Il a enfin reçu sa chance
Ali Kabacalman, symbole de ce nouveau FC Sion qui respecte le football

Jamais dans sa carrière, Ali Kabacalman n'avait disputé un match de Super League jusqu'à ce mois de juillet. Le FC Sion lui en a offert la possibilité et cette réussite commune symbolise bien la nouvelle philosophie du club valaisan.
Publié: 30.07.2024 à 12:21 heures
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Dernière mise à jour: 30.07.2024 à 12:42 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Trois fois dans sa carrière, Ali Kabacalman a soulevé le trophée de champion de Challenge League. En 2016 avec le Lausanne-Sport, à 20 ans. En 2023 avec Yverdon Sport. Et en 2024 avec le FC Sion. Son nombre de matches dans l'élite jusqu'à la semaine dernière? Zéro.

L'une des plus grandes injustices du football suisse est désormais réparée et l'élégant milieu de terrain vaudois de 28 ans a mérité de découvrir la Super League plus que personne dans ce pays. Pour en arriver là, à gagner au Wankdorf et à battre le LS 4-0 à Tourbillon, il a dû accepter la frustration, s'en aller batailler en 1re ligue (Azzurri, Monthey), en Promotion League (Yverdon) et en Challenge League (Rapperswil, Chiasso) sans jamais rien lâcher, sans jamais crier à l'injustice, en continuant à travailler en silence, convaincu que son heure viendrait.

Plus doué techniquement que bien d'autres, plus fort dans la vision du jeu, Ali Kabacalman a toujours souffert de l'étiquette de «joueur à une vitesse», soi-disant trop lent et pas assez explosif pour faire la différence et s'imposer en Super League. Peut-être que ce sera le cas, d'ailleurs, et que cette marche sera trop haute pour lui, mais encore fallait-il avoir une chance de le savoir et d'avoir la réponse.

A 28 ans, Ali Kabacalman peut enfin découvrir la Super League.
Photo: Urs Lindt/freshfocus

Un deal gagnant-gagnant

Et cette chance, c'est le FC Sion qui lui l'offre aujourd'hui, en ayant tenu sa parole. Barthélémy Constantin l'a affirmé plusieurs fois la saison dernière: Ali Kabacalman venait aider le FC Sion à monter, vu qu'il venait de le faire avec Yverdon, et, en contrepartie, le club valaisan s'engageait à lui faire découvrir l'élite. Mais en football plus qu'ailleurs, les promesses d'un jour ne sont jamais les vérités du lendemain. Et il peut y avoir tellement de paramètres, internes et externes, au cours d'un mercato qu'il est facile de revenir sur ses mots. En un mot comme un cent: il aurait été facile de trouver mille excuses pour lui claquer la porte de la Super League au nez et engager dans la foulée une vieille gloire de 36 ans avec 450 matches au compteur à ce niveau pour jouer à sa place.

Mais le FC Sion nouveau, et le mérite en revient grandement à Didier Tholot et à ses valeurs de travail et d'humilité sur lesquelles il ne transigera jamais, est un club qui respecte le football. Et la parole donnée.

Photo: Pascal Muller/freshfocus

Alors, Ali Kabacalman a eu sa chance, et en a même profité pour marquer son premier but en Super League, face à son club formateur qui plus est. Il a exprimé sa joie, sincère, sans un geste de revanche, sans aucune parole déplacée, avec simplicité, fidèle à lui-même.

Deux matches qui n'offrent aucune garantie

Cela ne veut pas dire que le Vaudois sera un joueur majeur de Super League, ni même un titulaire indiscutable au FC Sion. Ces deux matches réussis ne lui offrent aucune garantie, et il va devoir cravacher chaque semaine pour prouver à Didier Tholot qu'il mérite d'être sur le terrain, mais au moins, il a eu sa chance, dans un contexte sain et avec une concurrence non biaisée par des considérations extrasportives. Il n'a pas à côté de lui un joueur au salaire extravagant qui doit jouer à tout prix, sous prétexte qu'il a disputé quatre matches au FC Barcelone neuf ans auparavant, ou qu'il a été international suisse mais doit être sur le terrain malgré un genou cagneux. 

Ce FC Sion fait plaisir à son public parce qu'il gagne, parce qu'il respecte ses joueurs et parce que ceux-ci se dépouillent sur le terrain en retour. La recette du bonheur est aussi simple que ça. Et l'un des plus beaux symboles de cette philosophie est donc Ali Kabacalman.

«Quand tu ne prends pas les gens pour des cons...»

Didier Tholot, en conférence de presse après le succès face à Lausanne, a d'ailleurs lâché une phrase lourde de sens pour qui se donne la peine de l'écouter attentivement. «Quand tu ne prends pas les gens pour des cons, que tu mets des valeurs en place et qu'elles sont respectées, le groupe progresse», a dit, très calmement, l'entraîneur du FC Sion, en réponse à une question concernant le visage différent montré par plusieurs joueurs qui étaient là lorsque le club valaisan a été relégué en Challenge League et qui ont semblé transfigurés pour le retour en Super League. Tout est dit.

Et le message est clair: ce groupe a sans doute besoin d'un peu de renfort, mais les recrues doivent absolument s'insérer dans cette philosophie. Aussi forts soient les nouveaux arrivants, s'ils ne sont pas adaptés, le FC Sion nouveau redeviendra vite l'ancien FC Sion, celui que personne ne veut revoir.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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