Il a surpris Peter Zeidler
Le coup tactique gagnant de Marco Schällibaum

En décidant de jouer avec trois défenseurs centraux, l'entraîneur d'Yverdon Sport a été l'un des grands artisans du succès de son équipe face à Saint-Gall. Son choix de changer de gardien était encore plus surprenant.
Publié: 02.10.2023 à 16:47 heures
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Dernière mise à jour: 02.10.2023 à 16:59 heures
Tim Guillemin

Et si Marco Schällibaum était le meilleur entraîneur de Super League en ce début de saison? Déjà loué pour sa capacité à créer rapidement un groupe en faisant cohabiter dix-sept joueurs venus de tous les continents ou presque, l'entraîneur d'YS a su, de plus, proposer une adaptation tactique payante à ses joueurs dimanche.

Marco Schällibaum a en effet changé une équipe qui gagne, ce qui représentait tout de même un certain risque. «Je voulais faire une surprise», a souri l'entraîneur d'YS après la victoire face à Saint-Gall dimanche dans un Stade municipal à l'ambiance encore une fois fort sympathique. 

Alors qu'Yverdon Sport jouait constamment à quatre défenseurs depuis le début de saison, son entraîneur a ainsi décidé de titulariser Christian Marques (20 ans) en défense centrale, avec Dario Del Fabro et Mohamed Tijani à côté de lui. Trois centraux, accompagnés des deux latéraux William Le Pogam et Anthony Sauthier, voilà qui a surpris tout le monde, à commencer par Peter Zeidler.

Marco Schällibaum avait réservé une surprise à ses défenseurs, ici Dario Del Fabro. Un choix payant.
Photo: keystone-sda.ch

Christian Marques, très solide défenseur de 20 ans venu de Wolverhampton

«En première mi-temps, Saint-Gall ne savait pas comment jouer», s'est réjoui Marco Schällibaum, très content de son coup. A-t-il décidé de changer de tactique défensive pour s'adapter à son adversaire, justement, ou parce qu'il sentait bien son équipe ainsi? Un peu des deux.

«Certains joueurs méritaient de débuter», a-t-il ainsi expliqué, en faisant référence à Christian Marques, très costaud stoppeur arrivé de Wolverhampton et auteur d'une partie convaincante à droite de la défense à trois. Solide dans les airs, dur au duel, l'ancien junior de GC a fait forte impression et devrait rapidement recevoir une nouvelle chance de prouver sa valeur. 

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«En première mi-temps, Saint-Gall ne savait pas comment jouer»
Marco Schällibaum, entraîneur d'Yverdon Sport
»

«On n'a pas eu beaucoup de temps après le match de jeudi à Stade-Lausanne, mais je voulais tout de même mettre en place ce système et je suis très satisfait de la manière dont les joueurs se le sont appropriés. Ils ont compris le message au niveau tactique et ils ont été très disciplinés», s'est félicité le coach, épaté par la «volonté de gagner» et la «faim» démontrées par son équipe.

Boris Cespedes a dû s'asseoir sur le banc cette fois

Ce système à trois centraux a mécaniquement fait un malheureux dans le onze de départ et, pour cette fois, c'est Boris Cespedes qui a été prié de s'asseoir sur le banc alors qu'il avait été épatant le dimanche précédent face à Bâle. Marco Schällibaum a privilégié Igor Liziero et Haithem Loucif pour affronter Saint-Gall et là aussi, les faits lui ont donné raison tant le Brésilien que l'Algérien ayant rayonné à mi-terrain.

Seul bémol, la prestation relativement décevante de Christopher Lungoyi en soutien des deux attaquants. Le système en 3-4-1-2 a en effet eu comme conséquence de recentrer l'ailier, qui s'est montré bien moins percutant et inspiré que lors des dernières sorties d'YS et Marco Schällibaum s'est ainsi privé des qualités de son attaquant dans la profondeur. Rien de grave, mais une confirmation: Lungoyi est un joueur éblouissant lorsqu'il peut faire mal à son latéral, lui qui a une capacité d'élimination rare en Super League, mais il est moins à l'aise dans l'axe. 

Sebastian Breza titulaire, une décision surprenante vue de l'extérieur

Encore plus surprenante a été la décision de laisser Kevin Martin sur le banc. Le gardien vaudois a effectué un très bon début de saison et sa doublure Sebastian Breza n'avait jusqu'ici été alignée qu'en Coupe de Suisse. Le blanchissage effectué par le portier italo-canadien tendrait à donner raison à Marco Schällibaum, mais la vérité du terrain est que l'habituel numéro 2 s'est montré bien fébrile au pied, alors que le Vaudois est lui très performant dans ce domaine.

Sebastien Breza, gardien italo-canadien d'Yverdon Sport, a réussi un blanchissage dimanche face à Saint-Gall.
Photo: Claudio de Capitani/freshfocus

D'où une question légitime vue de l'extérieur: l'entraîneur d'YS a-t-il voulu donner sa chance à un gardien amené par les investisseurs américains au détriment de la logique sportive? «Ce n'est pas une décision contre Kevin. Simplement, nous avons eu trois matches en une semaine et j'ai estimé que c'était le moment de donner quelque chose à Sebastian, qui s'entraîne bien. Il a mérité sa chance et il a été bon ce dimanche», répond Marco Schällibaum, loin de toute polémique éventuelle. Les prochains matches diront si Kevin Martin retrouve sa place, en toute logique, ou si Sebastian Breza est amené à enchaîner les titularisations, lui qui n'a plus la Coupe de Suisse pour s'illustrer éventuellement.

Reste une question, majeure: jusqu'où peut aller Yverdon Sport? Après avoir battu Servette, Lausanne, Bâle et Saint-Gall, William Le Pogam et ses coéquipiers sont installés dans le top 6 et commencent, peut-être, à se dire qu'il y a un coup à jouer pour y rester jusqu'à la 33e journée et la scission du championnat en deux... Un scénario qui semble encore aujourd'hui improbable, mais que personne n'exclut plus ouvertement. 

Anthony Sauthier ne veut pas s'enflammer

«Il ne faut pas s'enflammer et surtout ne pas se voir trop beaux. Ce qu'on fait, c'est bien, mais si on se prend pour des autres tout peut aller très vite dans l'autre sens. Le but c'est le maintien. Et si un jouer on est maintenus, on pensera éventuellement à mieux», prévient cependant Anthony Sauthier, prudent.

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«Il ne faut pas s'enflammer et surtout ne pas se voir trop beaux. Ce qu'on fait, c'est bien, mais si on se prend pour des autres tout peut aller très vite dans l'autre sens.»
Anthony Sauthier, latéral d'Yverdon Sport
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Son entraîneur approuve. «En football, il faut toujours confirmer les bonnes choses, rien n'est acquis. On avait fait un bon match contre Bâle et on recevait une équipe de Saint-Gall très agressive sur le plan offensif. On a réussi à les battre, mais le match le plus dur, c'est toujours le prochain», prévient Marco Schällibaum. Le prochain, justement: la réception de Grasshopper samedi au Stade municipal. Le premier match de la saison lors duquel YS sera favori, sans doute. Le changement de statut sera-t-il simple à digérer? Réponse dès 18h.


Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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