loin: tu es fier d’être le fils de ton père, non?
Mais évidemment! Je suis même plus que fier! Mon rêve ultime, ce n’est pas de faire mieux que mon papa: c’est gagner avec mon papa. Je profite tous les jours de pouvoir travailler et passer des moments privilégiés avec lui. J’adore aller chaque matin au bureau et le voir. Tu sais, pour moi, travailler en famille, c’est une chance. Que ça soit avec mon père ou avec ma mère, qui bosse aussi là en période de gala. Je suis très heureux d’être avec eux. Et je n’oublie pas que, dans la vie, toutes les histoires ont un début et une fin. Je profite donc de ce genre de moments tant que je le peux.
En parlant de lien parents-enfant, ton job principal de directeur sportif, aujourd’hui, c’est «baby-sitter» la star italienne Mario Balotelli?
Pff, Antoine… (Rires) Avec Mario, ça se passe très bien. On a une excellente relation. On a tout de suite accroché. On a tissé un bon lien et on avance comme ça.
Mais c’est pas trop dur de le gérer au quotidien? On sait qu’il peut parfois être un peu… imprévisible.
C’est un mec extraordinaire! Moi, je le connais. Entre l’image que les médias lui donnent et celui qu’il est réellement, il y a un monde.
C’est quoi le truc le plus fou qu’il t’ait déjà demandé?
Il n’a pas de demande folle ou extravagante. La belle histoire date d’avant sa signature chez nous, mais illustre bien nos liens. Mario était allé avec sa fille à Europapark, puis l’avait ramenée chez sa mère à Crans-Montana. Il y avait oublié son passeport, que nous lui avons ensuite rapporté en Italie.
Tu penses que Mario va aller au bout de son contrat avec le FC Sion?
Pourquoi il n’irait pas au bout de son contrat?
Je ne sais pas, je te demande! C’est impossible qu’il parte avant juin 2024?
Il se sent bien ici, il est très bien ici. Je pense qu’il va aller au bout. Après, c’est clair que s’il met les goals dont on a besoin, c’est pas exclu qu’on se fasse agresser par des grands clubs. Mario Balotelli, c’est un nom dans le football. C’est un joueur qui suscite toujours beaucoup d’intérêt.
Allez, après cette question, je te laisse retourner bosser. Sincèrement, l’annonce de ton père sur son potentiel départ, c’est juste une manœuvre pour appuyer son projet de stade et de centre d’entraînement à 150 millions de francs, non? Il ne compte pas vraiment partir?
Je le crois sincère quand il dit qu'il veut arrêter. Au bout d’un moment, quand t’as près de 30 ans de présidence, la réalité du quotidien est tellement exigeante qu’elle en devient usante. Moi, j’ai le côté cool: le sport et les transferts, je n’ai pas à me plaindre. Mais mon père doit gérer tous les autres aspects, comme la partie sponsoring et politique. Il doit aussi régler tous les problèmes, y compris les petits. Que ça soit avec un jardinier, un employé de bureau ou un joueur, ça ne s’arrête jamais. Et il ne faut pas oublier l’aspect financier: il doit gagner de l’argent à côté pour l’injecter en permanence dans le club. Tu vois le tableau? Quand t’es président, tu dois assumer. Et c’est énorme!
Tu réalisais l’ampleur de cette charge de travail, avant de toi-même travailler au sein du club?
Non, c’est le jour et la nuit. De l’extérieur, c’est impossible. Je vais même te dire: avant, il m’arrivait de m’embrouiller avec mon père concernant certaines décisions que je pouvais remettre en question. Mais la réalité, c'est que je ne me rendais pas compte, je ne comprenais rien du tout. Voilà la vérité!
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
|---|---|---|---|---|---|
1 |  FC Lugano | 6 | 4 | 13 | |
2 |  Servette FC | 6 | -3 | 12 | |
3 |  FC Zurich | 5 | 6 | 11 | |
4 |  FC Lucerne | 6 | 4 | 11 | |
5 |  FC Bâle | 6 | 9 | 10 | |
6 |  FC St-Gall | 5 | 5 | 10 | |
7 |  FC Sion | 6 | 4 | 10 | |
8 |  Yverdon Sport FC | 6 | -4 | 5 | |
9 |  Grasshopper Club Zurich | 6 | -4 | 4 | |
10 |  FC Lausanne-Sport | 6 | -7 | 4 | |
11 |  FC Winterthour | 6 | -7 | 4 | |
12 |  Young Boys | 6 | -7 | 3 |